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Vie politique - Séance déballage ce matin en Conseil des ministres avec un ordre du jour chargé La liste de Lahoud met à l’épreuve la patience de Hariri

Cette semaine, les ministres ne semblent pas avoir le temps de souffler. À peine terminées les deux journées au Parlement, où ils ont dû souvent essuyer de violentes critiques, ils doivent s’atteler ce matin à une séance du Conseil des ministres qui s’annonce studieuse. 78 points à l’ordre du jour, mais surtout des thèmes qui pourraient être conflictuels et où ils devront peut-être procéder à un vote. C’est surtout la liste des décisions prises par le Conseil des ministres qui n’ont pas encore été exécutées, préparée par le secrétaire général de la présidence du Conseil à la demande du président de la République, qui risque de susciter des remous, en plus de l’éternel feuilleton du cellulaire, qui n’en finit plus d’empoisonner la vie de l’Exécutif. Le chef de l’État ayant annoncé que tout doit être dit en Conseil des ministres, les débats risquent d’être longs. Même si la gravité de la situation régionale pourrait pousser les responsables à éviter un conflit ouvert.

Les Libanais n’ont pas eu encore le temps de l’oublier. La dernière séance du Conseil des ministres (il y a déjà deux semaines) avait failli mal se terminer, lorsque le président Émile Lahoud avait demandé la formation d’une commission chargée de veiller à l’application des décisions du Conseil. M. Rafic Hariri s’était alors contenté de réagir par un sourire, exprimant son désaccord et sa volonté de ne pas donner suite à cette demande. Le lendemain, les médias ont expliqué en long et en large que la formation de commissions ministérielles relève de la compétence du Premier ministre, selon la Constitution, et, dans ce contexte, M. Hariri n’a nullement l’intention de s’exécuter. Les observateurs ont aussitôt rappelé que la Constitution donne justement au ministre le pouvoir de garder éternellement un dossier dans ses tiroirs, alors que le chef de l’État est contraint de rendre les décrets qui lui sont soumis dans un délai de 15 jours. Cette question avait d’ailleurs provoqué les vives protestations de l’ancien président, M. Élias Hraoui, et certaines parties avaient vu dans cette disposition de la Constitution l’injustice faite au chef de l’État, dans l’accord de Taëf.

85 décisions
non appliquées au cours
des dernières années
Le président Émile Lahoud n’a pas l’habitude de baisser les bras. La Constitution ne lui permet pas de demander la formation d’une commission chargée de voir où en sont les décisions du Conseil des ministres, qu’à cela ne tienne ! Il a quand même le droit de demander en pleine séance ministérielle des précisions sur tel ou tel dossier. Il a donc préparé toute une liste de sujets qu’il compte soulever au cours de la séance d’aujourd’hui. Il évoquera ainsi la rupture du contrat avec Sukleen, qui avait suscité, au cours d’une précédente réunion du Conseil, les protestations du ministre de l’Intérieur. M. Élias Murr avait accusé le CDR de traîner dans le règlement du dossier du ramassage des ordures, allant même jusqu’à réclamer le limogeage du président du CDR si les délais ne sont pas respectés. D’autres décisions seront aussi abordées, notamment le décret sur l’organigramme du CDR et la question de l’aménagement du centre-ville et du travail de Solidere...
Selon des sources bien informées, il y en aurait ainsi 85, dont 55 prises par l’actuel gouvernement. Le chiffre est impressionnant et le chef de l’État est décidé à poursuivre chaque dossier jusqu’au bout. En tout cas, à savoir où réside le bloquage. Car, selon les mêmes sources, le président Lahoud a l’impression que, dans certains cas, il y a une volonté de perdre du temps, pour vider les décisions du Conseil des ministres de leur contenu. Il souhaite donc éviter que cette impression se confirme. L’initiative risque de ne pas plaire à M. Hariri, même si certains observateurs estiment qu’il profitera de ce point pour rappeler que le Conseil des ministres avait déjà pris une décision en faveur de la construction d’un palais des congrès, projet auquel s’opposent vivement le chef de l’État, mais aussi le leader du PSP et d’autres parties politiques.

