Le concept de cette soirée est simple. Il s’agit de montrer chaque année dans tous les pays du monde près de 500 des meilleurs films publicitaires six heures durant. Trois entractes sont prévus. « La publicité française ne représente plus que 5 % du cocktail. Des films libanais et de la région du Moyen-Orient y seront projetés », explique M. Boursicot.
Cette nuit est devenue un rendez-vous annuel. Elle a fait le tour du monde : de Milan à Djakarta, en passant par Varsovie, Hong Kong, Berlin, Bagdad et 116 autres villes, dans quarante-sept pays.
« Cette édition 2003 est excellente, confie Jean-Marie Boursicot. Partout dans le monde, les agences ont fait du bon travail. Peut-être parce qu’elles ont bénéficié d’une plus grande marge de liberté dans la création. Car le problème que nous rencontrons se pose au niveau des annonceurs qui freinent la créativité des agences. Ces dernières ont toujours beaucoup d’idées, mais il faudrait trouver l’annonceur qui accepte le projet final. Et la nuit des publivores tend à montrer le vrai cinéma caché derrière le film publicitaire. La créativité en Europe s’est affaiblie, et je considère qu’elle est devenue l’apanage des pays du Sud-Est asiatique. Aucune censure n’est exercée sur les films, et les grands acteurs sont également de la partie. »
Forte de quelque 600 000 films, la cinémathèque de Jean-Marie Boursicot s’enrichit chaque année de près de 20 000 nouvelles pièces. « Je ne possède pas de fichiers électroniques. Tout est là », avoue-t-il en mettant le doigt sur la tempe. « Le problème de la cinémathèque, c’est que je n’ai pas d’héritier. Qui peut prendre la suite, alors qu’il s’agit d’un travail qui cause des soucis et qui rapporte seulement de quoi équilibrer les comptes ? dit-il. Je n’arrive pas à trouver quelqu’un qui pourrait prendre la relève. C’est pourquoi je ne vois pas l’intérêt de créer les fichiers. »
Comment la Nuit des publivores a-t-elle commencé ? « L’idée est venue toute seule dans la mesure où je collectionnais dès mon jeune âge les films publicitaires, qui constituaient en fait les seuls films qu’on donnait dans les cinémas du quartier, raconte-t-il. Quand j’ai fini mes études, j’ai rejoint l’équipe de Publicis, où je me suis rendu compte que personne ne conservait les films publicitaires. Aujourd’hui d’ailleurs, aucune agence au monde, aucun gouvernement, aucun producteur, aucun annonceur ne le fait. Et comme j’avais une petite collection, j’ai décidé d’en faire mon métier. Personne n’a cru en moi. J’ai essayé alors de me débrouiller tout seul. Mais pour alimenter cette cinémathèque, il a fallu trouver de l’argent. Pour ce faire, et pour faire partager ma passion pour le cinéma, j’ai projeté les films publicitaires que j’aimais. Ainsi est née la première Nuit des publivores, en 1981. Cette nuit s’est transformée par la suite en un rendez-vous annuel, qui garde le même esprit, dans le sens qu’aucun annonceur ou sponsor ne peut m’imposer de passer un film ou d’interdire un autre. » Si la fièvre des publivores vous prend, ne manquez pas le rendez-vous. Le plaisir est garanti.
Les billets sont disponibles chez Virgin Megastore.
Les plus commentés
Retour des Syriens : Assad s'impose dans le débat
Nasrallah : Israël n’a réalisé aucun de ses objectifs dans cette guerre
Crise migratoire : un faux dilemme pour le Liban