Diplomatie - Le représentant de l’UE cet après-midi à Beyrouth dans le cadre d’une tournée dans la région Solana écoutera les responsables libanais, sans avancer de nouvelles idées

Le haut représentant de l’Union européenne pour les questions de politique extérieure et de sécurité commune, M. Javier Solana, entamera cet après-midi une visite à Beyrouth, dans le cadre d’une tournée commencée en Iran et qui l’a mené en Israël, dans les territoires occupés, en Jordanie et en Syrie.
Selon notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, un seul grand thème occupera les entretiens de M. Solana avec les responsables libanais, l’avenir de la « feuille de route » et la nécessité de rétablir la trêve entre les Palestiniens et les Israéliens.
Selon des sources bien informées, M. Solana n’aurait d’ailleurs pas envoyé au préalable à ses interlocuteurs libanais des idées à discuter. Il est fort probable qu’il ne sera même pas question de la possibilité pour le Liban et la Syrie d’intégrer le processus entamé avec l’adoption de la « feuille de route », car les Américains y seraient opposés pour l’instant. Selon les milieux diplomatiques, ils voudraient en fait donner la priorité au volet israélo-palestinien, qui connaît actuellement de graves difficultés en raison de la fin de la trêve entre le Jihad islamique et le Hamas d’une part et les Israéliens d’autre part.

Une marge de manœuvre assez étroite
Les observateurs estiment, dans ce contexte, que la marge de manœuvre de M. Solana est assez étroite, d’autant que malgré des promesses faites auparavant, il n’a pas rencontré le président de l’Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat, au cours de sa visite dans les territoires occupés. C’est d’ailleurs la première fois que le représentant de l’Union européenne, qui a toujours résisté aux pressions américaines et israéliennes exercées à ce sujet, ne rencontre pas M. Arafat au cours d’une visite dans la région. Interrogé sur ce fait, M. Solana a précisé que par souci de respecter la souveraineté de l’Union européenne, il continuera à rencontrer le président Arafat, même si, cette fois, il s’est entretenu avec d’autres personnalités palestiniennes.
Les observateurs relèvent aussi que M. Solana est revenu en Israël après une visite en Jordanie, afin de rencontrer le Premier ministre israélien, M. Ariel Sharon. À l’issue de l’entretien, M. Solana a cherché à minimiser les divergences dans les points de vue entre l’Union européenne et Israël, au sujet notamment du mur de séparation, déclarant qu’il pourrait accepter certains pans de ce mur, si celui-ci n’est pas politique. Mais M. Solana n’a pas donné de précisions sur ce qu’il entend par « mur politique ».
Pour toutes ces raisons, les milieux diplomatiques libanais ne s’attendent pas à ce que M. Solana propose de nouvelles idées. Ils estiment qu’il se contentera plutôt de sonder les opinions des responsables qu’il rencontre, afin de les exposer au cours de la réunion du quartette, qui devrait se tenir en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le 16 septembre à New York.
M. Solana, qui doit arriver à Beyrouth cet après-midi, sera d’abord reçu par le ministre des Affaires étrangères, M. Jean Obeid. Il écoutera ses explications officielles sur la position du Liban par rapport au conflit israélo-palestinien, position qui demeure inchangée malgré les pressions américaines sur les Palestiniens et sur certaines parties arabes. Pour le Liban, toute solution doit passer par des pressions sur Israël, afin qu’il mette un terme à ses agressions contre les Palestiniens et revienne à la table des négociations pour appliquer la « feuille de route », menacée de paralysie totale. Surtout avec l’approche du lancement de la campagne pour la présidentielle américaine et les difficultés rencontrées par l’armée US en Irak. Ces deux thèmes seront d’ailleurs à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, qui doit se tenir mardi prochain au Caire, et de l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, prévue le 16 septembre.