Diplomatie - Nouvelles mises en garde contre l’escalade Une offensive israélienne pourrait être déclenchée à tout moment

Les rumeurs alarmistes qui circulent sur les risques d’une escalade que provoquerait Israël au Liban enflent et se multiplient. Mardi dernier, des responsables avaient indiqué que, selon des informations parvenues au ministère des Affaires étrangères, l’État hébreu projetterait de déclencher, en novembre prochain, une série de raids aériens prenant pour cibles « Certains groupes » présents sur le territoire libanais.
Selon ces responsables, qui avaient requis l’anonymat, ces informations avaient été communiquées au palais Bustros par des représentants de certaines grandes puissances.
Hier, des sources diplomatiques étrangères sont revenues à la charge, confirmant l’existence de ces risques et mettant en garde contre tout prétexte qui serait fourni à l’État hébreu pour déclencher une vaste offensive au Liban.
Ces sources, citées par notre correspondant au ministère des Affaires étrangères, Khalil Fleyhane, fondent leurs analyses sur la recrudescence ces jours derniers des violations de l’espace aérien libanais par l’aviation israélienne ainsi que sur des informations en provenance de Washington, de New York, de Paris et d’autres capitales concernées par la situation dans la région.
Ces diplomates indiquent que les informations dont ils disposent doivent encore être complétées, mais soulignent qu’en tout état de cause, la situation est dangereuse et l’escalade pourrait se produire à n’importe quel moment.
Du côté libanais, des responsables, également cités par Khalil Fleyhane, estiment que les appels du représentant personnel du secrétaire général des Nations unies au Liban-Sud, Staffan de Mistura, contre la poursuite des violations aériennes israéliennes, ne sont pas entendus par l’État hébreu.
M. de Mistura avait averti à plusieurs reprises que la multiplication des survols ainsi que les tirs de DCA du Hezbollah contre les appareils israéliens sont de nature à mener à une escalade militaire.
Car, s’interroge-t-on de mêmes sources, comment peut-on s’attendre à ce qu’Israël, qui est resté près d’un quart de siècle au Liban-Sud sans se soucier de la résolution 425 du Conseil de sécurité – qui lui enjoignait de se retirer du territoire libanais – soit aujourd’hui plus attentif aux déclarations de M. de Mistura ?
Le représentant de Kofi Annan ne fait que son devoir, poursuivent les mêmes responsables, mais le problème, c’est qu’Israël s’emploie à discréditer ses prises de position, notamment en affirmant, comme il l’a fait auprès de responsables de l’Onu au Liban-Sud, que la raison de la multiplication des survols réside dans la volonté de faire pression sur le gouvernement libanais pour l’amener à déployer l’armée le long de la frontière libano-israélienne.
Le plus grave, ajoute-t-on de mêmes sources, c’est que les informations qui font état d’une offensive israélienne contre le Liban au titre de la lutte contre le terrorisme vont bien au-delà de la simple transgression de la ligne bleue, tracée en 2000 par l’Onu pour servir de frontière entre les deux pays. En d’autres termes, on ne sait pas si l’escalade, si elle se produisait, se limiterait au Liban-Sud ou bien si elle atteindrait d’autres régions du pays.
Ces responsables, pour qui il est clair que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, cherche actuellement à « étendre le cercle de la violence afin qu’il englobe le Liban en plus de la Palestine », espère que les États-Unis l’empêcheront d’attaquer au Liban, en Syrie ou dans tout autre pays car cela signerait l’arrêt de mort définitif de la « feuille de route » et rendrait impossible toute relance des négociations israélo-arabes.
Réalistes, ces sources observent cependant que les Arabes sont loin d’avoir l’oreille de Washington.