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La présidentielle suscite de sourdes et lourdes tensions

Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, pense que l’incertitude qui entoure l’échéance présidentielle suscite bien des tensions, politiques autant que médiatiques. Qu’il serait bon, par conséquent, de lever le voile le plus rapidement possible. En réalité, une telle perspective génère toujours des frictions intérieures. D’autant que la plupart des présidents en place ont recherché, ouvertement ou non, la reconduction. Provoquant de la sorte de fortes réactions de refus, parlementaires ou populaires, évidemment entretenues par les autres candidats.
La différence c’est que, dans le passé, la volonté libanaise s’exprimait, avait son mot à dire au moins autant que les puissances extérieures. Aujourd’hui, l’opinion interne compte pour des clous. Les postulants n’ont plus à se préoccuper, comme jadis, de se gagner les faveurs des blocs parlementaires, des pôles politiques ou religieux. Car leur bataille se livre par rapport à des centres de décision uniquement basés à l’étranger. Dans la région comme en Occident. On relève de même que les présidents en quête d’une reconduction se souciaient, autrefois, d’avoir à leurs côtés un président du Conseil, un gouvernement et un président de la Chambre qui leur fussent acquis. Actuellement, peu importe que ces instances soient ou non aux côtés du régime. Car, comme on l’a vu sous Hraoui (confronté à un non très ferme de Berry, Hoss, Karamé, Joumblatt et Frangié), les leaderships locaux ne pèsent rien face aux décideurs. Dans cet esprit, la plupart des professionnels soulignent que si le président Lahoud souhaite proroger son bail à Baabda, il n’a pas besoin d’amadouer le haut du panier libanais. Mais de s’assurer du feu vert des tuteurs.
Pour ce qui est du timing, la décision finale n’est généralement (et c’est normal) communiquée aux députés du cru qu’en fin de parcours, parfois même en toute dernière minute. Ce qui signifie qu’en attendant, une lutte larvée va se poursuivre. Mettant en danger une cohabitation présidentielle déjà précaire. D’où, pour le pays, un risque de difficultés financières ou économiques accrues. Comme cela s’était produit sous Hraoui, la Banque centrale ayant dû alors puiser dans ses réserves un bon milliard de dollars pour protéger la livre et les marchés.
À l’heure actuelle, les postulants virtuels se dépensent, au dehors comme à l’intérieur, pour conforter leurs atouts respectifs. Ils se tirent dans les pattes, tout en se rejoignant autour d’un rejet de la reconduction. Thème qui constitue un clivage entre les courants principaux du pays. Hariri a été parmi les premiers à proclamer son rejet d’un tel projet. Il est donc logique que l’on tente de le déboulonner. Pour la simple raison qu’on a besoin de la signature du président du Conseil en place au bas d’un éventuel projet de loi visant à modifier l’article 49 de la Constitution, pour autoriser le renouvellement du mandat du chef de l’État. Certes, il est peu probable que Hariri renâclerait, si les décideurs choisissaient la reconduction. Mais les partisans et les alliés du camp lahoudiste préfèrent ne prendre aucun risque. Et continuent leurs tentatives de pousser le milliardaire vers la sortie. Cette campagne se tisse à coups de provocations délibérées, d’attaques verbales incendiaires, pour pousser Hariri hors de ses gonds, de sa coquille, pour qu’il aille à la faute, indispose les décideurs et se fasse larguer. À moins qu’excédé, il ne rende son tablier de lui-même.
Parallèlement, le harcèlement se situe au niveau de résolutions ou de décisions du Conseil des ministres qui ne peuvent que déplaire au maître de Koraytem. D’autant qu’en les acceptant, il perd de son capital communautaire, politique ou populaire. Mais jusqu’à présent, l’homme tient bon et ne se départit pas de son flegme. Tout en soulignant que si l’autre partie devait rompre la trêve, il ne manquerait pas de riposter durement, la patience ayant des limites. Il ajoute que sa volonté d’ouverture et d’apaisement ne signifie en aucun cas qu’il est prêt à brader les prérogatives de la présidence du Conseil, dont il a la garde.
L’avantage de Hariri, soulignent les professionnels, tient au fait qu’un changement de gouvernement ne serait pas dans l’intérêt conjoncturel du pays. C’est ce que souligne le ministre Sleimane Frangié. Sans compter qu’un tel changement n’est pas au programme, à l’ombre de l’actuelle situation régionale.

Émile KHOURY
Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, pense que l’incertitude qui entoure l’échéance présidentielle suscite bien des tensions, politiques autant que médiatiques. Qu’il serait bon, par conséquent, de lever le voile le plus rapidement possible. En réalité, une telle perspective génère toujours des frictions intérieures. D’autant que la plupart des présidents en...