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DOSSIER RÉGIONAL - Le ministre palestinien chargé des Relations extérieures reçu par Hariri et Obeid Le droit au retour des réfugiés, notamment ceux installés au Liban, « est certain », insiste Nabil Chaath(photo)

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a mis en garde contre les dangers que constitue la construction par l’État hébreu de deux murs. Celui de Cisjordanie, « un mur raciste » entre les Israéliens et le peuple palestinien, et l’autre, « encore plus grand », qu’Israël tente de bâtir « entre la politique américaine et le monde arabo-musulman ». Le locataire du palais Bustros recevait hier le ministre d’État palestinien chargé des Relations extérieures, Nabil Chaath, en visite à Beyrouth avant de se rendre à Damas – il retrouvera la capitale libanaise de nouveau lundi pour s’entretenir avec le chef de l’État, Émile Lahoud.
Nabil Chaath, qui a également été reçu par le Premier ministre, Rafic Hariri, a estimé que le droit des Palestiniens au retour dans leurs foyers n’est plus une illusion et qu’il est « garanti » par la « feuille de route », « le meilleur plan de paix » israélo-palestinien jamais conçu, selon lui, avec Israël. Appelant les Américains à exercer davantage de pression sur l’État hébreu afin qu’il accepte de mettre un terme à ses provocations en tout genre. Il a également accusé Israël d’ « essayer de dynamiter la “feuille de route” », tout en faisant écho aux propos de Jean Obeid à propos de la « ligne de sécurité » chère aux autorités israéliennes, et que les Palestiniens refusent avec un maximum de fermeté.
« Dès que l’on a commencé à évoquer “la feuille de route”, nous avons bien précisé que nous ne voulons pas nous substituer aux Palestiniens ; que nous appuierions tout ce qu’ils auraient décidé... Sauf que les pires misères et les plus grands dangers viennent se greffer sur cette “feuille de route” à cause de ceux-là mêmes qui sont censés s’y attacher et faire en sorte d’en faciliter l’application. » C’est en ces termes que Jean Obeid a entamé la conférence de presse commune qu’il a tenue hier avec Nabil Chaath. Avant de rappeler à quel point le Liban « est concerné par les misères du peuple palestinien », ainsi que par son droit de pouvoir jouir d’un État viable, stable, indépendant et respecté, qui serait érigé en Palestine. Et de réitérer les appels pour une paix juste, durable et globale.

Le mur, « un serpent
colonialiste »
Quant au ministre palestinien, il a indiqué avoir longuement évoqué avec Jean Obeid le mur « raciste » de Cisjordanie, « que le président Bush a qualifié de serpent qui grandit dans le giron de la Cisjordanie. Et c’est un vrai serpent colonialiste, étouffant, et qui entend bien annexer la majeure partie des territoires palestiniens à Israël », a dénoncé Nabil Chaath. En rappelant que son peuple ne céderait pas un pouce de son territoire. « Et l’édification de l’État palestinien permettrait le retour des réfugiés, et notamment ceux installés au Liban. Si la “feuille de route” mène à cela, alors, évidemment, nous l’appuyons, et c’est justement dans ce cas-là que les Israéliens la rejetteront », a-t-il estimé. Rappelant que le problème ne se limite pas aux seules frontières du futur État palestinien, mais qu’il reste des territoires libanais et syriens qu’Israël continue d’occuper.
Pour le ministre palestinien, si Israël viole sciemment la trêve, « c’est bien pour dynamiter » la « feuille de route ». Les Américains, a-t-il soutenu, « ne sont pas satisfaits, et ils l’ont dit par la voix de William Burns ». Ajoutant que cela était certes une bonne chose, mais qu’il fallait un minimum d’actes et que Washington se doit « d’augmenter sa pression » sur Israël afin que les choses puissent aller de l’avant.
Évoquant ensuite la situation des Palestiniens au Liban, il a assuré qu’il n’y a aucun problème avec Beyrouth en ce qui concerne le volet politique : « Les Palestiniens présents sur le territoire libanais n’ont qu’un seul espoir, l’indépendance de la Palestine et du Liban et leur liberté de retour », a-t-il dit. « Ce retour, c’est aussi leur ambition et leur but politique, mais je souhaite, en attendant cela, que l’on s’occupe des problèmes humanitaires », a précisé le ministre palestinien des AE. Demandant que protection, soins et dignité soient assurés à ses concitoyens réfugiés au Liban.
Enfin, il a confirmé que son escale beyrouthine a servi à préparer la première visite du Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, au Liban et en Syrie. Sans donner, évidemment, la moindre date pour cette mini-tournée.

