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Michel Eddé : Les dénonciateurs sont souvent les corrupteurs

Le ministère de la Réforme administrative a publié hier une lettre envoyée par l’ancien ministre Michel Eddé, dans laquelle celui-ci diagnostique les maux dont souffre l’Administration, tout en proposant une série de solutions pour y remédier. Notons que la lettre de M. Eddé vient en réponse à la demande faite dans ce sens par le ministre Karim Pakradouni à diverses personnalités de la société civile.
M. Eddé expose d’abord les raisons qui sont à l’origine de la corruption au sein de l’Administration, en expliquant que celle-ci est victime de la politique, du clientélisme et des intérêts personnels des responsables au pouvoir. L’ancien ministre constate ainsi qu’au lieu d’être au service de l’État, l’Administration s’est transformée en un instrument aux mains des dirigeants en place. La corruption, qui s’est amplifiée à cause de cette relation malsaine entre l’autorité et l’Administration, est ainsi devenue de plus en plus difficile à éradiquer.
M. Eddé critique en outre toute la publicité faite chaque quelque temps autour du processus de réforme qui, selon lui, devrait être « une opération tout à fait normale », permanente et basée sur une action quotidienne. Or, selon lui, ceux-là mêmes qui sont à l’origine de tout ce tapage fait autour de « l’épuration » ou encore « de la campagne contre la corruption », sont souvent eux-mêmes les corrupteurs. Il est clair donc, pour l’ancien ministre, que l’opinion publique ne prend plus au sérieux les opérations de réforme maintes fois annoncées, jamais appliquées. Et pour cause : on évite de les confier aux organismes de contrôle et d’inspection qui, pourtant, sont les plus habilités pour ce travail.
Dénonçant ainsi « la politisation de l’Administration », qu’il qualifie de « plaie béante », M. Eddé estime que certains ministères et services publics sont pratiquement devenus des « propriétés privées appartenant à une communauté religieuse ou à un leadership déterminé ».
Selon l’ancien ministre, le remède ne consiste pas à élaborer de nouvelles lois ou même à amender celles qui existent déjà. En effet, il suffit d’appliquer les législations en vigueur. Tout en l’approuvant, M. Eddé estime toutefois que la solution ne réside pas non plus dans l’informatisation et la modernisation de l’Administration. Pour lui, l’essentiel est d’abord de mettre fin aux ingérences politiques dans les affaires de l’Administration, de laisser faire les organismes de contrôle et, surtout, de respecter et d’exécuter leurs décisions.
L’ancien ministre critique, d’autre part, le nombre considérable de fonctionnaires improductifs, alors que plusieurs départements du secteur public souffrent d’un manque cruel à ce niveau.
Dénonçant par ailleurs le gaspillage énorme au sein de l’Administration, M. Eddé déplore dans ce cadre que celle-ci ait cessé depuis longtemps de générer des emplois. Seul le secteur privé est à même d’offrir un travail aux jeunes Libanais, alors que le secteur public ne cesse d’embaucher sur base du clientélisme. Déplorant ainsi que de nombreux fonctionnaires continuent à encaisser leur salaire sans même se rendre à leur lieu de travail, l’ancien ministre ajoute que le secteur privé a lui-même besoin d’une administration saine et efficace et d’une justice intègre pour se développer.
M. Eddé affirme que le plus important est d’assurer la pérennité de l’Administration de sorte qu’elle ne dépende plus dorénavant des responsables au pouvoir. Voici, selon lui, les mesures qu’il convient d’adopter pour un règlement radical du problème : « L’Administration doit être à l’abri des pressions exercées par les dirigeants en place. Il faut aussi qu’elle se sente surveillée et contrôlée en permanence. »
Et l’ancien ministre de rappeler en conclusion la nécessité de faire de cette Administration, « une administration au service de tous les citoyens, et non un instrument aux mains d’un leader quelconque, politique ou confessionnel ».
Le ministère de la Réforme administrative a publié hier une lettre envoyée par l’ancien ministre Michel Eddé, dans laquelle celui-ci diagnostique les maux dont souffre l’Administration, tout en proposant une série de solutions pour y remédier. Notons que la lettre de M. Eddé vient en réponse à la demande faite dans ce sens par le ministre Karim Pakradouni à diverses...