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Le statu quo de crise larvée appelé à se prolonger jusqu’à la présidentielle

Même le président Sélim Hoss estime qu’un changement de gouvernement ne serait pas de mise à l’heure actuelle. Pourquoi ? Parce qu’à son avis, un nouveau cabinet ne pourrait réaliser aucun progrès du côté du redressement socio-économique ou au niveau de la réforme. Donc, c’est une sorte de temps mort que le pays va observer. Jusqu’à la présidentielle qui, aux dires de Hoss, va focaliser pendant les prochains mois l’attention des cercles politiques. En conditionnant le changement de pouvoir, et ipso facto, de gouvernement. Nombre de professionnels sont du même avis réaliste que l’ancien président du Conseil. Il leur paraît évident, en effet, qu’il est inutile de remplacer le cabinet puisque rien, en fait, ne changerait.
À y regarder d’encore plus près, on constate qu’aucun présidentiable potentiel ne peut se sentir enthousiaste à l’idée d’assumer la responsabilité par ces temps de crise économique insoluble, allant de mal en pis. L’avenir du pays est compromis, autant que la carrière de chacun. En bonne logique donc, tous les intéressés, tous les candidats au pouvoir, devraient aider le gouvernement actuel à colmater les brèches, afin que la situation redevienne assez normale pour leur permettre de postuler le Sérail ou d’autres charges, sans crainte de « se casser la gueule » comme on dit familièrement. Il faut un minimum de solidarité et de coopération, surtout entre les dirigeants, au moins pour résister, pour éviter l’effondrement économique. De même, on peut déployer un effort raisonnable pour revigorer un peu l’Administration. En activant les organismes de contrôle et en renforçant l’immunité de la justice, pour la mettre un peu plus à l’abri des pressions ou des interventions politiciennes. Ces mécanismes sont du reste les bases mêmes de toute réforme, et tous les gouvernements à venir sont appelés à les adopter. Car, à tout prendre, la réhabilitation de l’Administration n’est pas une opération ponctuelle mais un processus permanent, un effort qui doit être poursuivi et développé au jour le jour. Il ne faut jamais cesser de garder l’œil bien ouvert, pour intercepter les fautifs, les pourris et les voleurs. L’épuration est une hygiène de longue haleine qui ne doit jamais sentir la vindicte.
Pour en revenir à la situation ministérielle, les professionnels cités relèvent qu’un éventuel changement de cabinet serait dû non pas à des mobiles se rapportant au redressement économique ou à la réforme, mais à une révision potentielle de l’article 49 de la Constitution. En clair : à une retouche permettant la reconduction ou la prorogation du mandat présidentiel. Si les circonstances extérieures, et les décideurs, l’autorisent. Remplacer les Trente serait alors envisageable, pour faciliter une procédure de rallonge du bail présidentiel. L’actuel ministre de l’Intérieur, Élias Murr, relève à ce propos que l’indécision, le flottement, sont préjudiciables. À son avis tant que la question de la présidentielle ne s’est pas décantée, le pays risque d’être en proie à des tensions déstabilisatrices. De leur côté, les cercles d’affaires souhaitent que la caste politique tranche rapidement. Pour que l’on sache si la reconduction est de mise ou non, afin de couper court aux tiraillements sous-jacents qui constituent comme des vibrations souterraines faisant trembler l’édifice local sur ses bases. Pour ces sources, l’escalade en cours peut affecter à la longue non seulement l’économie nationale mais aussi la stabilité sécuritaire du pays. Les organismes cités espèrent dès lors que l’on soit fixé le plus tôt et, si possible, plusieurs mois avant l’élection présidentielle. Mais cela paraît un vœu difficile à exaucer. Parce que les décideurs ont pour coutume d’attendre la derrière ligne droite pour se prononcer. Ce qui d’ailleurs se justifie actuellement par le fait que la situation régionale et internationale elle-même ne s’est pas encore éclaircie, d’une manière ou d’une autre. Il ne faut pas oublier, d’autre part, que même si d’aventure l’on apprenait que la reconduction est hors de question, il resterait beaucoup de candidats, déclarés ou non, en lice. Et la campagne qu’ils mèneraient serait inévitablement source de tensions intérieures. Il reste à savoir si les pôles politiques, responsables en tête, vont être sensibles au cri d’alarme que lancent en chœur la population et les instances socio-économiques : le pays est dans une situation si précaire qu’il ne peut supporter davantage de secousses, surtout factices, politiciennes plutôt que politiques.
Selon un pôle économique avisé, deux parties peuvent clarifier rapidement et positivement les choses en ce qui concerne la présidentielle. La Syrie d’abord, en sa qualité de grand électeur, conjointement sans doute avec les États-Unis d’Amérique. Et le président Lahoud lui-même. S’il faut prendre en considération, et en priorité, la stabilité sécuritaire dans la prochaine phase, il convient alors de s’entendre sur une personne capable d’assumer ce domaine précis. S’il faut, par contre, promouvoir le redressement économique, on doit opter pour un pôle qualifié. Si, enfin, la gravité de la situation implique un regroupement national, il faut se mettre en quête d’un rassembleur versé en politique. Revenant sur son idée de clarification, la personnalité citée répète que le président Lahoud peut, indépendamment de toute considération extérieure, se prononcer, définir sa position par rapport à la reconduction dont on parle, soit pour indiquer qu’il y est favorable, soit pour confirmer qu’il la refuse. Tant qu’il ne se résout pas à se déclarer et que les décideurs attendent, le pays restera en proie aux mêmes accès de fièvre rentrée.
Émile KHOURY
Même le président Sélim Hoss estime qu’un changement de gouvernement ne serait pas de mise à l’heure actuelle. Pourquoi ? Parce qu’à son avis, un nouveau cabinet ne pourrait réaliser aucun progrès du côté du redressement socio-économique ou au niveau de la réforme. Donc, c’est une sorte de temps mort que le pays va observer. Jusqu’à la présidentielle qui, aux...