COOPÉRATION - Rencontre à Jbeil de la commission Euromed des Eurocités Un partenariat euro-méditerranéen pour développer la coopération entre les municipalités

La commission Euromed des villes européennes et méditérranéennes est réunie depuis hier à Byblos, dans le complexe Eddé Sands, pour étudier un programme de coopération décentralisé destiné aux villes des pays du partenariat euro-méditérranéen et à leurs réseaux. La séance inaugurale a eu lieu en présence de MM. Jean-Louis Cordahi, ministre des Télecommunications; Patrick Renauld, ambassadeur de l’UE; le sénateur Jacques Valade, conseiller délégué aux relations internationales de la ville de Bordeaux qui préside la commission Euromed des Eurocités, Richard Weber directeur de l’EuropeAid et B-Méditérranée du Sud, Proche et Moyen-Orient, Patrick Laurent, chef d’Unité de programmation régionale ; Raphaël Sfeir, président de la municipalités de Jbeil et vice-président du groupe de travail Euromed; mais aussi plus d’une centaine de maires ou de leurs représentants venus de 14 pays : l’Algérie, la Belgique, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Suède, la Suisse, la Syrie et la Tunisie. Ils planchent sur la mise en œuvre d’une politique de coopération entre les villes de l’Union européenne et celles de la partie méridionale et orientale de la Méditerranée. M. Raphaël Sfeir, qui a participé à la rédaction du projet du partenariat, indique que le programme élaboré pour 2003-2007 englobe huit axes d’action qui donneront lieu à divers projets communs, tels que le renforcement de la gouvernance locale, la mobilité urbaine, la gestion durable de l’environnement urbain, la culture, le patrimoine, les technologies de l’information, la cohésion sociale, l’urbanisme et le logement. « Les élus et les autorités locales seront les interlocuteurs et les intermédiaires privilégiés pour assurer une bonne gouvernance soutenue par une décentralisation administrative que le projet de loi sur les municipalités semble appuyer. »
Une bonne gouvernance qui doit s’exercer d’abord à l’échelon des conseils municipaux car « la démocratie ne s’applique pas seulement place de l’Étoile, mais doit avoir ses racines dans chaque village», a souligné le chef de la délégation de la Commission européenne, ajoutant que ses visites dans les mohafazats lui ont donné l’occasion d’évaluer les difficultés auxquelles sont confrontées les municipalités: «Immensité des besoins financiers, faiblesse des effectifs, lourdeurs administratives mais aussi détermination et engagement des élus pour le développement de leurs communautés.» Cet état des faits a incité la Commission à engager une action visant à répondre aux urgences à court terme et à préparer le long terme. Mais dans les deux cas de figure, il faudrait «inciter les municipalités à travailler ensemble pour résoudre les problèmes qu’elles ont en commun et dépasser les clivages confessionnels ou politiques ; donner la maîtrise de l’expression des besoins et du choix des solutions aux premiers concernés : les citoyens et les élus locaux», a dit M. Patrick Renauld. S’agissant du long terme, il a révélé que dans le cadre du programme européen d’Assistance à la réhabilitation de l’Administration libanaise (Aral), une procédure est en cours pour lancer début 2004 un projet d’appui à des regroupements de municipalités, d’un montant de 3,4 millions d’euros. «Cette intervention permettra la préparation de dossiers complets de projets de développement qui seront présentés par les élus à différents donateurs ou investiteurs», a indiqué le chef de la Commission européenne avant de préciser qu’en ce qui concerne le court terme, la priorité ira au financement de la gestion des déchets solides.
Prenant à son tour la parole, le sénateur Jacques Valade devait mettre l’accent sur l’intérêt tout particulier que la Commission accorde à la coopération et aux échanges entre les villes Euro-Méditerranée. « Nous croyons que le dialogue des cultures est toujours plus fort que le choc des civilisations. Nous avons conscience que cette voix n’est pas facilement audible aujourd’hui. Elle est encore trop souvent étouffée par le son du canon (...) Ceci est d’autant plus inacceptable que la Méditerranée a engendré les grands humanismes et les trois grandes religions monothéistes qui fondent notre morale commune, établie sur le caractère sacré de la vie et de la personne. Nous sommes donc fiers de rappeler, à travers notre action, que la Méditerranée n’a jamais constitué une frontière. Bien au contraire, elle a toujours été un lieu d’échanges (...) permanents produisant les cultures européennes et arabo-musulmanes, cultures que l’on voudrait opposer alors qu’elles se sont toujours mutuellement enrichies. »
Et le sénateur français de faire observer que grâce à l’engagement de tous ses membres, la Commission Euro-Méditerranée des Eurocités a su se faire entendre des institutions européennes. Mieux encore, «avec la décision de la Commission européenne de dégager les financements nécessaires à la mise en place d’un projet pilote Med’act, nous sommes à mi-chemin de l’objectif que nous nous étions fixé », a-t-il déclaré. M. Richard Weber a enfin rappelé le projet Med’act (Mediterranean, Europe, Development, Action of Cities and Towns) rassemblant des initiatives sur deux thèmes prioritaires : « Les cultures urbaines euro-méditerranéennes » et « le développement urbain durable». À titre d’exemple, l’opération sur le site de Jbeil/ Byblos qui offre la perspective de tirer parti de son patrimoine historique pour assoir le développement économique et social de la cité à l’aube du XXIe siècle.
Les travaux se poursuivront aujourd’hui, samedi, à partir de 9h30. Mme Dominique Vlasto, députée européenne, adjointe au maire de Marseille, présentera les actions de coopération décentralisée conduites par la ville de Marseille en faveur du Liban. M. Béchir Odemi exposera le programme d’activités du Bureau technique des villes libanaises, et l’architecte Jacques Liger Belair, le projet de développement touristique de Jbeil .
May MAKAREM