Reçu par Sfeir, E. Karamé exhorte les opposants à éviter les polémiques intestines (photo)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a reçu hier au siège patriarcal d’été, à Dimane (Liban-Nord), une délégation du Rassemblement de Kornet Chehwane, comprenant les députés Farès Souhaid et Mansour el-Bone et M. Samir Frangié, ainsi qu’une délégation de l’opposition Kataëb, conduite par l’ancien leader du parti, M. Élie Karamé, qui était accompagné de MM. Antoine Moarbès et Chaker Aoun. Le patriarche Sfeir a également conféré avec l’ancien député Nadim Salem. Ces entretiens ont été axés sur conjoncture politique locale, plus particulièrement en ce qui concerne l’échéance du scrutin partiel de Baabda-Aley qui doit avoir lieu le 14 septembre pour pourvoir au siège maronite de Aley vacant depuis le décès de Pierre Hélou.
À sa sortie du siège patriarcal de Dimane, M. Souhaid a fait état d’une concordance de vues « totale » entre le Rassemblement de Kornet Chehwane et le cardinal Sfeir au sujet du scrutin de Baabda-Aley. Répondant aux questions des journalistes, M. Souhaid a affirmé que Kornet Chehwane conservait sa cohésion politique interne, en dépit de toutes les difficultés actuelles.
Prié de commenter la participation de certains membres de KC à d’autres groupements politiques (allusion à l’adhésion de Mme Nayla Moawad et, M. Boutros Harb au projet de front d’opposition annoncé hier au domicile de M. Hussein Husseini), M. Souhaid a déclaré : « Depuis son premier communiqué d’avril 2001, le souci principal du Rassemblement de Kornet Chehwane est de préserver l’unité du Liban, de favoriser la rencontre entre chrétiens et musulmans et de renforcer la cohésion nationale. Tout rassemblement qui regrouperait des chrétiens et des musulmans est utile pour le Liban. La question est de savoir quel est le but de ces rassemblements. Ont-ils pour objectif de répondre à des calculs politiques internes ou, au contraire, comme le préconise le rassemblement de Kornet Chehwane, de permettre au Liban de sortir du marasme actuel ? »
Après avoir indiqué que KC tiendra une réunion demain mercredi, M. Souhaid a affirmé que le Rassemblement maintenait sa cohésion interne « en dépit des doutes entretenus par ses détracteurs ». « Kornet Chehwane, a souligné M. Souhaid, est passé par des moments beaucoup plus difficiles. La bataille de Baabda-Aley est secondaire. Notre rassemblement a réussi à surmonter toutes les difficultés et il continuera à suivre de près l’évolution de la conjoncture interne afin de contribuer à améliorer la situation dans le pays. »
M. Souhaid a, d’autre part, indiqué que la réunion que KC tiendra demain sera axée essentiellement sur la bataille de Baabda-Aley. « Il est absurde de considérer, au sujet de cette bataille, que la coexistence et la pratique démocratique sont incompatibles, a-t-il déclaré. La démocratie n’est nullement en contradiction avec la coexistence, et le contraire est vrai. »
Signalons que le cardinal Sfeir devait retenir MM. Souhaid, el-Bone et Frangié à déjeuner.
Pour en revenir à l’ancien leader des Kataëb, il a mis l’accent, à l’issue de sa réunion avec le patriarche maronite, sur la nécessité d’aboutir à une réconciliation et une unité nationales véritables en vue de régler les problèmes socio-économiques auxquels est confronté le pays. « Cela n’est possible, a notamment déclaré M. Karamé, qu’en préservant l’unité de toutes les fractions de l’opposition. Dans les circonstances présentes, et en raison des dangers qui planent sur le Liban et la région, à la lumière des échéances qui pointent à l’horizon sur le double plan local et régional, il est impératif de dépasser les susceptibilités et les contradictions internes afin d’unifier toutes les fractions de l’opposition, sans exception, sur base des constantes proclamées par Bkerké depuis trois ans. »
Après avoir souligné que l’opposition Kataëb soutient le candidat aouniste, Hikmat Dib, au scrutin partiel de Baabda-Aley, M. Karamé a déclaré : « Il faut mettre un terme aux surenchères entre les fractions de l’opposition, quelle que soit leur position concernant le scrutin partiel. Nous rejetons toute guerre d’élimination politique entre les opposants. La première guerre d’élimination (en 1990, entre les Forces libanaises et les unités du général Michel Aoun) a suffit. Nous exhortons tous les opposants, à commencer par le général Aoun et en passant par les membres de Kornet Chehwane, à éviter toutes les polémiques intestines. »