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TOURISME INTERNE - Une réserve naturelle de 500 km2, des projets de développement, des attractions pour les touristes... Au cœur de la Montagne, le village de Maasser el-Chouf renoue avec la vie (photos)

Maasser el-Chouf, un cœur qui recommence à battre aux portes de la réserve du Chouf. Délaissé pendant des années après les événements de la Montagne en 1982, ce petit village renoue depuis quelque temps avec la vie. Et pour cause, les journées de jardinage, de photographie et les soirées annuelles organisées par le Comité des amis de Maasser el-Chouf ont eu pour conséquence de ramener les touristes vers ce beau village.
Fondée en l’an 450 av. J-C, la localité, située à 1 250 mètres d’altitude, doit son nom aux nombreux pressoirs (Maasser) d’olives et de raisins qu’on y trouve et qui représentaient sa principale richesse aux côtés de la culture du ver à soie. On y plantait d’ailleurs différents types de vigne, chacun étant destiné à une utilisation alimentaire bien définie : raisins secs, arak, mélasse ou raisins de table.
Sur la place du village, un pressoir, qui était fonctionnel jusqu’au moment où les événements de 1982 ont tout bouleversé, témoigne de cette prospère industrie. Les outils ont été laissés à la place qu’ils occupaient il y a près de vingt ans et une douce odeur de campagne émane des lieux. « J’ai interdit à quiconque de toucher à la moindre pièce, confie Mme Yolla Noujaim, du Comité des amis de Maasser el-Chouf. Je travaille sur un projet qui consiste à transformer le pressoir en un écomusée. Et vous savez, dans ce genre de travaux, le moindre objet est important. »
Construit en demi-cercle, presque adossé à la montagne, Maasser el-Chouf se caractérise par un patrimoine rural d’autant plus important qu’il se raréfie, d’après un rapport de Chantier nature, l’une des associations françaises qui contribuent à la mise en place du projet de développement durable de la localité. En effet, ce village se distingue par ses maisons en tuiles, ses arcades, ses pierres, sa végétation dense, ses sentiers, ses pressoirs, ses moulins, ses cultures en terrasses, ses installations hydrauliques traditionnelles et ses arbres remarquables.

Un couvent-auberge
La reprise économique de Maasser el-Chouf a démarré à partir du couvent Mar Mikhaël (Saint-Michel), transformé dernièrement, à l’initiative du président du conseil municipal, Charles Noujaim, en un centre d’accueil ouvert à tous les enfants du village, le but principal étant de faire revivre ensemble les différentes communautés du village.
Construit en 1962 du temps du président Fouad Chéhab, le couvent était géré par des religieuses de la congrégation du Saint-Sauveur. Ces dernières ont fui la région, en 1983. Et le couvent servit d’école publique durant les années qui suivirent. En 1996, alors que les déplacés de la Montagne retournaient à leurs foyers, le couvent était dans un état pitoyable. Des travaux de restauration ont ainsi été entamés, d’autant que les religieuses ne pouvaient y retourner, faute d’effectifs. Et jusqu’en 2000, on y accueillait les colonies de vacances qui n’avaient pas les moyens de s’offrir le luxe d’un hôtel de la région.
Aujourd’hui, le couvent Mar Mikhaël est géré par l’association Arc-en-ciel. Dix chambres de quatre, cinq ou six lits ont été aménagés au sein du couvent pour accueillir les touristes. Récemment rénovées, elles portent chacune le nom d’une plante: lavande, iris histrio, crapaudine du Liban, lilas, genêt... Le couvent dispose également d’un pavillon pour les colonies de vacances, qui sert de classe en hiver, d’une cuisine provisoire qui sera transformée, dans une étape ultérieure, en un atelier de céramique, d’une salle d’ordinateurs, d’une salle de billards, d’une bibliothèque et d’une salle de lecture. L’accès y est gratuit pour tous les enfants du village, qui peuvent également faire du VTT et participer aux tournois d’activités sportives qu’organise le Comité des amis de Maasser el-Chouf.
« Nous voulons que le couvent demeure un centre communautaire où l’on apprend. D’ailleurs on y donne des cours de langues spécialement de français, insiste Yolla Noujaim. D’une part, il est ouvert à tous les enfants du village, et d’autre part nous y organisons des programmes et des conférences à l’intention des personnes des différentes régions. Les journées de photographie, par exemple, seront clôturées par une session à l’intention des professionnels. Elles auront lieu demain samedi 30 et dimanche 31 août. » Et de préciser que ces mêmes journées ont été organisées gratuitement à l’intention de soixante enfants du village.
« Le festival de Maasser el-Chouf se déroule tout au long du mois d’août, indique Yolla Noujaim. Il sera clôturé, demain soir, par un dîner offert par les habitants du village, qui mijoteront eux-mêmes des plats typiques comme le tabboulé chaud, la hrissé, le kebbé de potiron, etc. »

