« Mon but n’est pas d’attaquer la Syrie, mais d’obtenir son départ du Liban », précise Aoun

L’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, a fait hier une longue déclaration à la presse dans laquelle il a répondu à ses nombreux détracteurs qui lui ont notamment reproché son intervention, mercredi, devant les membres de la sous-commission des Relations internationales à la Chambre des représentants US.
Le général Aoun invoque pour sa défense « les faits indiscutables, les raisons et les preuves patentes » qu’il a évoqués dans son discours devant les représentants américains. Il invite ses détracteurs à démontrer le contraire de ce qu’il avance plutôt que de l’injurier et de l’accuser de tous les maux. « De toute évidence, nous ne sommes pas concernés par le dossier des relations américano-syriennes, et c’est seulement la restauration de la souveraineté libanaise qui nous intéresse dans ce projet de loi », a-t-il ajouté, avant de poursuivre : « J’ai inscrit la crise libanaise dans son cadre naturel. À aucun moment je n’ai donc fait allusion à des relations de crise entre les Libanais. Je n’ai même pas mentionné le Hezbollah, la résistance et leur présence au Sud. J’ai simplement insisté sur l’application des résolutions 425 et 426 qui obligent l’armée libanaise à se déployer au Sud. » Le général Aoun a encore déclaré à ce sujet : « J’ai affirmé que la démocratie était à même de régler les problèmes libanais internes, et j’ai été très clair en assurant que le Liban était déjà la victime du terrorisme, bien avant la naissance du Hezbollah, du Hamas et d’autres organisations. C’est là un fait que personne ne peut nier », a souligné le général Aoun, avant d’imputer la responsabilité de ce terrorisme « au régime syrien et à son rôle au Liban depuis 27 ans ». Et de rappeler que son but n’était pas de s’attaquer à la Syrie mais d’obtenir d’elle le retrait de ses forces du Liban.
Par ailleurs, à ceux qui l’accusent d’avoir prononcé son discours devant le Congrès américain et le lobby sioniste, l’ancien Premier ministre a répondu : « Ce n’est pas à moi de choisir les représentants du peuple américain. Aucun Libanais, Syrien ou étranger n’a le droit de décider de la partie US avec laquelle il traitera. » « De toute manière, a-t-il ajouté, ni le Congrès ni l’Administration US n’étaient dépourvus de sympathisants d’Israël et du lobby sioniste en 1990, quand le régime syrien s’est prévalu de la décision américaine pour violer la souveraineté et la décision libanaises. » D’autre part, Michel Aoun a insisté sur le fait qu’il a attendu 27 ans avant de se rendre à Washington, quand il a réalisé qu’il n’y avait plus aucune chance de sauver le Liban. De fait, selon lui, « ni les gens du pouvoir ni la Syrie n’ont proposé de solutions pour sauver le pays. Taëf n’a abouti à rien ; ils ont beaucoup parlé aussi de dialogue, de réconciliation et d’entente nationale. Résultat : les divisions n’ont fait qu’augmenter et l’entente n’a toujours pas été réalisée. Ils ont brandi en vain le slogan de la concomitance des volets. Plus récemment encore, ils se sont engagés dans une opération de réforme et dans la lutte contre la corruption ; or la corruption n’a fait que s’aggraver et la réforme n’est toujours pas appliquée », a-t-il ajouté.
Enfin, l’ancien chef du gouvernement a invité les Libanais à « tenir compte désormais de la réalité de l’équation suivante : le salut du Liban est tributaire de la conjugaison des deux volontés libanaise et internationale, et plus particulièrement américaine et onusienne ». Selon lui, « la volonté libanaise se confirme de jour en jour, et elle s’est exprimée la dernière fois à l’occasion de l’élection de Baabda-Aley ».