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INCIDENT DE BTEGHRINE - Le principal pôle de l’opposition demande aux Libanais de se concerter et de réfléchir à un pouvoir de substitution Kornet Chehwane demande la révocation d’Élias Murr ou la démission du gouvernement Hariri

Il y a un point essentiel dans le communiqué publié hier par le Rassemblement de Kornet Chehwane : l’appel lancé aux Libanais – quelle que soit leur confession ou leur appartenance sociale. Un communiqué qui pourrait facilement être qualifié du plus virulent – enfin ! – parmi tous ceux qu’a engendrés, depuis sa formation, le principal pôle de l’opposition.
L’incident de Bteghrine au cours duquel ces derniers ont été empêchés, samedi dernier par les armes et la menace, de se rendre au déjeuner organisé par l’un des leurs, Gabriel Murr, a été, selon KC, l’archétype de ce qu’est depuis des années le comportement de l’ensemble du pouvoir en place. Lequel est devenu maître dans l’art d’élargir les fossés entre les Libanais, de les terroriser tantôt physiquement tantôt économiquement, de les accuser ensuite de provoquer les gouvernants, avant de les juger puis de les condamner « pour crime de liberté ». L’incident de Bteghrine – « dont les instigateurs, les commanditaires, les parrains et les exécutants sont connus de tous » – a également été le point d’orgue d’une dangereuse escalade qui, si elle se poursuit, mènera à la ruine totale.
Ainsi, les membres de KC appellent tous les Libanais à la solidarité, au travail en commun « si l’on veut sortir le pays de la crise » ; ils les appellent à se concerter et à débattre pour se mettre d’accord sur la nature et le fond du pouvoir de substitution dont la mise sur pied est carrément « indispensable », maintenant que les gens en place ont prouvé leur totale incapacité à gérer le pays. Ces Libanais, ces forces vives, ne constituent pas la seule opposition, rappelle KC, mais se trouvent également au sein de la société civile, comme chez certains loyalistes « capables de se remettre en cause ». Et c’est ce pouvoir de substitution qui sera, seul, apte et habilité à faire face aux échéances, « toutes les échéances ».

Des condamnations
« inacceptables »
Les membres de KC se sont réunis hier presque au grand complet et pendant quatre heures autour de l’évêque maronite d’Antélias, Mgr Youssef Béchara. Et se sont longuement arrêtés sur l’incident de Bteghrine, estimant qu’il a permis de révéler au grand jour les tentatives du pouvoir de masquer son échec (dans la gestion du pays), de l’occulter en terrorisant l’opposition et en créant de toutes pièces des troubles visant soi-disant la sécurité.
Les pôles de l’opposition ont également estimé que si cet incident venait à rester impuni, à l’instar des événements du 7 août 2001 et de tous ceux qui ont suivi, ou si les sanctions ne touchaient qu’une partie des exécutants, cela « confirmerait la complicité de tous les responsables », quels qu’ils soient. Sans compter que cela aiguiserait encore davantage l’appétit de ceux que tentent l’agression facile contre les citoyens ou la violation continue de la loi.
Ainsi, les membres de KC n’ont pas hésité à affirmer que les condamnations de l’incident de Bteghrine entendues ici et là dans la bouche des gens du pouvoir sont « inacceptables », parce qu’il eut été de leur devoir de prendre des mesures adéquates immédiates et de ne pas se contenter, justement, de condamner.
Ils ont mis le doigt sur la plaie en accusant le régime de tenter de noyer le poisson : les quelques mesures disciplinaires prises par le ministre de l’Intérieur ne visent qu’à taire les noms des vrais coupables ; idem pour l’absence de réaction du parquet concerné le jour même (l’après-midi du samedi), précise le communiqué. « Il faut lever l’immunité politique de ceux qui ont perpétré l’agression, comme de ceux qui s’imaginent pouvoir prélever des parcelles du pays ou quelques-unes de ses institutions pour les adjoindre à leurs biens privés ; il faut faire assumer au ministre de l’Intérieur la responsabilité de l’incident, à cause de son incapacité à assurer la sécurité ne serait-ce que dans son propre village ; il faut que le gouvernement démissionne s’il décide de se solidariser avec (le ministre Murr), ou alors que (ce dernier) soit révoqué », affirme-t-il sans ambages.

Scandales
Les membres de KC en ont ensuite profité pour rappeler le dysfonctionnement et la paralysie durables des institutions de l’État, et leurs répercussions sur la situation socio-économique. Pour preuve, ils ont rappelé les propos du Premier ministre place de l’Étoile, lorsqu’il avait avoué être incapable d’appliquer la loi. C’était lorsqu’il avait fait allusion à de grands projets économiques, dont le financement (à hauteur d’un milliard deux cents millions de dollars) est disponible, mais reste bloqué à cause de l’absence de toute décision politique. Ils ont évoqué ensuite la perte de toute notion de valeur, notamment après l’affaire de la banque al-Madina, l’absence de toute transparence dans la gestion par la Banque centrale de ce scandale « immense ». Ils ont également donné pour preuve les « autres » scandales : carrières, ordures ménagères, écoutes illégales, examens officiels, électricité, etc. Cela sans parler des incidents sécuritaires « d’un troisième type » : l’attentat contre la FutureTV, le caillassage de la voiture de Nabih Berry et de son convoi, l’agression contre l’épouse d’un ancien ambassadeur, le dynamitage de la voiture du directeur de la Cité sportive, les rixes armées entre Bourj Abi-Haïdar et Chatila en passant par Mar Élias, etc.
Enfin, les membres de KC ont dénoncé avec véhémence la démission du pouvoir, qui a décidé de ne plus assumer ses responsabilités en ce qui concerne la gestion des dossiers fondamentaux, liés à la souveraineté du Liban, à son avenir, à son rôle dans la région, en offrant la – toutes les décisions – au binôme syro-américain.
Il y a un point essentiel dans le communiqué publié hier par le Rassemblement de Kornet Chehwane : l’appel lancé aux Libanais – quelle que soit leur confession ou leur appartenance sociale. Un communiqué qui pourrait facilement être qualifié du plus virulent – enfin ! – parmi tous ceux qu’a engendrés, depuis sa formation, le principal pôle de...