Des signaux positifs
des deux côtés
Toutefois, malgré la tension persistante entre les différents pôles du pouvoir, beaucoup pensent que le « clash » n’aura pas lieu, Lahoud et Hariri étant conscients du fait que la gravité de la situation au Sud et dans la région ne permet pas des bouleversements majeurs sur le plan interne. De plus, les autorités syriennes auraient été très claires sur ce sujet, selon ceux qui ont suivi la dernière visite du président du Conseil à Damas, la semaine dernière, lorsque celui-ci a laissé entendre à la presse qu’il n’était pas question qu’il présente sa démission.
D’ailleurs, au cours des derniers jours, le chef de l’État n’a cessé de répéter à ses visiteurs qu’il n’existe aucun conflit personnel entre le président du Conseil et lui, et qu’il souhaite que tous les thèmes soient évoqués ouvertement en séance ministérielle. « Il n’y aura pas d’accords sous la table. Tout est à découvert », aurait-il précisé. Selon lui, les points de vue divergents sur de nombreuses questions intéressant les citoyens doivent faire l’objet de débats au sein du Conseil des ministres et ce sont les institutions étatiques qui permettront de trancher en faveur d’une thèse ou d’une autre. Toutes les questions doivent donc être débattues ouvertement et non faire l’objet d’arrangements secrets, comme cela se passait auparavant, avec d’autres responsables.
Si le chef de l’État a donc exprimé sa volonté de coopération, le président du Conseil a lui aussi lancé des signaux positifs, ses proches affirmant qu’il respectera le plafond imposé actuellement et que les divergences ne dépasseront pas les lignes rouges prévues. Reste que le général Émile Lahoud ne souhaite pas que la dernière année de son mandat soit une période de gestion des affaires courantes, comme ce fut généralement le cas pour ses prédecesseurs et comme le souhaiteraient ses détracteurs. À ses yeux, affirment ses proches, la dernière année de son mandat devrait être aussi productive que les autres, sinon plus, car la situation économique actuelle nécessite des efforts décuplés. Il n’est donc pas question, pour lui, de se croiser les bras et d’attendre la fin du mandat. Même si cela ne signifie nullement qu’il souhaite une prorogation de celui-ci. Il le dit et le répète chaque jour, s’il veut lutter contre la corruption et initier une vaste opération de réforme, ce n’est pas pour briguer une rallonge de son mandat, mais parce que l’intérêt des citoyens l’exige. Il rejette donc totalement les manœuvres de ceux qui ne veulent plus rien entreprendre sous prétexte que cela n’en vaut plus la peine, puisque, dans un an, les rapports de forces pourraient changer.
Ce thème pourrait d’ailleurs être évoqué au cours de la séance du Conseil des ministres, par le biais du projet de loi sur le budget, préparé par le ministre des Finances et qui est considéré comme un projet minimal, de gestion des affaires courantes, alors que la situation nécessite une démarche exceptionnelle. De toute façon, le Conseil des ministres consacrera une séance extraordinaire à l’examen de cette loi, le 21 octobre, et s’il le faut, le 22 et le 23 pourront aussi être consacrés à l’examen du projet de loi sur le budget.
En attendant, une partie de la séance d’aujourd’hui sera certainement réservée à la situation régionale et à la tension à la frontière sud. Là, au moins, il n’y a aucun risque de conflit, ni de divergences. Le dossier israélo-arabe est encore le seul thème qui fait l’unanimité au Conseil des ministres...

Scarlett HADDAD
Cette semaine, les ministres ne semblent pas avoir le temps de souffler. À peine terminées les deux journées au Parlement, où ils ont dû souvent essuyer de violentes critiques, ils doivent s’atteler ce matin à une séance du Conseil des ministres qui s’annonce studieuse. 78 points à l’ordre du jour, mais surtout des thèmes qui pourraient être conflictuels et où ils...