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Rien de plus qu’un match entre radicaux et modérés…

Les tentatives de présenter Henri Hélou comme étant le candidat du pouvoir, face à Hikmat Dib qui serait celui de l’opposition, ont piteusement échoué. Car il est évident que tous les loyalistes ne sont pas avec le premier nommé, ni tous les opposants avec le second, tant s’en faut. Les deux camps sont divisés. Finalement, comme le souligne Walid Joumblatt, dans cette bataille la ligne de démarcation sépare les radicaux et les modérés. Le leader progressiste invite les électeurs à voter en masse, à sortir de toute indifférence, pour contrer l’extrémisme. Il met en garde le public contre un retour d’un courant de pensée qui représente une menace pour la paix civile et une barrière à la réconciliation que défend le patriarche Sfeir. Joumblatt précise que la compétition se livre non pas seulement au niveau des deux candidats mais aussi des tendances, des forces, qui les appuient respectivement. Ce qui signifie qu’une victoire de Dib serait une défaite tout à la fois pour le PSP, le Parti démocratique d’Arslane, le PSNS, les Kataëb, le PC, le Waad, le courant Amine Gemayel, Hezbollah et Amal. Il faudrait alors reconsidérer le plateau des alliances électorales pour l’échéance des législatives générales de 2005. Qui serait marquées par la lutte de base entre ligne modérée et extrémisme. Ce qui serait d’une importance capitale en termes de découpage électoral. Dans ce sens qu’il faudrait renoncer à la petite circonscription, qui pour l’heure a toutes les faveurs, car elle avantagerait la minorité radicale active. Dont le combat contre Taëf, pour un nouveau système, serait revigoré et facilité.
En tout cas, pour que Henri Hélou l’emporte haut la main, avec un grand écart de voix, il faut qu’Amal, le Hezbollah et les autres se mobilisent à fond, comme Joumblatt. C’est-à-dire que les formations de base ne doivent pas se contenter d’un soutien verbal au candidat qui défend, selon ses dires, les couleurs de la contestation objective à l’intérieur de la légalité. Il est nécessaire que les machines électorales des diverses forces amies soient effectivement mises en branle. De plus, il se répète que certains membres de la Rencontre démocratique ont laissé à leurs fidèles la liberté de voter comme ils voulaient. Ce qui pourrait se traduire par un apport de voix supplémentaire pour Dib. Selon d’autres bruits, certains pôles du pouvoir tentent de faciliter les choses pour Dib, afin que le résultat ne soit pas écrasant pour lui. Cela, en adoptant une attitude soi-disant neutre, au nom du non-immixtionnisme des officiels qui doivent rester équidistants de tous les candidats.
Cependant, il est difficile de reprocher au ministre de l’Intérieur de vouloir assurer un scrutin libre. Élias Murr se dit satisfait de la candidature Dib, dans laquelle il veut voir une reconnaissance aouniste de Taëf. Le fait est que pour nombre de dirigeants, le résultat de l’élection importe peu en regard de la nécessité de faire triompher la démocratie et la liberté de choix. Ils sont totalement favorables à la position objective adoptée dans ce cadre par le ministre de l’Intérieur. Qui se soucie notamment du bon déroulement, égalitaire, de la campagne. En veillant à sécuriser les meetings, tous les meetings dont ceux de Dib, pour que des trublions ne viennent pas les gâcher. Afin que chacun puisse s’exprimer librement à l’ombre de la loi. Cette orientation incite certains observateurs à estimer qu’il va y avoir un rapprochement entre le courant aouniste et un pouvoir qui rognerait par là l’emprise de l’opposition sur la rue chrétienne. D’autres vont encore plus loin sur cette voie en prédisant que la tendance irait jusqu’à la réconciliation générale et à la formation d’un cabinet d’entente nationale. Avec le retour du général Michel Aoun et une amnistie pour Samir Geagea.
En tout cas, si la dynamique reste faible dans le camp électoral de Hélou, Dib pourrait sinon gagner du moins remporter une victoire psychologique en perdant par une faible différence de suffrages. Sans compter qu’on ne saurait alors exclure une surprise à la sortie des urnes, dans le genre de celle qu’avait causée Le Pen face à Jospin, lors de la dernière présidentielle française. Cette éventualité donnerait à la partie de Baabda-Aley une portée et des conséquences très étendues. Notamment au niveau de la carte politique au sein de la collectivité chrétienne. Où des forces nouvelles monteraient en puissance et pourraient faire un coup d’éclat lors de élections de 2005, surtout au Mont-Liban.
Pour ce qui est des aounistes et de leurs alliés, ils n’ont certes pas réussi à présenter la bataille comme mettant en présence l’opposition et le pouvoir. Ils s’efforcent cependant de propager l’idée que tout compte fait, c’est bien le style, l’approche, de chacune de ces composantes qui est en lice.

Émile KHOURY
Les tentatives de présenter Henri Hélou comme étant le candidat du pouvoir, face à Hikmat Dib qui serait celui de l’opposition, ont piteusement échoué. Car il est évident que tous les loyalistes ne sont pas avec le premier nommé, ni tous les opposants avec le second, tant s’en faut. Les deux camps sont divisés. Finalement, comme le souligne Walid Joumblatt, dans cette...