Débat ouvert
Nabil Chaath a ensuite participé, à l’hôtel Commodore, à un débat ouvert, au début duquel il a commencé par détailler les souffrances du peuple palestinien, « dont la plus grande partie vit sous le seuil de pauvreté, menacée par la famine ». Affirmant que le credo de son peuple reste « le fusil et le rameau d’olivier », le ministre palestinien a tenu à assurer que son peuple n’est pas suicidaire, mais qu’il fait tout pour pouvoir gagner son indépendance et acquérir ce « seuil minimal des 22 % de la Palestine ».
Nabil Chaath a affirmé que les efforts redoubleront pour faire échec à la tentative israélienne de dynamiter la « feuille de route » – des actions arabes et internationales – « qui porte en elle tout ce qu’il n’y avait pas à Oslo », faisant valoir « qu’elle ressemble ainsi à l’accord d’avril entre Israël et le Liban, signé en 1996 ». Est-ce que cette « feuille de route » pourrait finir par être appliquée ? « Oui, a répondu le ministre Chaath, grâce à l’intifada » d’abord, a-t-il souligné ; grâce « à la reconnaissance par les États-Unis de l’État palestinien en Palestine et non pas un État en exil » ; grâce au fait, également, « que les peuples palestinien et israélien sont désormais prêts à retourner aux négociations, synonymes pour nous d’indépendance totale, pour eux de sécurité totale » ; en raison, aussi « de l’échec des États-Unis dans leur réalisation de la paix », grâce, enfin, « à une unanimité internationale », a estimé Nabil Chaath. Qui a souligné le changement fondamental de la logique américaine avec, en toile de fond, la présence au pouvoir en Israël du « plus extrémiste » des gouvernements en ce qui concerne le retrait des territoires palestiniens.
Pour faire barrage aux velléités israéliennes visant à faire échec à la « feuille de route », il a appelé à un réel soutien arabe et à la création d’un triumvirat libano-syro-palestinien chargé d’optimiser la coordination et de réussir à renouer, profondément, le contact. Assurant à ce moment-là que le droit des Palestiniens au retour est garanti par la « feuille de route ». « Nous ne voyons pas d’autre solution politique pour notre peuple, notamment au Liban, que le retour dans sa patrie, et ce retour est certain. je veux être clair : ce droit englobe le retour dans l’État palestinien indépendant et dans les villes palestiniennes qui font partie de l’État hébreu. Qu’une personne regagne Haïfa (en Israël) ou Naplouse (en Cisjordanie), le retour à la patrie est certain », a insisté Nabil Chaath. « Il n’existe aucune condition au retour dans l’État palestinien indépendant. Le droit au retour n’est plus illusoire. Il fait partie intégrante du plan de paix arabe (Beyrouth, 2001), qui constitue une base pour la “feuille de route”, le meilleur plan de paix pour les Palestiniens conclu avec Israël depuis la guerre (israélo-arabe) de 1967 », a-t-il expliqué.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a mis en garde contre les dangers que constitue la construction par l’État hébreu de deux murs. Celui de Cisjordanie, « un mur raciste » entre les Israéliens et le peuple palestinien, et l’autre, « encore plus grand », qu’Israël tente de bâtir « entre la politique américaine et le monde arabo-musulman ». Le locataire...