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Un corset syrien pour consolider la trêve interprésidentielle

Selon un ministre influent, la situation économique et politique est trop critique pour que le pays puisse supporter davantage de tiraillements entre les présidents Lahoud et Hariri. Il est donc nécessaire que la Syrie, en tant que parrain, recherche les moyens à mettre en œuvre pour limiter les dégâts jusqu’à l’échéance présidentielle. Pour ce ministre, les possibilités de dégagement s’énumèrent comme suit :
– Formation d’un gouvernement dirigé par un autre que Hariri. Et s’accorderait facilement avec le chef de l’État. Ce qui permettrait de mettre la réforme souhaitée par le régime sur les rails. Le président Lahoud est favorable à une telle solution. Certains de ses proches lui répètent qu’un changement de cabinet ne constituerait pas une secousse préjudiciable à l’économie. Mais d’autres membres de son entourage lui remontrent le contraire. En ajoutant que la Syrie pourrait ne pas approuver un changement de gouvernement et préférerait le maintien de la trêve au sein du pouvoir. D’autant que le président Hariri accepte de se plier à la volonté de la majorité en Conseil des ministres, en se contentant, le cas échéant, d’émettre des réserves.
– L’imposition, par la Syrie, d’une « feuille de route », pour garantir la trêve jusqu’à la présidentielle. Ce programme prévoirait des mécanismes déterminés de fonctionnement du Conseil des ministres, en commençant par l’établissement de l’ordre du jour et en finissant par le vote. Afin d’éviter toute confrontation entre les présidents ainsi qu’entre leurs partisans respectifs. Il convient de signaler, à propos de la marche à suivre, que le vice-président du Conseil Issam Farès a élaboré, à l’intention de cette instance, un plan susceptible de corriger certaines failles. En ce qui concerne l’ordre du jour, le ministre cité pense que le président du Conseil est en droit de rédiger le programme comme il l’entend, en étant ensuite tenu d’en informer le chef de l’État. Qui, à ce moment, aurait le droit d’insérer des sujets, mais pas celui d’en rayer d’autres. Le président de la République peut cependant toujours demander, lors du Conseil, le report de toute question et la majorité déciderait alors. Tout comme elle doit le faire, par vote, pour tout projet conflictuel. Auquel cas, le président de la République, si la décision ne lui convient pas, garde le droit d’en réclamer une seconde lecture. Bien entendu, ajoute le ministre, les dirigeants peuvent toujours se mettre d’accord, en marge des textes, pour gommer tout sujet pouvant provoquer des frictions. Quant à l’exécution des résolutions, et à leur suivi, ils relèvent des prérogatives du président du Conseil (alinéa 7 de l’article 64 de la Constitution). Et ne nécessitent pas la mise en place de commissions ministérielles, sauf si le chef du gouvernement le juge utile. Bien entendu, en cas de retard, tout ministre peut en demander les raisons au président du Conseil.
S’il apparaît qu’il n’y a vraiment pas moyen de consolider la trêve entre les présidents, on pourrait décider d’anticiper de six mois l’élection présidentielle, normalement prévue en novembre 2004. Bien entendu, comme Frangié jadis, le chef de l’État compléterait son mandat. Mais le pays serait fixé et l’on en finirait dès lors avec les batailles politiques, les déchirements coûteux au sein du pouvoir. Car, autrement, l’escalade risquerait de provoquer une paralysie du Conseil des ministres et de l’État. Même si le Conseil devait continuer à se réunir, il est probable qu’il devrait se contenter d’expédier les affaires courantes. Ce qui peut être supportable pendant deux ou trois mois, mais pas pendant un an entier.

Émile KHOURY
Selon un ministre influent, la situation économique et politique est trop critique pour que le pays puisse supporter davantage de tiraillements entre les présidents Lahoud et Hariri. Il est donc nécessaire que la Syrie, en tant que parrain, recherche les moyens à mettre en œuvre pour limiter les dégâts jusqu’à l’échéance présidentielle. Pour ce ministre, les...