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Vie politique - Le programme du nouveau front sera élaboré ultérieurement avec le concours d’intellectuels, explique l’ex-président de la Chambre Husseini, Karamé, Hoss, Moawad, Harb et Mansour lancent leur projet de « force nationale pour le salut »

Six piliers de l’opposition, venant de diverses communautés, se sont retrouvés hier pour créer un nouveau front, en réalité le noyau dur de ce qui, dans leur esprit, est appelé à devenir une « force politique nationale » la plus large possible, destinée à sortir le pays de la crise interminable qu’il connaît sur tous les plans, politique, financier, économique, social, administratif, moral, etc.
Hussein Husseini, ancien président de la Chambre, Sélim Hoss et Omar Karamé, ex-chefs de gouvernement, Nayla Moawad et Boutros Harb, députés respectivement de Zghorta et de Batroun, et enfin Albert Mansour, ancien député de Baalbeck-Hermel, ont lancé hier cette initiative, préparée depuis plusieurs semaines, lors d’une réunion au domicile du premier, à Aïn el-Tiné.
À l’issue de la réunion, M. Husseini a donné lecture d’un communiqué annonçant cette initiative, avant de répondre aux questions des journalistes. Il a souligné que le projet allait bien au-delà d’un simple changement gouvernemental ou de la réforme administrative prônée par le chef de l’État Émile Lahoud.
Mais l’ancien président de la Chambre s’est refusé à entrer dans les détails, indiquant que le programme du nouveau regroupement devra être élaboré avec le concours d’intellectuels. Les six ont annoncé la formation d’un comité national à cet effet, sans préciser toutefois quand ce comité devra mettre au point le projet.
« Les participants à la réunion ont décidé d’instaurer une coopération permanente entre eux dans le but de parvenir à la formation d’une force politique nationale dont l’objectif sera de stopper l’effondrement du pays et de réaliser la réforme par le biais de la restructuration de l’autorité de l’État, conformément aux dispositions de la Constitution et du document d’entente nationale (les accords de Taëf). Le but est de répondre aux besoins et aux espoirs des Libanais et de faire face au défi qu’affrontent le Liban et tous les Arabes », indique le communiqué lu par M. Husseini.
« Cet objectif, poursuit le communiqué, est rendu nécessaire par la situation à laquelle nous sommes parvenus et les périls devant lesquels nous ont menés des agissements qui n’ont aucun fondement ni dans la Constitution ni dans le document d’entente nationale ».

Corruption et désinvolture
« En fait, ces agissements sont le fruit d’une généralisation de la corruption et de la désinvolture, due à des causes diverses, parmi lesquelles le fanatisme d’ordre confessionnel, qui empêche tout contrôle par le peuple des actions de ceux qui gouvernent en son nom, quels qu’ils soient », accuse le texte.
« Il est clair que notre objectif nécessite la mobilisation des potentiels de l’ensemble des Libanais (...) mais il est tout aussi évident que pour être en mesure de l’atteindre, il nous faut partir de cette rencontre et la considérer comme un premier pas sur la voie d’un élargissement de ce groupe jusqu’à couvrir tous les secteurs et toutes les régions, tant au niveau de la direction du mouvement qu’à celui de la base », ajoute le communiqué des six.
« Sur ce chemin, il nous faudra du courage, mais aussi de la sagesse. Les opinions seront les bienvenues, mais aussi l’action », note-t-il.
« C’est pour ces raisons que les participants ont décidé de créer un comité national regroupant une élite d’intellectuels et de chercheurs dans le domaine public afin de contribuer à l’élaboration de ce projet dans ses nécessaires détails et le mettre en application, indique le texte. Ils ont également décidé de se réunir régulièrement, dans le cadre d’un front national, pour suivre le développement de ce processus et prendre, au niveau national, ce qu’il faudra d’initiatives et de positions communes. »
« En faisant part de ces orientations, les participants à la réunion souhaitent que cette proclamation parvienne aux cœurs et à l’intelligence des Libanaises et des Libanais, des jeunes, des élites instruites et des travailleurs, et les incite à prendre part à la défense de leur droit à une vie digne, à l’ombre d’un système démocratique sain », conclut le communiqué.