Une stratégie de
développement
Mais le Comité des amis de Maasser el-Chouf pousse plus loin encore les projets de développement envisagés pour le village. Ces derniers incluent en fait des auberges rurales, des démonstrations de fabrication d’eau de rose, d’huile essentielle, d’arak, l’aménagement d’espaces collectifs stratégiques au sein du village, la sauvegarde du patrimoine bâti... Dans ce cadre, la municipalité offre la moitié des tuiles à tous les habitants du village pour les encourager à conserver le patrimoine architectural. Et l’année prochaine, elle offrira la peinture pour unifier la couleur des demeures.
Ces mini-projets ont déjà commencé à porter leurs fruits. En effet, l’opération lifting du jardin public de la localité est presque terminée. Au coucher du soleil, les habitants commencent à y affluer par petits groupes, soit pour lire, soit pour jouer ou tout simplement pour bavarder. Et tous les deux samedis, des soirées dansantes animées par un disc jockey ont lieu dans la localité.
« En octobre, l’opération destinée à aménager la place publique du village sera entamée, note Mme Noujaim. Et l’année prochaine, un magasin de vente des produits du terroir verra à son tour le jour. »

Les cèdres du Chouf
La principale attraction de ce village et de ceux des alentours demeure toutefois la réserve naturelle des cèdres du Chouf. S’étendant sur près de 500 km2, elle occupe la presque totalité des crêtes sommitales de la montagne du Chouf pour descendre jusqu’au niveau de la Békaa à l’est, Aïn Zhalta à l’ouest et Jezzine au sud.
La réserve comporte trois principaux peuplements de Cedrus libani : la cédraie de Barouk (400 hectares), la cédraie de Bmohray-Aïn Zhalta (100 hectares) et celle de Maasser el-Chouf (6 hectares). L’accès aux réserves de Barouk et de Maasser est possible tous les jours de 9h à 18h. Pour entrer à celle de Aïn Zhalta, il faut contacter à l’avance l’Association des cèdres du Liban, une ONG responsable de la gestion de la réserve. Un centre permanent d’accueil et d’information est à la disposition des visiteurs sur la route principale de Barouk, où des produits du terroir sont également mis en vente.
D’une altitude variant entre 900 et 1 950 mètres, la réserve se caractérise par une diversité végétale. « On y a recensé 24 genres d’arbres et près de 524 végétaux et fleurs dont certaines sont rares ou endémiques comme le chêne de Branti, qui n’est connu que dans cette région, explique Nizar Hani, coordinateur scientifique de la réserve des cèdres du Chouf. De même, on y trouve quelque 35 espèces de papillons, 32 espèces de mammifères dont le lynx, le loup, le chat sauvage, le blaireau et le porc-épic, et près de 200 sortes d’oiseaux et 27 genres de reptiles. »
Pour valoriser la réserve, plusieurs travaux y ont déjà été effectués notamment l’aménagement de sentiers pédestres dans la cédraie de Maasser el-Chouf, la restauration de murs de soutènement et la création d’un petit lac artificiel destiné à retenir la faune sauvage et favoriser des rassemblements d’animaux en vue d’excursions photographiques. Ce dernier projet a été financé par l’ambassade du Japon.
« Un herbier et une collection d’insectes sont en cours de réalisation avec des universitaires dans le cadre d’un projet plus large visant à réaliser un écomusée destiné à regrouper un éventail plus large des espèces végétales et animales de la région », indique M. Hani, qui précise que les touristes pourront pratiquer plusieurs activités liées à la réserve : randonnées pédestres, tournées en VTT, circuits touristiques en voitures-navette, randonnées équestres, raquette à neige (en hiver), observation des étoiles et des animaux, notamment des oiseaux, car la réserve est le deuxième plus important couloir pour les oiseaux migrateurs. « Toutes ces activités sont encadrées par des professionnels ou par des sociétés d’écotourisme, précise Nizar Hani. Nous organisons aussi des visites commentées de la réserve à l’intention de groupes scolaires ou d’associations de jeunes, au cours desquelles nous mettons surtout l’accent sur l’importance de préserver la biodiversité animale et végétale. »
En accédant à la réserve, les touristes peuvent faire une contribution pour sa préservation, qui est généralement de l’ordre de 5 000 LL pour les adultes et de 2 000 LL pour les enfants.
Maasser el-Chouf et ses environs
De par son emplacement au cœur de la Montagne, le village de Maasser el-Chouf est à une trentaine de minutes de Kefraya dans la Békaa et de Deir el-Qamar.
