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Demain, une séance-test pour les rapports au sein du pouvoir

Selon un observateur bien placé, c’est-à-dire un ministre, la séance hebdomadaire du Conseil des ministres, demain jeudi, va permettre de vérifier jusqu’où vont les bonnes intentions affichées lors de la rencontre samedi dernier à Baabda entre le président de la République et le chef du gouvernement. À la suite de cette entrevue de franches explications (on ne les compte du reste plus), les loyalistes des deux bords ont fait savoir urbi et orbi que l’on se dégage pour de bon des précédentes perturbations. Et que le climat de détente se fait idyllique au point que l’on va pouvoir sortir du frigo les sujets qui fâchent, pour les traiter et leur trouver, ensemble, des solutions raisonnables. La guerre froide qui gelait les dossiers serait donc terminée et l’État devrait sortir de sa paralysie pour se mettre au travail. Ainsi, le cellulaire devrait être au menu du Conseil, demain.
Il en irait de même pour la Sécurité sociale. À ce propos, des sources indiquent que le ministre du Travail et des Affaires sociales, Assaad Hardane, a confirmé au président Hariri qu’il reste attaché à la répartition confessionnelle des postes au sein de la Caisse. Dans ce cadre, un maronite continuerait à diriger la section technique qui ne resterait pas confiée par intérim à un sunnite comme ce fut le cas après la mise à la retraite du précédent titulaire. Hariri, quant à lui, demande un poste d’importance au sein de la Caisse pour sa communauté, qui avait tenté en vain par le passé d’obtenir la direction de cet organisme. Finalement, le Premier ministre consent à se rabattre sur le conseil d’administration dont il veut que le président, qui doit être incessamment élu, soit cette fois un sunnite. Les chiites vont continuer pour leur part à priver les maronites de la direction générale...
À partir de là, nombre de pôles ne cachent pas leur répulsion à l’égard de cette effervescence confessionnelle en matière d’administration, l’appartenance communautaire prenant le pas sur la compétence et les autres critères techniques. La politisation des services publics bat son plein, aux dépens bien entendu de l’intérêt bien compris du pays. Il est dès lors possible que certains ministres soulèvent des objections demain contre la mentalité adoptée et réclament que les nominations ne se fassent plus en base d’un partage politicien. Mais en se référant à l’avis technique autorisé des organismes de contrôle, le Conseil de la fonction publique en tête. Encore que cette instance soit critiquée par des ministres, pour s’être elle-même abandonnée à des dérives néfastes, en se laissant en somme contaminer par le virus politico-confessionnel. Ce qui donne parfois des plaisanteries d’un goût douteux : répondant à une municipalité qui lui demandait un policier, le Conseil lui a envoyé un professeur d’histoire-géo ! Ainsi un ministre, dont le département accuse un déficit en personnel de 40 %, déclare que jamais il n’aura recours au CFP, car ce dernier lui enverrait des gens puisés dans les excédents d’autres ministères et formés pour tout autre chose. Ce même ministre dénonce la mainmise des puissants sur les administrations. Il affirme à ce propos que la désignation d’un fonctionnaire appartenant à une communauté déterminée doit être impérativement agréée par le leader politique autoproclamé de cette frange.
Pour ce qui est du cellulaire, Jean-Louis Cardahi persiste et signe. Il exige que les enchères et l’adjudication se fassent dans les règles, en base des standards internationaux. Ce qui doit être précédé par le monitoring qui permet de vérifier les rentrées effectives du secteur. Or, le ministre des Télécoms s’est heurté à une vive résistance à ce sujet, comme si certains ne voulaient pas que l’on sache ce que le cellulaire peut vraiment rapporter au Trésor avant la privatisation. Il faudra voir si l’entente présidentielle retrouvée va permettre de régler cet interminable litige entre les dirigeants.
Mais il y a aussi un autre front, celui des conflits aigus entre plusieurs ministres ou hauts responsables. Sur la mécanique, par exemple, Élie Skaff s’oppose à Khalil Hraoui, tout comme Élias Murr à Élie Ferzli. Le parquet a été notifié par les uns ou les autres, et il doit être bien embarrassé. Maintenant rabibochés, les deux présidents pourraient inviter les intéressés à calmer le jeu.

Philippe ABI-AKL
Selon un observateur bien placé, c’est-à-dire un ministre, la séance hebdomadaire du Conseil des ministres, demain jeudi, va permettre de vérifier jusqu’où vont les bonnes intentions affichées lors de la rencontre samedi dernier à Baabda entre le président de la République et le chef du gouvernement. À la suite de cette entrevue de franches explications (on ne les compte...