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Écran noir - En boucle, circuit Baabda-Koraytem L’Année du Dragon, Le Grand Duel & Hara-Kiri ***

« Ils n’ont rien oublié. Ni rien appris. »
Napoléon

La jungle sinistre de Rabyé. Une scène haletante. En gros plan, le Dragon de Komodo. Qui n’a pas l’air commode. En face, les héros. Saint Georges. Clooney. Et Keanu (Ki est né où ? Mais ici, chez nous !) Reeves. Ils paralysent le monstre. En imitant les voix. De notre majorité silencieuse. Et néanmoins parlementaire. Soudain, au plus fort du suspense, coupure. De pub, comme chez J-P. Foucault ? Non, d’électricité. Le courant ne passe plus. S’il a jamais passé, entre projectionnistes. Dans le noir (prochain), les spectateurs hurlent : Lumière ! Puis : Remboursez ! Remboursez ! Mais le Système est parti avec la caisse. En laissant des dettes derrière lui. Comme Al-Madina (aucun rapport avec le théâtre homonyme, qui ne fait pas son cinéma !).
Flash-back (retour de manivelle, ouille !). Allons-y crescendo. Du flirt à la haine. Des fiançailles au divorce. D’abord, à tout seigneur tout honneur, l’heureuse famille des lahoudistes. Pakradouni y occupe un espace de choix (judicieux, car c’est un grand communicant) : émetteur porte-voix tous azimuts. Que proclame ce ministre-hérault ? Que la réforme administrative, la lutte contre la corruption politique (suivez son lourd regard) passent avant les privatisations. C’est-à-dire avant le redressement économique, cheval de bataille et priorité des haririens. En d’autres termes, le but suprême c’est la reconduction. Que d’ailleurs Pakradouni revendique ouvertement.
Hariri, qui communique lui-même, parce qu’il n’a pas d’apparences, ou de prestige de fonction, à sauver, répond sobrement : l’économique d’abord. Bayard approximatif (car s’il est sans peur, il n’est sans doute pas sans reproche), il a la chance d’avoir objectivement raison. Le pain passe avant tout. Mais Hariri n’est pas gagnant pour autant. Car dans un bras de fer personnalisé, la logique pèse peu. Et dans son cas, il se trouve pour ainsi dire handicapé par une sournoise lutte des classes. Comme Machiavel le relevait, « ceux qui de particuliers deviennent princes seulement par les faveurs de la fortune ont peu de peine à réussir, mais infiniment à se maintenir ». Il a beau faire le beau, tenter d’amadouer le régime, on veut à tout prix le dégommer. Machiavel, toujours lui, disait à ce propos : « C’est une erreur de croire que chez les grands personnages, des services nouveaux fassent oublier les anciennes offenses. »
Bref, en cette rentrée de septembre, la lutte au sommet entre dans sa phase finale. Dans la perspective d’un dernier round, qui a pour nom la présidentielle. La teneur du débat en cours signifie deux choses. D’abord que l’on affuble d’un costume soi-disant idéologique un conflit d’ordre clairement personnel.
Ensuite, enfin et surtout, que le pays va droit dans le mur. Et qu’au bout du compte, les duellistes pourraient bien ne plus régner que sur des ruines fumantes. L’implosion du pouvoir et une explosion au niveau de la rue.
Dans quelques mois, voire quelques semaines, si le problème de l’électricité n’est pas résolu. Et, malheureusement, on voit mal comment il pourrait l’être pour de bon : le passif crève tous les plafonds et l’endettement-palliatif atteint maintenant ses toutes dernières limites. D’où une impossibilité de privatisation. Ce qui amène ce constat : le Liban, au lieu de tenir les engagements pris à Paris II, les a totalement trahis. En reculant encore vers le bord du gouffre. Principalement à cause, répétons-le avec Berry, du bras de fer entre les deux têtes de l’Exécutif.
Pour conclure, cette pensée tirée du Prince de l’incontournable Machiavel : « Il est moins dangereux de charger d’une mission un homme ordinaire que deux hommes supérieurs revêtus d’une égale autorité. « C’est là une évidente, une première vérité.

Jean ISSA

*– The Year of the Dragon, Michael Cimino, 1985.
*– Il grande duello, Giancarlo Santi, 1972.
*– Seppuku, Masaki Kobayashi, 1963.
« Ils n’ont rien oublié. Ni rien appris. »NapoléonLa jungle sinistre de Rabyé. Une scène haletante. En gros plan, le Dragon de Komodo. Qui n’a pas l’air commode. En face, les héros. Saint Georges. Clooney. Et Keanu (Ki est né où ? Mais ici, chez nous !) Reeves. Ils paralysent le monstre. En imitant les voix. De notre majorité silencieuse. Et néanmoins parlementaire....