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ART - Retour sur la vente aux enchères organisée par Épreuve d’artiste et Armand Arcache Amal Traboulsi : Même les collectionneurs se transforment en investisseurs(PHOTOS)

À rencontrer Amal Traboulsi et Armand Arcache, les deux organisateurs de la vente aux enchères de Saïfi axée autour de la peinture, la sculpture et la photographie arabes, il apparaît clairement que l’optimisme est loin d’être au rendez-vous. «La situation est alarmante, constate Amal Traboulsi. Et la morosité de cette vente, à tous les points de vue, n’est qu’une résultante de la dépression économique.»

Après le succès de la même vente, organisée l’année dernière par les mêmes intéressés, celle-ci, semble-t-il, révèle un nouveau pas dans l’effondrement du marché et dans le désintéressement du public pour l’art local et régional: «On entend toujours dire que l’artiste libanais est cher, s’insurge Amal Traboulsi. Mais on oublie combien la vie est chère.»

Belles toiles négligées
La hausse impressionnante du coût de la vie a directement touché les collectionneurs, ou du moins ce qu’il en reste: «Avec un salaire honorable, certains de mes clients pouvaient s’offrir jusqu’à deux toiles par mois, poursuit la propriétaire d’Épreuve d’artiste. Aujourd’hui, les mêmes ont besoin d’argent. Ces collectionneurs des années 60, les vrais, ceux qui ne discutaient qu’à peine le prix d’un tableau, ceux-là n’existent plus.»
Autre grand motif d’inquiétude: selon les intéressés, la plupart des toiles exposées figuraient parmi les plus belles d’une des nombreuses collections privées. «Même celles-là n’ont intéressé presque personne, commente Amal Traboulsi. Il n’y a plus vraiment de collectionneurs, il y a maintenant des investisseurs, qui veulent acheter une œuvre au quart de son prix.»

Triste déballage
Globalement, la moitié des lots ont été vendus dès le premier jour. Artistes classiques comme jeunes recrues ont eu du succès à part égale, même si, encore une fois et malgré tous leurs efforts, Amal Traboulsi et Armand Arcache ne sont pas arrivés à attirer une nouvelle clientèle, jeune et avec un pouvoir d’achat propre à s’intéresser à l’art: «En gros, ont assisté à la vente les professionnels, les amateurs d’art qui n’achetaient pas et les vendeurs, poursuit l’organisatrice. Face à tant de d’obstacles, que peut faire un artiste? Quand il n’y a plus de mode pour entraîner le marché dans une direction; quand les galeries n’ont plus les moyens de “monter” un peintre; quand il n’y a aucune aide du ministère de la Culture et qu’enfin la crise économique est ce qu’elle est?» Autant d’interrogations qui pourraient trouver leurs réponses auprès du grand absent: l’État libanais.
Face à ce grand et triste déballage sur la place publique de collections naguère prestigieuses, approvisionnées avec amour par leurs propriétaires, l’art local et régional est à un tournant décisif. À supposer que les pièces maîtresses des années 1960 à 2000 soient passées dans des mains différentes, à supposer que, unique réelle bonne nouvelle conséquente à la vente, les jeunes artistes arabes soient appréciés de leurs acheteurs contemporains, une question reste en suspens: un troisième événement de cette envergure peut-il être sérieusement envisagé? «Pourquoi prendre le risque de faire définitivement plonger le monde pictural libanais? se défend Valérie Arcache, fille d’Armand Arcache. Il vaudrait mieux continuer, envers et contre tout, tout en sensibilisant mieux et plus les sponsors éventuels et les grands collectionneurs. Leur aide et leur présence à ce genre de vente peuvent être capitales.»

Diala GEMAYEL
À rencontrer Amal Traboulsi et Armand Arcache, les deux organisateurs de la vente aux enchères de Saïfi axée autour de la peinture, la sculpture et la photographie arabes, il apparaît clairement que l’optimisme est loin d’être au rendez-vous. «La situation est alarmante, constate Amal Traboulsi. Et la morosité de cette vente, à tous les points de vue, n’est qu’une...