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Droits de l’homme Addoum : Les accusations US portées contre la justice sont malintentionnées

C’est devenu une sorte de rituel : le rapport annuel du département d’État américain dresse un bilan négatif de la situation des droits de l’homme au Liban et le procureur général près la Cour de cassation répond par un contre-rapport, qui dément les accusations et rappelle que le Liban est une démocratie et que la Constitution protège les droits des citoyens. Mais cette année, la réponse de M. Adnane Addoum est encore plus virulente que d’habitude, affirmant que ceux qui rédigent le rapport américain sont malintentionnés et ne font pas de véritables investigations pour vérifier leurs dires.
En vingt pages dactylographiées, le procureur général reprend les accusations figurant dans le rapport américain et expose sa version des faits.
Évitant d’évoquer la situation des droits de l’homme aux États-Unis et le cas notamment de la prison de Guantanamo pour ne pas se lancer dans une polémique, le rapport libanais précise que le Liban est un pays démocratique qui a adhéré aux conventions internationales et à la Charte des Nations unies. De même, ses lois et sa Constitution interdisent la violation des droits de l’homme. Les poursuites et les perquisitions se font selon une procédure légale, alors que la police judiciaire, surpervisée par le parquet et les tribunaux, accomplissent leur mision en harmonie avec les lois en vigueur.
Dans son rapport, Addoum évoque trois grandes missions que se sont fixées les autorités judiciaires au cours de l’année 2002: la lutte contre le blanchiment d’argent, la lutte contre le terrorisme et la lutte contre la drogue.
Ces trois thèmes sont développés afin d’expliquer dans les détails ce qu’ont réussi à faire les autorités libanaises. Il est ainsi question de la condamnation par le Liban des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis et de sa coopération avec les instances internationales pour combattre le terrorisme, tout en considérant que la résistance est un droit sacré pour les peuples subissant une occupation.

Priorité à la lutte contre le terrorisme
Le rapport parle aussi des attentats contre les McDonald’s et autres restaurants à enseigne américaine, tout en insistant sur le démantèlement des réseaux qui les ont organisés et exécutés, alors que les auteurs ont été déférés devant les tribunaux compétents.
Au sujet du blanchiment d’argent, le rapport rappelle que le 20 avril 2001, le Parlement libanais a voté une loi spécifique pour la lutte contre le blanchiment d’argent et depuis, les autorités judiciaires s’emploient à l’appliquer. Elles ont déployé tant d’efforts qu’en juin 2002, la Gafi a décidé de rayer le nom du Liban de la liste des pays qui protègent l’argent sale.
Addoum développe ensuite les réalisations du Liban en matière de lutte contre la drogue, avant de revenir sur les infractions supposées qui figurent dans le rapport américain. Il reconnaît certes qu’en 2002, il y a eu plusieurs assassinats graves, dont celui de Bonnie Whiterall, à Saïda, de Ramzi Irani, de l’ancien ministre Élie Hobeika et du fils d’Ahmed Jibril. Mais cela ne signifie pas que les autorités n’accomplissent pas leur travail. Simplement, parfois, il est difficile de prévenir certains crimes ou de pouvoir en démasquer les coupables. Le rapport précise aussi qu’une commission a été formée pour enquêter sur le sort des personnes disparues pendant la guerre, mais il dément fermement l’existence de tortures dans les prisons libanaises.
Il rejette les accusations concernant les sévices qu’auraient subis les ex-miliciens de l’ALS qui se sont rendus aux autorités libanaises et dont le nombre s’élèverait à 3 000. Addoum affirme que chacun des ex-miliciens a un avocat qui veille sur ses intérêts et défend ses droits, et aucune plainte officielle n’a été enregistrée à ce sujet.
Le rapport rejette aussi les accusations portant sur des arrestations arbitraires ainsi que sur des exactions qui auraient été commises par les forces syriennes présentes au Liban ou même par le Hezbollah. Selon Addoum, de telles allégations sont dénuées de tout fondement et les forces syriennes qui sont présentes au Liban dans le cadre du traité de coopération et de fraternité ne sont pas au-dessus de la loi, alors que le Hezbollah ne s’occupe que de résistance contre Israël et ne viole nullement les droits des citoyens au Sud.
Le rapport aborde ensuite les procès qui se sont déroulés pendant l’année écoulée et qui se sont terminés par des jugements conformes, selon lui, aux dispositions de la loi. Enfin, la liberté d’expression est, toujours selon le rapport, préservée et les médias accomplissent leur travail sans la moindre entrave. Quant à l’affaire de la MTV, elle se résume à l’application des dispositions de l’article 68 de la loi électorale, qui autorise les mesures préventives afin d’éviter la répétition des infractions à l’avenir. Enfin, au sujet des prisons, le rapport du procureur reconnaît qu’il reste beaucoup à faire, notamment sur le plan de l’espace, mais il insiste sur les progrès accomplis et sur les programmes d’aide aux prisonniers, dans la mesure des moyens de l’État libanais.
C’est devenu une sorte de rituel : le rapport annuel du département d’État américain dresse un bilan négatif de la situation des droits de l’homme au Liban et le procureur général près la Cour de cassation répond par un contre-rapport, qui dément les accusations et rappelle que le Liban est une démocratie et que la Constitution protège les droits des citoyens. Mais...