« Dans les circonstances difficiles, le patriarche a toujours pris des positions qui vont beaucoup plus loin qu’un simple raisonnement ponctuel ou conjoncturel », a déclaré M. Frangié à l’issue d’un entretien avec Mgr Sfeir. « C’est des années plus tard que l’on peut en saisir toute la signification, comme cela s’est passé à l’époque de l’accord de Taëf », a-t-il dit.
Pour M. Frangié, les positions du patriarche suscitent parfois des réactions instantanées, « mais par la suite, on constate que c’est lui qui avait raison ».
« Aujourd’hui, certains peuvent donner des explications rapides de ses vues, mais l’histoire finira par en démontrer la justesse, la sagesse et la portée », a-t-il ajouté.
Interrogé sur ses critiques à l’égard du déroulement des séances du Conseil des ministres, M. Frangié a estimé que le problème « n’est pas chez les ministres ou dans les gouvernements, il est chez les trois présidents » et a déploré à nouveau l’inexistence d’un statut intérieur du Conseil des ministres. Selon lui, la question se pose lorsque chaque ministre relève de tel ou tel (dirigeant). Le résultat est que les divergences (entre les dirigeants) se répercutent sur l’ensemble du Conseil des ministres.
S’agissant de la position de l’État au sujet de l’envoi de l’armée à la frontière libano-israélienne et du redéploiement des troupes syriennes, exigences qui ont été à nouveau formulées par la communauté internationale, le ministre a indiqué ne pas disposer d’informations sur d’éventuels accords à ce propos. Il a toutefois souligné que le Liban doit prendre des décisions qui soient conformes à sa lecture des événements dans la région.
« Je considère qu’à ce propos l’État libanais prend des initiatives sages et ne cède pas à la précipitation, comme d’autres », a noté M. Frangié, résumant ainsi la position du Liban : « Ni comme l’Irak, qui n’a absolument rien donné (aux États-Unis), ni comme certains États, qui ont tout donné. » Pour lui, « quand il faut donner, on donne, tout en sauvegardant les constantes auxquelles on est attaché ».
Au sujet du dialogue avec l’opposition, le ministre a estimé « normal qu’il y ait une opposition en attendant que celle-ci prenne la place des partisans du pouvoir ». « Mais à la condition que la stratégie et la vision d’avenir soient communes, car je ne peux dialoguer avec ceux qui ne reconnaissent pas l’État », a-t-il ajouté, plaçant le général Michel Aoun dans cette catégorie.
Quant au Rassemblement de Kornet Chehwane, M. Frangié a estimé que la majorité de ses membres a clarifié qu’ils étaient « non pas pour le changement du système, mais pour celui du gouvernement et de la ligne politique ». « C’est une conception que je comprends très bien », a-t-il dit.
Enfin, interrogé sur ses relations avec le président Lahoud, hors des questions « stratégiques », M. Frangié a indiqué que ses liens personnels et son amitié pour M. Lahoud étaient « irréguliers ». « Cependant, je le considère comme notre président, notre chef, et je le respecte comme président de la République », a-t-il conclu.
De son côté, le ministre de l’Information devait également trouver normal l’existence d’une opposition active dans le pays. « Il y a un dynamisme dans la vie politique libanaise et cela est bénéfique. L’opposition doit pouvoir exprimer ses vues, car, à travers le dialogue, les différentes parties peuvent parvenir à des dénominateurs communs », a estimé M. Samaha.
L’opposition est également bénéfique dans la mesure où, selon lui, elle permet de rectifier les erreurs que le gouvernement est susceptible de commettre.
Évoquant la rencontre entre le président Lahoud et Mgr Sfeir, M. Samaha a indiqué que ce dernier estime qu’elle était « positive et fructueuse » et qu’à cette occasion, « une série de sujets y ont été examinés en profondeur ».
Le ministre a en outre affirmé que les contacts entre Bkerké et Damas, qu’ils soient directs ou indirects, publics ou non, « n’ont à aucun moment cessé au cours de la période écoulée ».
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