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Témoignage - « Bien entendu... c’est off » de Daniel Carton Du journalisme de référence au journalisme de révérence...

En France, l’univers de la presse traverse une sorte de crise de conscience, un véritable questionnement sur l’intégrité du message jounalistique et l’objectivité de l’information transmise aux citoyens. Lorsqu’une institution aussi prestigieuse que Le Monde fait l’objet d’un pavé dénonçant magouilles et autres affaires, c’est tout l’édifice qui est ébranlé. Un autre pavé dans la mare, l’ouvrage de Daniel Carton, Bien entendu... c’est off, raconte les vicissitudes des journalistes politiques qui privilégient, selon lui, les compromis avec les politiciens, au lieu de servir les intérêts de l’information.
C’est d’ailleurs un livre plein de méchanceté, une sorte de brulôt dénonciateur, mais qui reflète surtout l’immense déception d’un jeune homme qui croyait en une mission noble, la recherche de la vérité, toute la vérité, et qui découvre que dans le monde d’aujourd’hui, le journaliste politique est celui qui fait le plus pour camoufler les vérités qui dérangent...la classe politique.
À travers une longue carrière, d’abord en province puis au Monde et au Nouvel Observateur, Daniel Carton n’a cessé d’aller de désillusion en désillusion. Et le fameux « journalisme de référence » dont il rêvait s’est transformé en « un journalisme de révérence », où le seul souci est de ménager le roi et sa cour, bref les cercles du pouvoir.
Il apprend ainsi à ses dépens, et avec toute la naïveté et l’innocence du journaliste qui débarque de sa province et qui croit pouvoir enfin remplir sa grande mission, en ayant accès aux sources de l’information, l’existence des « fameux amis du journal » auxquels on ne peut rien refuser, et surtout ne pas multiplier les démentis en particulier lorsque l’information est vérifiée, la dictature des recettes publicitaires, qui fait qu’on ne peut plus parler des véritables problèmes des gens, puisque des enjeux publicitaires sont remis en cause, la puissance des « intérêts en haut lieu » qui ne sévissent que lorsque l’information est vraie et intéresse réellement les citoyens et surtout, la fameuse expression « bien entendu... c’est off », qui permet à la classe politique de mener ses sales guéguerres en toute impunité et dans la plus grande discrétion. Et les journalistes, eux, sont à la fois les complices et les acteurs de cette immense duperie qu’est devenu le journalisme politique, selon Daniel Carton.

Un univers
de compromissions
Avec des petites histoires qui n’ont jamais été démenties, des expériences vécues et un grand courage, puisque l’auteur sait que désormais il n’a pas seulement la classe politique à dos, mais aussi toute la confrérie des journalistes politiques, Daniel Carton raconte le journalisme politique d’aujourd’hui et l’étendue de ses compromissions, faites d’avantages et de privilèges divers destinés à museler les plumes les plus efficaces.
Carton dénonce aussi la place de plus en plus dévorante qu’occupe la télé dans la vie des politiciens qui, selon lui, ne se soucient plus que « du quand verra-t-on », utilisant à volonté les caméras comme un miroir déformant, soucieux de ne montrer que les aspects qu’ils souhaitent, misant sur la curiosité et sur la naïveté des téléspectateurs, comme si l’univers politique était comme celui du loft.
Il y a certes de l’amertume, dans ce livre témoignage, mais aussi le souci de ne pas être le complice de cette connivence pour le moins malhonnête, entre les journalistes et la classe politique. Daniel Carton sait qu’avec la publication de son livre, la plupart des portes professionnelles se sont fermées pour lui, mais il a pris sa décision et il ne veut plus faire ce travail et trahir ce en quoi il a tellement cru. C’est une sorte de testament qu’il publie pour que ses enfants ne croient pas qu’il a été complice et pour les journalistes qui veulent réagir.
Au Liban, hélas, personne n’évoque ce genre de thème, la liberté de presse, c’est sacré, du moins en paroles. Mais nul ne vient fourrer son nez dans les actes. Un jour, pourtant, il faudra, ici aussi, se poser quelques questions. L’ouvrage de Daniel Carton pourrait servir de point de départ.
Scarlett HADDAD
En France, l’univers de la presse traverse une sorte de crise de conscience, un véritable questionnement sur l’intégrité du message jounalistique et l’objectivité de l’information transmise aux citoyens. Lorsqu’une institution aussi prestigieuse que Le Monde fait l’objet d’un pavé dénonçant magouilles et autres affaires, c’est tout l’édifice qui est ébranlé....