Eddé : « Ce n’est pas moi qu’on a élu, mais le projet du patriarche »

Le nouveau président de la Ligue maronite, Michel Eddé, a donné un aperçu de son programme d’action à l’occasion d’une visite qu’il a rendue hier au président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam.
Le président de la Ligue maronite, qui entamera ses activités lundi, a jeté un éclairage particulier sur l’esprit dans lequel il compte remplir sa mission.
Et pour commencer, a-t-il dit en substance, ce n’est pas vraiment moi qu’on a élu dimanche dernier, mais le projet du patriarche maronite, que nous devons mettre en œuvre. Le programme d’action de la Ligue maronite, pour la période transitoire qui s’est ouverte, est tout entier dans le message adressé à l’assemblée générale de la Ligue maronite, dimanche dernier, par le patriarche Sfeir, a dit M. Eddé.
Les grands points de ce projet se résument comme suit : faire évoluer la Ligue maronite à l’image de toutes les autres institutions maronites ; renforcer les relations entre la Ligue et le patriarcat maronite par le biais d’un lien organique ; accorder à l’émigration une plus grande importance et l’organiser ; passer du bénévolat au plein emploi et à la spécialisation ; créer un conseil de tutelle et trouver à la Ligue des sources stables de financement ; tenir la Ligue à l’écart des tiraillements politiques ; créer des commissions intermédiaires entre l’assemblée générale et le conseil exécutif.
À la fin de la période transitoire – et M. Eddé estime qu’elle couvrira la durée d’un mandat ordinaire, soit trois ans –, des élections seront organisées selon les nouveaux statuts qui auront été établis.

Une responsabilité commune
Répondant au président de l’Ordre des journalistes et aux membres de la presse présents, l’ancien ministre de la Culture a formulé le désir de voir les maronites « travailler dans le respect du droit à la différence, comme font les pays de tradition démocratique, sans ce climat de tension hérité de la guerre et dont les mentalités et le climat sont toujours imprégnés ». Insistant sur les séquelles des années de guerre, M. Eddé a considéré qu’il est dans l’intérêt des Libanais d’« apprendre à ne pas compter sur l’étranger ».
« Nous avons tous été mêlés à la guerre. Nous avons tous assumé une part de responsabilité dans ce qui s’est passé. Il est temps de revenir à un véritable climat démocratique, à la reconnaissance du droit à la différence, au respect et à l’acceptation de l’autre, plutôt que de vouloir le changer de force. Comme dit le Saint-Père, nous sommes un message au monde. Le patriarche voudrait que la Ligue remplisse ce rôle avec l’aide de tous, et notamment avec celle de la presse qui a continué à paraître en dépit des difficultés et des dangers, pour préserver les libertés publiques. » M. Eddé s’est engagé à faire prévaloir, dans son action, l’esprit du travail d’équipe. Et de revenir au thème de la guerre en affirmant que « nous nous sommes tous écartés des règles fondamentales, mais nous devons tous retrouver nos racines. Notre ennemi commun c’est l’extrémisme ». Le nouveau président de la Ligue maronite a également insisté sur la nécessité d’opérer la révision demandée par le patriarche dans une transparence totale. Tous les maronites sont invités à s’y associer. Bien plus, cela doit se faire sous les yeux de toutes les autres communautés chrétiennes et musulmanes, a-t-il souligné. Après avoir noté que l’État d’Israël est en crise et que près de 900 000 Israéliens l’ont quitté, l’ancien ministre a invité les Libanais à se pencher sur leurs propres affaires. « Ne perdons pas notre temps dans des spéculations sur la présidence, a-t-il dit. Appliquons la Constitution sans faire preuve d’entêtement. Certes, des difficultés existent, mais c’est là l’essence du régime démocratique. Nous ne pouvons être d’accord sur tout. Notre salut réside dans la convivialité entre tous les Libanais.