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Palais Bustros - Israël doit cesser de téléguider la politique américaine, selon le chef de la diplomatie Le ministère des AE n’était pas au courant de la tournée des diplomates US au Sud, affirme Obeid

Le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid a réagi hier à l’affaire de l’interception du convoi américain au Liban-Sud par le Hezbollah la semaine dernière, estimant que le président de la République, le ministère des Affaires étrangères et les services de sécurité concernés « ont fourni les explications nécessaires aux personnes concernées », en l’occurrence l’ambassade des États-Unis.
S’expliquant sur l’incident au cours d’une conférence de presse au palais Bustros, dans le cadre de laquelle il a évoqué les résultats du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui s’est tenu à Putrajaya (Malaisie), M. Obeid a indiqué : « Vous savez que l’incident s’est déroulé en mon absence. J’ai réalisé que le ministère des Affaires étrangères, qui doit en principe être au courant de tels mouvements, n’en a pas été informé avant que l’incident ne se produise. En mon absence, le ministre par intérim et les services concernés ont notifié les personnes concernées, au niveau des services également. Ils ont délimité les contours de la question et ont mis au clair les circonstances dans lesquelles l’incident s’était produit. »
« Par ailleurs, en ce qui concerne la circulation, beaucoup d’ambassadeurs circulent sur l’ensemble du territoire libanais en toute liberté. Il n’y a pas lieu de dire que le Liban tente d’entraver la liberté de circulation de tel ou tel ambassadeur. Mais dans cette région délicate, toute action doit se dérouler en coordination avec les autorités libanaises pour éviter qu’un incident inutile et imprévu ne se produise. »

Les résultats de l’OCI
Concernant par ailleurs les résultats du sommet de l’OCI, M. Obeid a affirmé : « Le communiqué final du sommet exprime la réalité de la situation, mais il n’exprime pas les aspirations de plusieurs au sein du monde islamique, qui s’attendaient à autre chose qu’une réunion des chefs d’État d’un ensemble géographique humain, économique et politique aussi important ». Il a plaidé en faveur « d’un mécanisme de suivi qui ne se limiterait pas à des conférences et des communiqués ». « Il convient, a-t-il souligné, de mettre en place un mécanisme qui permettrait aux pays de l’OCI, lesquels représentent une population d’environ un milliard de personnes et un énorme potentiel, notamment au niveau des équilibres de force, de prendre des mesures et des engagements » et de tenir des réunions régulières et exceptionnelles hors des conférences.
Évoquant ensuite les positions exprimées à Putrajaya, M. Obeid a mis en exergue le discours du Premier ministre malais Mahathir Mohammed, celui du président syrien Bachar el-Assad et celui du président russe Vladimir Poutine.
« La campagne initiée par la majorité des pays de l’OCI contre les agressions israéliennes a révélé amplement le climat qui a prévalu. Essentiellement, cela veut dire que les politiques occidentales, et la politique américaine en particulier, doivent tenir compte des conseils prodigués par les pays de l’OCI, qui sont à 95 % des amis des États-Unis et qui font de la surenchère entre eux au niveau de leur loyalisme » à Washington. « Avec cela, ils ont élevé la voix pour dénoncer les pratiques israéliennes, notamment en ce qui concerne les violations des principes sacrés en Cisjordanie, au Liban et au Golan : droit au retour des Palestiniens, politiques de meurtre ciblés, colonialisme, occupation et édification des murs, en dépit des conseils prodigués par certains pays occidentaux, dont les États-Unis eux-mêmes », a-t-il poursuivi.
« Israël ne respecte pas la légalité internationale et poursuit son occupation des territoires arabes. Couverte et quasiment légitimée par certaines grandes puissances, la politique israélienne cherche à transformer l’ordinaire en provocation et vice versa, à suggérer que c’est la résistance qui a conduit à l’occupation, et pas le contraire (...). À la place de certains responsables occidentaux, surtout aux États-Unis, nous aurions écouté attentivement ce que nos alliés nous disent comme un simili-avertissement de ce qui se produit dans les consciences arabes », a ajouté le chef de la diplomatie. « Les amis des États-Unis sont gênés vis-à-vis de leur peuple en raison des politiques qui sont adoptées. Au lieu qu’Israël ne suive la politique américaine en fonction des principes définis par George Washington, Abraham Lincoln et Woodrow Wilson, il existe une volonté israélienne de mettre la politique américaine sous la tutelle de Sharon ou de Shamir. L’écart est immense entre les hommes exceptionnels qui ont façonné les États-Unis et leurs principes, et les politiques qui tentent aujourd’hui d’aligner la politique américaine sur Israël », a-t-il souligné.

