Rechercher
Rechercher

Actualités

SociÉté - Ateliers de travail sur la violence et les accidents de la route Colloque à l’USJ sur la citoyenneté et la prévention des traumatismes

L’importance des stratégies nationales et le rôle des citoyens dans la prévention des traumatismes ont fait l’objet d’un congrès inauguré hier au campus des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph (USJ) et qui se poursuivra aujourd’hui et demain. Les débats prennent surtout la forme d’ateliers de travail, portant sur les sujets de violence, de traumatismes accidentels, de suicide, d’accidents de la route... Des recommandations seront définies à la fin du congrès.

Le colloque, organisé par le Réseau francophone international de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité (REFIPS), dont c’est le cinquième congrès, et par le Centre universitaire de santé familiale et communautaire (CUSFC) de l’USJ, est placé sous le patronage du président du Conseil des ministres, Rafic Hariri, représenté à la séance inaugurale par Ghazi Aridi, ministre de la Culture. Des spécialistes venus de Syrie, de Jordanie, de Tunisie, de Belgique, du Canada, de France, de Suisse et du Liban participent aux ateliers de travail.
Un des moments forts de la séance d’ouverture a été le témoignage d’un enfant de neuf ans, Jad, qui, ainsi que son frère, a été amputé d’une jambe lors d’un accident de la route dû à l’absence d’un panneau de signalisation de travaux routiers, le 18 août 2002. Les deux frères et leur famille ont été victimes d’un second accident grave, une collision de leur voiture avec un camion-citerne dont les freins avaient lâché, juste un an plus tard, le 23 août 2003, sans que des blessures en aient résulté, heureusement.
Le jeune Jad, qui était auparavant un sportif, a beaucoup insisté sur les rêves brisés, sur la non-pénalisation des responsables de la tragédie, sur la difficulté de continuer à vivre dans un tel contexte, mais aussi sur l’espoir qui ne meurt pas, malgré tout. Un exemple éloquent d’une vie brisée à la suite d’un accident aussi tragique qu’inutile, ce qu’un intervenant canadien appellera plus tard « la violence routière ». À ce propos, le Dr Bernard Gerbaka, membre du conseil municipal de Beyrouth, a suggéré la création d’un « observatoire multidisciplinaire des traumatismes de l’enfance, qui aurait une triple mission : instaurer une base de données sur le nombre, la sévérité et les types de traumatismes, créer une équipe d’experts pour l’étude et l’évaluation du problème et développer un réseau de professionnels et de membres de la société civile pour la mise en place de programmes d’action ».
« Quand j’ai été informé du thème de ce colloque qui se tient dans de telles circonstances internationales et régionales, je me suis posé la question suivante », a dit M. Aridi : « Sur le plan local, quelles mesures peut-on prendre pour prévenir les accidents de la route et les traumatismes, et lesquelles pourraient nous protéger des chocs quotidiens qui nous sont causés par les hommes politiques, surtout que les Libanais font continuellement face à des problèmes dont personne ne semble être responsable ? » a ironisé le ministre. « À un niveau international, comment éviter les guerres préventives que les grandes puissances déclarent contre certains pays et qui résultent en une négation des valeurs morales et en un affaiblissement de la communauté internationale ? Les conditions d’une bonne prévention tiennent à des facteurs culturels, pédagogiques et politiques. »
Le père René Chamussy, recteur de l’USJ, a traité des deux grands thèmes du colloque, celui de la prévention et de la sécurité, et celui de la citoyenneté. Ces thématiques, selon lui, « ne sont pas faciles. Elles peuvent cependant être éminemment profitables en une région où l’État, s’étant trop vite désisté de ses devoirs en la matière, a laissé aux organes de la société civile le soin de gérer de telles situations ». « Mais les miracles existent, a-t-il poursuivi, puisse votre souhait final d’encourager les partenariats entre les secteurs publics et privés en ce domaine devenir réalité. »
Le conseil municipal de Beyrouth, qui était l’un des partenaires du colloque, était représenté hier par Rachid Jalkh, l’un de ses membres, remplaçant Abdel Menhem Ariss, son président. M. Jalkh a fait remarquer qu’on pouvait prêter au thème du colloque deux aspects : le droit du citoyen à une protection contre les accidents assurée par l’État et l’obligation qui lui est imposée de respecter les consignes et les directives.
Pour sa part, Hyam Kahi, directrice du CUSFC, a considéré que « nous sommes appelés à analyser nos pratiques et expériences à la lumière d’une citoyenneté à faire renaître (...), à prendre conscience des risques que nous encourons et à nous en prémunir, dans un monde où la sécurité est perpétuellement menacée en raison notamment de la rapidité des changements sociaux non accompagnés des régulations adéquates ».
Martine Bantuelle, présidente du REFIPS, a brossé un bref historique du réseau, dont la création remonte à 1994. Les congrès se sont alors succédé, le cinquième étant le colloque qui a lieu actuellement au Liban. Enfin, le Dr Gerbaka, qui est également le correspondant du réseau au Liban, a insisté sur le fait que « les accidents, violences et suicides sont des causes contrôlables de traumatismes graves ». « Certaines actions préventives sont efficaces par l’implication des familles, comme le contrôle des accidents domestiques », a-t-il poursuivi. « D’autres aspects ne peuvent être réalisés sans une action étatique (...). La mise en œuvre de ces stratégies nécessite des décisions politiques globales et ciblées, des stratégies compréhensives et inclusives, ainsi que des techniques consensuelles et claires. »
Le Dr Gerbaka a par ailleurs évoqué une contribution souhaitable des institutions internationales, du secteur académique et des ONG dans les programmes de prévention, ainsi que la nécessaire coordination des efforts entre les autorités publiques et les corps professionnels concernés, pour réduire les risques d’accidents et de traumatismes.
L’importance des stratégies nationales et le rôle des citoyens dans la prévention des traumatismes ont fait l’objet d’un congrès inauguré hier au campus des sciences médicales de l’Université Saint-Joseph (USJ) et qui se poursuivra aujourd’hui et demain. Les débats prennent surtout la forme d’ateliers de travail, portant sur les sujets de violence, de traumatismes...