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Société - Honneur bafoué, jalousie, luxure, esprit de lucre... Les crimes familiaux, un véritable fléau

Crimes dits « d’honneur », jalousie, luxure, esprit de lucre, autant d’éléments qui contribuent à saper les assises de la famille. Surtout quand les sentences rendues viennent « récompenser » ceux qui ont commis des crimes d’honneur en les condamnant à des peines de prison dérisoires. D’autant plus que la promiscuité, née de la misère, favorise l’inceste et se trouve à l’origine de nombreux drames familiaux. Les chiffres cités dans ce cadre par notre chroniqueur judiciaire, Bahjat Jaber, sont plus qu’éloquents.
En effet, les archives de la cour d’appel indiquent que les crimes suivants ont été commis au cours des cinq dernières années :
• 1998 : une mère célibataire tue son enfant illégitime.
• 1999 : une mère tue sa fille enceinte des œuvres de son employeur.
• 2000 : trois mères tuent leurs filles pour « laver l’honneur » de la famille.
• 2001 : trois mères tuent leurs trois filles pour la même raison.
• 2002 : cinq mères tuent leurs cinq filles, toujours pour la même raison.
Ceci pour les femmes. Côté hommes, le bilan est bien plus lourd et s’établit comme suit, pour la même période :
• 1998 : un crime d’honneur commis par un père de famille.
• 1999 : trois crimes d’honneur commis contre des filles mineures.
• 2000 : quatre pères de famille tuent leurs quatre filles.
• 2001 : trois crimes d’honneur commis contre des filles mineures par leurs pères.
• 2002 : quatre crimes d’honneur de pères contre leurs filles mineures.
Les statistiques citées par notre correspondant judiciaire indiquent également que, durant les trois dernières années :
• 14 femmes ont tué leurs conjoints pour vivre avec d’autres hommes.
• 9 hommes ont tué leurs épouses pour des raisons familiales, notamment l’adultère.
• Trois jeunes filles ont tué leurs frères coupables de viol et d’inceste.
• 13 jeunes gens ont tué leurs sœurs qu’ils accusaient de prostitution clandestine. Dix des treize jeunes filles ont été égorgées et les trois autres forcées à ingurgiter du poison.
Il ressort des statistiques que les raisons pour lesquelles les femmes mariées tuent leurs conjoints se résument aux trois suivantes :
• Impuissance du conjoint.
• Liaisons extraconjugales.
• Pénurie de moyens financiers.

Liste insoutenable
Notre correspondant passe ensuite aux exemples concrets et cite le cas de plusieurs crimes familiaux illustrant les statistiques des Palais de justice.
• Nada N. S. (21 ans) a empoisonné son mari à l’aide d’un pesticide agricole sous prétexte d’incontinence sexuelle.
• Un époux, dont le nom n’a pas été révélé, a assassiné sa femme sous prétexte qu’elle était frigide et que sa nouvelle conquête, une danseuse de cabaret, satisfaisait mieux qu’elle ses appétits sexuels débridés.
Une fois son crime commis, il enterre le corps de sa victime dans le sol de sa chambre à coucher qu’il s’empresse aussitôt de recarreler. Trahi par sa maîtresse à qui il avait promis le mariage avant de changer d’avis, il a fini en prison. Plus tard, il devait réussir à s’évader et à se perdre dans la nature.
• À Ghobeyri, une femme a tué sa fillette de trois ans sous prétexte qu’elle était « insupportable ».
• Toujours à Ghobeyri, un père a enchaîné son garçonnet, Bassel D. F. (16 mois) et a entrepris de le frapper à mort. Une fois le bambin décédé, le père dénaturé enlève le corps et le place dans le réfrigérateur familial en attendant le moyen de s’en débarrasser. Malheureusement pour lui, son épouse qui était absente du domicile conjugal rentre à l’improviste et, ouvrant la porte du réfrigérateur, tombe sur le cadavre de son fils unique. Folle de douleur, elle court alerter les gendarmes qui arrêtent le parricide qui se trouve toujours en instance de jugement auprès de la cour pénale du Mont-Liban.
• Un jeune homme, dont le nom n’a pas été révélé, a égorgé sa sœur avant de se rendre à la police. Dans sa déposition, il a indiqué que la malheureuse s’adonnait à la prostitution et portait un enfant illégitime. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste ayant prouvé le caractère fallacieux de ses accusations, il n’a pas tardé à reconnaître qu’il avait agi par jalousie pour se venger des soins dont ses parents entouraient leur fille.
