Rechercher
Rechercher

Actualités

ADMINISTRATION - Inaugurant le siège de la Sûreté à Zahlé, Murr estime que la sécurité et la liberté assurent la stabilité Sayyed : l’État de droit et des institutions prôné par Lahoud est réalisable(photo)

L’inauguration d’un siège de la Sûreté générale à Zahlé, pour l’ensemble de la Békaa, a revêtu, hier, une importance capitale. Non seulement il s’agit d’une initiative qui a exigé un an de préparation, mais de plus, elle a donné lieu à des discours percutants, notamment de la part du directeur général de la Sûreté, le général Jamil Sayyed et, bien entendu, du ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr. Selon lui, « l’État de droit est réalisable au Liban et ne nécessite pas une formule magique. Il s’agit simplement d’avoir une Administration saine qui respecte l’équilibre confessionnel, mais dans laquelle ce dernier n’est pas synonyme de protectorats et où la droiture n’est pas soumise à des tentatives de domestication politique ou confessionnelle ». Le général Sayyed se base sur son expérience de plus de quatre ans à la Sûreté, et le message a été sans nul doute capté.
La cérémonie avait été minutieusement préparée. Les discours aussi, dont chaque mot a été pesé. Si le ministre de l’Intérieur, arrivé sur les lieux à 10 heures, a développé un thème qu’il a souvent évoqué ces derniers temps, celui du lien vital entre la sécurité et la liberté, seul garant de la stabilité, le général Jamil Sayyed a profité de l’occasion pour expliquer pourquoi, à la tête de la Sûreté, il a réussi à faire de ce département une institution efficace, au service du citoyen. Sans nommer personne, puisque le message est plus grand que les susceptibilités personnelles, il a exposé sa vision d’une Administration saine et efficace, en se basant sur ses propres réalisations, pour lesquelles il a affirmé recevoir régulièrement les compliments des citoyens. Pour lui, il n’y a pas de recette magique pour l’édification de l’État de droit prôné par le président de la République, le général Émile Lahoud. « Il suffit d’avoir une Administration dans laquelle la corruption n’est pas protégée par la politique et le confessionnalisme et au sein de laquelle la droiture n’est pas soumise à des opérations de domestication politique et confessionnelle ». Toujours selon lui, l’Administration publique peut être réformée « si elle est libérée des protectorats qui entravent son travail et si les organismes de surveillance et de contrôle y sont réactivés de manière constante et sérieuse ».
Pressentant que le thème de la réforme administrative constituera le prochain sujet phare au sein du Conseil des ministres, à travers le grand programme que compte présenter le ministre du Développement administratif, M. Karim Pakradouni, le directeur de la Sûreté générale a longuement exposé son point de vue sur la question.

Piston et corruption
Prenant la parole en présence du ministre Murr, du mohafez de la Békaa, M. Antoine Sleimane, de magistrats et d’un grand nombre d’officiers libanais et syriens, le général Sayyed a expliqué que l’inauguration de ce nouveau siège s’inscrit dans le cadre d’un plan de la Sûreté visant à améliorer la qualité de ses services pour le bien-être et la dignité du citoyen. Il a précisé que lorsque les citoyens viennent accomplir leurs formalités à la Sûreté, il les entend souvent s’écrier: « On ne se croirait pas au Liban ». « Comme si vivre au Liban était synonyme de corruption et d’humiliation », a-t-il ajouté. Selon lui, l’Administration est la porte à travers laquelle le citoyen est en contact permanent avec l’État et son angoisse au moment d’accomplir une formalité en dit long sur le manque de confiance entre lui et l’État. Le fossé qui existe entre eux est souvent comblé par le piston ou la corruption. Or ce sont là les principales maladies dont souffrent les Administrations publiques en général.
Poursuivant son exposé, le général Sayyed a affirmé que l’Administration demeure alors que la politique change, et c’est avec les mêmes fonctionnaires qu’il a pu rendre la Sûreté efficace. « Il faut donc que l’Administration soit protégée de l’influence de la politique, des compromis et des contradictions des intérêts politiques et confessionnels. Ce genre d’attitude est un crime, car la victime en est toujours le citoyen ».
Le directeur de la Sûreté a ajouté que le Liban repose sur un équilibre confessionnel. « Cet équilibre doit être respecté dans toutes les Administrations publiques, sinon celles-ci seraient malades et deviendraient une proie facile pour la corruption. Une Administration d’une seule couleur confessionnelle constituerait un cercle de fanatisme, pratiquement fermé aux organismes de contrôle. Le pire serait pour le Liban que les Administrations publiques deviennent des mini-États contrôlés par une confession ou une autorité et plus puissants que l’État lui-même ».
Pour le général Sayyed, le pire serait aussi que l’équilibre confessionnel, basé sur la compétence, se transforme en partage confessionnel des parts au sein de l’Administration, ouvrant la voie au clientélisme chez les fonctionnaires, qui deviennent ainsi forts par leur corruption, au détriment de la loi et des intérêts du Liban. Lorsque l’Administration devient une arme entre les mains des personnalités influentes, ses services deviennent un outil de vengeance contre l’adversaire et un moyen d’aider l’allié. Il y a plus grave encore, lorsque la droiture et l’honnêteté deviennent une exception, alors que le fonctionnaire corrompu est tranquille. « Certains politiciens, a estimé le général Sayyed, sont des hommes d’État et, pour eux, l’Administration est au service du citoyen. D’autres considèrent que l’Administration leur appartient et que le fonctionnaire est leur esclave. Toute la différence est là… » En conclusion, le général Sayyed a remercié le ministre de l’Intérieur pour la protection permanente qu’il offre à la Sûreté, rappelant qu’il n’a jamais rien demandé à ce service, bien qu’il en soit, hiérarchiquement, le responsable. « C’est sans doute pour cela que certains lui reprochent de ne pas savoir « mater » un service prétendument rebelle, alors que pour lui, il accomplit son devoir ».
Le général s’est défendu de répondre à qui que ce soit, son expérience étant suffisamment riche pour mériter d’être reprise, mais on se souvient que les ministres proches du président de la Chambre avaient récemment réclamé son limogeage, suscitant un net refus de la part de M. Élias Mur, qui avait rendu hommage à ses qualités. Prenant à son tour la parole, le ministre de l’Intérieur a aussi refusé de se lancer dans des polémiques, se contentant d’appeler les fonctionnaires de la Sûreté générale à veiller sur la sécurité tout en préservant les libertés, afin d’assurer la stabilité. Il leur a ainsi demandé de continuer à moderniser leur travail, leur déclarant : « Vos réalisations sont au-dessus des critiques et aucune diffamation ne peut vous atteindre. »
L’inauguration d’un siège de la Sûreté générale à Zahlé, pour l’ensemble de la Békaa, a revêtu, hier, une importance capitale. Non seulement il s’agit d’une initiative qui a exigé un an de préparation, mais de plus, elle a donné lieu à des discours percutants, notamment de la part du directeur général de la Sûreté, le général Jamil Sayyed et, bien entendu,...