Ainsi, après avoir visité le village et la réserve, vous pouvez, si vous le désirez, vous enfoncer un peu plus dans la Montagne et partir à la découverte des régions touristiques du caza.
Amatour, à mi-chemin entre Moukhtara et Baadarane, étale ses maisons traditionnelles typiques de la montagne.
Le village est dominé par une khéloué, lieu de réunion, de prière et de méditation des druzes initiés.
Situé à sept kilomètres au sud de Moukhtara, Baadarane est un bel exemple de village libanais dont les monuments illustrent l’architecture traditionnelle de l’époque féodale.
On y trouve l’ancien palais de Ali Pacha Joumblatt, allié de Fakhreddine II. La localité de Moukhtara fut, dès le XVIIe siècle, le fief de la famille druze des Joumblatt.
Un grand nombre de demeures de style traditionnel y sont encore préservées, la plus prestigieuse étant celle du leader druze Walid Joumblatt. Plus loin, Baakline, première capitale des émirs de la famille Maan qui s’y installèrent vers 1120, possède quelques belles demeures anciennes.
Le village est réputé pour le tissage des tapis suivant des modèles proches des tapis persans.
Puis vient le palais de l’émir Amine, qui domine l’ensemble palatial de Beiteddine, le château Moussa, du nom de son propriétaire et constructeur, dont l’intérieur fantaisiste est transformé en un musée de cire où sont évoquées des scènes de la vie traditionnelle et quotidienne de la montagne libanaise.
Enfin, Deir el-Qamar, dont les palais et vieilles demeures figurent sur la liste du patrimoine libanais. Il est conseillé d’effectuer la visite du village à pied, à travers ses ruelles pavées.
Pour plus d’informations, visiter le site www.deirelqamar.com
Comment y arriver, où manger
et dormir... informations utiles
Tous les chemins mènent à... Maasser el-Chouf et à la réserve naturelle de cèdres du Chouf. En effet, de par leur emplacement géographique au cœur du caza, le village et la réserve peuvent être accessibles de différentes régions :
• Par l’autoroute du sud, à Damour, prendre la bifurcation à droite vers Kfarhim, Baakline, Beiteddine, Deir el-Qamar, Barouk, Aïn Zhalta. Arrivés à Deir el-Qamar, vous pouvez également bifurquer vers Maasser.
• Par l’autoroute de Damas, à partir d’Aley prendre la route de Chartoun, Rechmaya, Kfarniss, Nabeh es-Safa, Barouk, Maasser el-Chouf. Vous pouvez aller plus loin et arrivés à Sofar, vous bifurquez vers Charoun, Azzounieh, Safa, Barouk, Maasser el-Chouf. Ou encore, vous montez vers Mdeirej et vous descendez vers Bhamdoun, Aïn Dara, Azzounieh, Nabeh es-Safa, Barouk puis Maasser el-Chouf.
• Par la Békaa: arrivés à Kefraya, vous descendez vers Maasser el-Chouf, Barouk puis Aïn Zhalta. Vous pouvez continuer vers Zahlé, Chtaura, Mdeirej, Bhamdoun, Aïn Dara, Azzounieh, Nabeh es-Safa, Barouk puis Maasser el-Chouf.
Une fois la tournée dans la réserve achevée, vous pouvez déjeuner dans les restaurants de Nabeh es-Safa, pour un prix moyen de 20 dollars par personne environ. Si vous avez le temps, et que vous désirez vous mettre derrière les fourneaux, le centre relevant de l’association des cèdres du Chouf, à Aïn Zhalta, met à votre disposition sa cuisine. D’ailleurs, vous pouvez y loger pour un prix modique de 10 000 LL la nuitée, sachant que les groupes ont des réductions. Le prix du repas varie, quant à lui, de 5 000 à 10 000 LL, et les mets proposés sont typiques de la région. Informations et réservations au 05/503230.
Si vous recherchez un brin de luxe, vous pouvez passer votre nuit au Barouk Hotel à un prix moyen de 60 dollars la nuitée pour la chambre double. Réservations aux 05/240251, 03/630055.
À Maasser el-Chouf, vous pouvez vous restaurer au snack Chez Nadim. Le propriétaire vous concoctera avec plaisir des plats plus sophistiqués et typiques, sur commande bien sûr. Les personnes qui désirent passer la nuit au village peuvent loger au couvent Mar Mikhaël. Selon la grandeur de la chambre, les prix sont fixés à 30 000 et 45 000 LL du dimanche au jeudi et à 45 000 et 60 000 LL les vendredis et samedis. Le petit-déjeuner coûte 5 000 LL par personne. Réservations et informations aux 05/350452, 03/608136.

Nada MERHI
Maasser el-Chouf, un cœur qui recommence à battre aux portes de la réserve du Chouf. Délaissé pendant des années après les événements de la Montagne en 1982, ce petit village renoue depuis quelque temps avec la vie. Et pour cause, les journées de jardinage, de photographie et les soirées annuelles organisées par le Comité des amis de Maasser el-Chouf ont eu pour...