Le discours de Mahathir
Mohammed
Le ministre des Affaires étrangères a par ailleurs minimisé les propos tenus par le Premier ministre malais Mahathir Mohammed, tout en cherchant à se démarquer de ce discours : « Il a critiqué plusieurs politiques en cours dans le monde islamique et certaines politiques qui tentent de coller à l’islam l’étiquette de la violence et du sous-développement. Certains s’attendaient à une critique de la part des pays arabes et musulmans (à l’encontre des propos du responsable malais), mais pas des Israéliens. Critiquer les Israéliens ou la politique israélienne n’équivaut pas nécessairement à une volonté de jeter les juifs à la mer ou à une attaque antisémite à l’encontre d’Israël. Cela est clair et précis, même dans le discours de Mahathir Mohammed. Je l’ai écouté, et je ne veux pas défendre un homme qui peut assurer lui- même sa propre défense », a-t-il estimé.
« Critiquer la politique israélienne ne renvoie pas nécessairement à une critique de la politique américaine. De même, critiquer les États-Unis ne veut pas dire critiquer le peuple américain, avec qui nous avons des relations de parenté, par le biais des émigrés », a-t-il poursuivi, avant de fustiger à nouveau la volonté israélienne d’aligner la politique de Washington sur celle de Tel-Aviv. « Au lieu de sanctionner Israël, on cherche à sanctionner la Syrie, le Liban ou la résistance palestinienne qui cherche à se défendre », a-t-il ajouté.

Les relations
libano-syriennes
En réponse à une question sur les menaces quotidiennes lancées par le Premier ministre israélien Ariel Sharon contre la Syrie, M. Obeid a estimé qu’Israël cherchait à exporter le conflit en dehors de son territoire, par le biais de crises construites de toutes pièces.
Il a par ailleurs dénoncé la volonté israélienne d’édifier un mur symbolique entre l’Occident, les États-Unis et la chrétienté d’une part, et le monde arabo-islamique dans son ensemble de l’autre, appelant Washington à refuser d’endosser la responsabilité de la construction d’un tel mur et à sanctionner l’État hébreu.
Concernant enfin le Syria Accountability and Lebanon Sovereignty Restoration Act (SALSA), M. Obeid a rappelé que les relations libano-syriennes « sont régies par le pouvoir libanais à travers ses institutions », et qu’elles ne nécessitent pas l’intervention d’une partie étrangère parce que, a-t-il conclu, les rapports entre le Liban et la Syrie sont plus étroits que les relations entre Damas et Washington.
Par ailleurs, M. Obeid a reçu un télégramme du Vatican le remerciant pour le cadeau que le diplomate avait offert au pape lors de l’audience que lui avait accordée le souverain pontife le 3 octobre dernier: un Évangile manuscrit du XVIe siècle en langue arabe.
Il a enfin reçu l’ambassadeur saoudien Fouad Sadel Mufti, dont la mission au Liban touche à sa fin. M. Obeid lui a décerné le titre d’officier du Grand Cordon du Cèdre, au nom du président de la République, le général Émile Lahoud.
Le ministre des Affaires étrangères Jean Obeid a réagi hier à l’affaire de l’interception du convoi américain au Liban-Sud par le Hezbollah la semaine dernière, estimant que le président de la République, le ministère des Affaires étrangères et les services de sécurité concernés « ont fourni les explications nécessaires aux personnes concernées », en...