Pour Israël, comme Sharon l’explique aux Américains, il n’est pas possible de libérer les membres détenus du Hamas et du Jihad islamique avant que l’infrastructure guerrière de ces mouvements n’ait été démolie. Ce serait en effet relâcher dans la nature des éléments disposés à reprendre leurs actions dites terroristes. Sharon insiste sur le fait que ce point d’éradication du terrorisme est l’un des tout premiers de la « feuille de route ». Parallèlement, il justifie l’édification d’un rempart, qui est pour sa part contraire à la « feuille de route », par des nécessités sécuritaires. En soutenant qu’il ne s’agit nullement là d’une sorte de frontière.
La « feuille de route » prévoit une conférence internationale l’an prochain en vue d’une solution définitive l’année d’après. Un règlement englobant la création de l’État palestinien, le statut de Jérusalem, l’affaire des réfugiés, le cas des colonies d’implantation juives. Le document soutient par ailleurs les efforts en vue d’une paix régionale globale incluant la Syrie et le Liban. Mais les sources locales citées doutent que les étapes du programme soient réalisées dans les délais. Car les tractations, à leur avis, vont prendre beaucoup de temps, étant donné la largeur du fossé qui sépare Israéliens et Palestiniens. Étant donné également, ajoutent ces personnalités, que l’Administration Bush va bientôt dételer, pour entrer en campagne présidentielle.
En tout cas, le Liban officiel craint toujours que l’implantation des réfugiés palestiniens sur son territoire ne devienne un fait accompli irréversible. Surtout que le droit du retour semble mal engagé et que la création d’un État palestinien paraît toujours hypothétique. En effet, le Parlement israélien a promulgué une loi interdisant le retour des Palestiniens, pour qu’ils ne deviennent pas majoritaires au sein de l’État hébreu. Qui finirait par disparaître, surtout que l’interdiction de nouvelles colonisations réduirait le mouvement d’immigration des israélites du monde en Israël, mouvement déjà étique. Le débat est donc d’ores et déjà très vif entre Palestiniens et Israéliens sur le droit de retour. Les Israéliens font valoir que les biens ou les habitations des Palestiniens exilés ont disparu ou ont été vendus. Ils ajoutent que les déplacés ont seulement droit à une indemnisation, selon leur interprétation de la résolution 194. Ils précisent enfin qu’au cas où certains seraient autorisés à retourner, ils n’auraient pas la nationalité israélienne et n’auraient pas de droits civiques autres que ceux conférés aux résidents étrangers. Les Palestiniens répondent que le droit de retour est sacré, et consacré par la 194. À cette nuance près que cette résolution permet aux intéressés de faire un choix, soit retourner, soit rester là où ils sont. En gardant d’ailleurs le droit de retourner, quand ils le souhaitent, tout comme un israélite peut à tout moment de sa vie décider de s’installer en Israël.
Quoi qu’il en soit, le dossier du retour ne prend pas le pas, pour le moment, sur des questions plus urgentes, comme l’occupation israélienne d’une partie des territoires palestiniens ou la libération des prisonniers.
Émile KHOURY
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