Rechercher
Rechercher

Actualités

La balle est maintenant dans le camp du Conseil des ministres

Que disent les banquiers après le pétard mouillé du budget Siniora ? Avec un haussement d’épaules résigné, ils répondent d’abord qu’ils s’y attendaient. Parce qu’il était devenu évident, depuis de longs mois, que les présidents n’allaient jamais pouvoir se rabibocher vraiment. Par conséquent, dans un climat aussi toxique, toute projection comptable ne pouvait être qu’empoisonnée. Et, dans ce contexte, le traitement Siniora semble offrir le mérite d’atténuer le virus. En évitant soigneusement les sujets qui fâchent, comme l’augmentation des impôts ou une compression effective des dépenses dites politiques. Mais cela, au prix d’une paralysie accrue. Dans la mesure où, constatent les banquiers tout en le regrettant, le politique marque fatalement l’économique (et le financier) de sa déplorable empreinte. Ce qui fait que Siniora prend expressément la responsabilité du budget entièrement sur lui et pour lui. Attitude assez habile, finalement : que peut-on reprocher à un texte qui est un pis-aller manifeste, quand la cause se situe au niveau des relations interprésidentielles ? Le ministre, en présentant sa mixture approximative, semble tancer les lahoudistes : « Voilà où nous mène votre blocage ! » Mais en même temps, assez courageusement, il a l’air de lancer à son propre chef de file, hostile (démago ?) à l’augmentation d’impôts : « Eh bien, si c’est comme cela, bien le bonjour à votre Paris III et au revoir le redressement... » Mais si Siniora, en se débinant de la sorte, pense échapper aux critiques, il se trompe lourdement. Contestataires antihaririens patentés, plusieurs ministres tirent à boulets rouges sur un budget qu’ils dénoncent comme une manœuvre politique déloyale. Pour les professionnels du monde économique, qui n’avance pas recule. Ils craignent dès lors que le budget 2004, tout à fait routinier et figé, n’entraîne des crampes au niveau de la dynamique économique, secteur bancaire compris. En effet, le document ne prévoit pas de chantiers de développement, les crédits étant principalement dévolus au paiement des salaires et des indemnités, suivant un barème ascensionnel qui présage d’un accroissement de la dette publique. Les ministres cités lui reprochent de démissionner de la sorte. Sans vouloir reconnaître la contribution générale, la leur comprise, à l’affaissement observé cette année même. On sait en effet que le déficit, donné dans les prévisions à 25 %, a allègrement crevé le plafond des 30 % dès le deuxième trimestre. En tout cas, la balle est maintenant dans le camp du Conseil des ministres. Il est tenu d’étudier le projet Siniora pour le transmettre à la Chambre durant la session d’octobre.
Philippe ABI-AKL
Que disent les banquiers après le pétard mouillé du budget Siniora ? Avec un haussement d’épaules résigné, ils répondent d’abord qu’ils s’y attendaient. Parce qu’il était devenu évident, depuis de longs mois, que les présidents n’allaient jamais pouvoir se rabibocher vraiment. Par conséquent, dans un climat aussi toxique, toute projection comptable ne pouvait...