Un « discours national »
Interrogé par la presse sur les raisons du « timing » de cette initiative, M. Husseini a répondu : « Parce que l’effondrement a atteint un niveau tellement dangereux qu’il a fallu accélérer les démarches afin de pouvoir être en mesure de faire face à la situation. »
Pour l’ancien président de la Chambre, l’objectif est « le salut » du pays. Quant à la question d’un changement de gouvernement, « il s’agit de l’un des moyens utilisables, mais le moment n’est pas encore venu d’en parler ». « À ce stade, il faut s’employer à créer le climat nécessaire à la transformation du discours politique afin qu’il devienne un discours national », a-t-il déclaré.
À la question de savoir ce qui rapproche entre eux les six piliers de cette nouvelle coalition, M. Husseini a dit : « C’est une bonne question parce que votre génération doit savoir comment Rachid Karamé (l’ancien Premier ministre assassiné en 1987) avait commencé la voie qu’il a suivie. C’est cette même voie que son frère Omar a adoptée. C’est aussi la même ligne que défend Sélim Hoss depuis 1976. René Moawad a été élu président puis assassiné (en 1989) alors qu’il suivait le même chemin. Et enfin, Boutros Harb, Albert Mansour et moi-même, nous sommes parmi les forçats de la cause ».
Soulignant qu’il n’y avait pas « à (sa) connaissance » de contradiction dans le fait que Mme Moawad et M. Harb sont membres à la fois des Assises de Kornet Chehwane et du nouveau regroupement, M. Husseini a voulu, d’autre part, éviter de répondre à un journaliste qui cherchait à savoir si ce rassemblement avait les moyens d’imposer son « candidat », Omar Karamé, à la présidence du Conseil.
L’ancien président de la Chambre a commencé par réaffirmer que l’objectif du nouveau front était de former un « regroupement politique national » destiné à sortir le pays de sa crise et à « créer un contexte dans lequel les Libanais seront en mesure de réedifier leur État, conformément aux dispositions de la Constitution et de Taëf, en partant d’une nouvelle loi électorale et de la réhabilitation des institutions ».
Mais devant l’insistance du journaliste, M. Husseini a répondu : « Pourquoi faut-il, chaque fois que nous mettons sur la table un projet de sauvetage national, descendre jusqu’au niveau des ambitions personnelles ? D’abord, Omar Karamé est très loin de telles ambitions et ensuite, personne n’a dit que nous nous satisferions de telle ou telle nomination qui serait proposée à M. Karamé, à M. Hoss ou à l’un d’entre nous, en l’absence de cette force politique nationale que nous recherchons et qui permettrait de réussir dans la réforme. »

La réforme, une action
permanente
Interrogé sur l’initiative du président de la République Émile Lahoud de lancer le chantier de la réforme administrative, M. Husseini a souligné que l’objectif du front était « plus global ». « Mais je n’ai pas le droit d’en fournir les détails tant que nous n’avons pas réuni les intellectuels appelés précisément à élaborer avec nous ces détails », a-t-il dit.
En tout état de cause, a poursuivi M. Husseini, « la réforme est une action permanente. Ce n’est pas une affaire qui se conclut en une minute ». « Mais nous sommes favorables à toute initiative réformatrice », a-t-il ajouté.
Pourquoi créer un nouveau rassemblement alors que les regroupements et les partis politiques existants « ne font rien » ? lui a-t-on demandé. « Nous aspirons à créer un mouvement regroupant un grand nombre de Libanais pour qu’ils fassent quelque chose », a répondu l’ancien chef du Législatif, affirmant qu’il faudra « relancer le processus d’entente nationale et celui de l’édification des institutions de l’État ».
Il a éludé toute indication sur le point de savoir si le front était en fait opposé principalement au Premier ministre, Rafic Hariri, plutôt qu’au chef de l’État, et a tout aussi bien fait preuve de circonspection lorsqu’il a été prié de dire pourquoi Nassib Lahoud, député du Metn et président du Mouvement pour le renouveau démocratique, n’a pas adhéré au nouveau front. « Il nous faut partir de quelque part. Il y a des considérations que j’ai évoquées », s’est-il contenté de répondre, sans plus de précision.
Il a conclu en insistant à nouveau sur le fait que le changement gouvernemental n’est nullement la panacée. « Il ne s’agit pas de remplacer un gouvernement par un autre, mais de mobiliser tout le potentiel des Libanais au niveau national afin que les objectifs nationaux demeurent omniprésents. À l’heure actuelle, les divergences et les tiraillements politiques n’ont rien à voir avec les objectifs nationaux », a-t-il dit.
Six piliers de l’opposition, venant de diverses communautés, se sont retrouvés hier pour créer un nouveau front, en réalité le noyau dur de ce qui, dans leur esprit, est appelé à devenir une « force politique nationale » la plus large possible, destinée à sortir le pays de la crise interminable qu’il connaît sur tous les plans, politique, financier, économique, social,...