• Ali M. a tué son fils Ismaïl (16 ans) d’une balle de pistolet tirée à bout portant. Ismaïl était occupé à repeindre l’une des pièces du domicile familial quand son père s’est réveillé de la sieste pour voir son autre fils, Hussein, étendu sur un canapé et oisif. Furieux, Ali lui ordonne d’aller aider Ismaïl mais le jeune homme, paresseux de nature, refuse d’obtempérer. De caractère irascible, Ali tombe à bras raccourcis sur Hussein qu’il manque de tuer. Accouru en catastrophe, Ismaïl tente de repousser son père qui se retourne et le gifle violemment.
Se sentant insulté, Ismaïl court se réfugier sur les toits auprès de son troisième frère, Ibrahim, qui s’occupait des pigeons qu’il élevait. Poursuivi par son père qui lui ordonne de redescendre et de reprendre ses travaux, il continue de grimper les escaliers jusqu’à ce que l’irascible Ali l’abatte d’une balle à la tête.
• À Ghobeyri, Ahmed M. M. (17 ans) a sauvagement battu son père, Moussa M., avant de le poignarder et de l’étrangler. Dans sa déposition, Ahmed a déclaré avoir agi par jalousie, son père lui préférant son autre fils, Ibrahim.
« Je suis content de m’être débarrassé du démon qu’était mon père », a déclaré Ahmed.
• À Khrayeb, dans la Békaa, Hussein S. (21 ans) était persuadé que tous les membres de sa famille lui en voulaient et les avait menacés de mort à plusieurs reprises. Il est arrivé un jour au domicile paternel armé d’un fusil-mitrailleur et d’un couteau. Alarmé, son père, Kassem M. S. (47 ans), le désarme. Furieux, Hussein entreprend de lapider son père qui riposte en tirant une rafale de l’arme confisquée, le tuant net.
• À Keyfoun, Zeinab F. B. a tué sa fille Mariam (29 ans) parce que cette dernière avait été mariée puis répudiée à trois reprises. Liée depuis peu avec un homme qui l’avait demandée en mariage, Mariam revient au domicile paternel pour reprendre ses effets et ses papiers. Elle en est empêchée par sa mère qui, à l’issue d’une brève dispute, empoigne un fusil mitrailleur et l’abat d’une rafale de six balles tirées à bout portant.
• Autre crime d’honneur à Chiyah où Ali M. D. (51 ans) avait abattu son fils, Issam (18 ans), pour le punir d’entretenir des relations sexuelles avec sa propre sœur, Nada, une adolescente de 14 ans qu’il se proposait également d’assassiner sans l’intervention des voisins accourus sur les lieux.
• À Anfeh, au Liban-Nord, Hagop M. a assassiné sa mère, Anahid, qui lui reprochait de s’adonner aux jeux de hasard.
• À Akkar el-Atika, Kanouh K. R. a tué le fils de la seconde épouse de son mari, le jeune Ahmed âgé de douze mois, en lui versant du poison dans son biberon. Raison invoquée par la meurtrière : elle était stérile et redoutait d’être répudiée par son époux.
• Soupçonnant que sa femme Soubhiyé le trompait, Fahd H. A. (38 ans) a froidement égorgé son fils Hikmat (6 ans) et ses deux épouses, Soubhiyé (31 ans) et Souraya (20 ans) durant leur sommeil au domicile conjugal, à Souwayré.
• Une Palestinienne, Aminé M. S. (28 ans), a tué sa mère, Fatmé (75 ans), à Bourj Brajné en la jetant à terre en en l’assommant.
• À Ersal, dans la Békaa, Wahibé M. H. a égorgé sa fille, Souad (18 ans), qui entretenait une relation amoureuse avec un jeune homme. Elle a ensuite enterré le cadavre dans un champ proche.
• Ahmed S. K., de Sarine dans la Békaa, a brûlé vif son fils, Sadek (3 ans), après l’avoir ligoté et aspergé d’essence, à la suite d’une dispute avec sa belle-mère.
Crimes dits « d’honneur », jalousie, luxure, esprit de lucre, autant d’éléments qui contribuent à saper les assises de la famille. Surtout quand les sentences rendues viennent « récompenser » ceux qui ont commis des crimes d’honneur en les condamnant à des peines de prison dérisoires. D’autant plus que la promiscuité, née de la misère, favorise l’inceste et se...