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Développement - Revu et corrigé par J. L. Mainguy, un projet ambitieux de l’association Ayadina Douwémeré, une rue pilote pour faire de Nabaa une banlieue riante(photos)

Donner un air de gaieté à l’une des rues du quartier de Nabaa ; restaurer et réhabiliter les habitations populaires du secteur en donnant à leurs façades extérieures des couleurs vives mais sobres, tout en rénovant l’intérieur des bâtiments et, parallèlement, réparer dans la mesure du possible l’infrastructure de la région afin que la vie au quotidien soit plus aisée et un peu plus facile : tel est le pari lancé par l’association caritative Ayadina. Un pari, certes, difficile à relever, mais néanmoins salutaire, voire vital, compte tenu de la situation peu enviable du quartier en question. Difficile de croire, en effet, que Nabaa est à quelques minutes des grandes artères et des luxueux hôtels qui déroulent leur tapis rouge pour les « Rich and Famous ». Ici, la population vit dans des conditions pitoyables, dans une pauvreté écrasante, insupportable. D’un quartier à l’autre, les portes closes dissimulent les secrets des familles démunies, ces épaves, des pauvres hères charriés là par on ne sait quelle vague de misère ou de déveine. Des destins individuels qui, additionnés les uns aux autres, constituent bel et bien un drame collectif et national.
Quadrillant le terrain, une dizaine d’ONG tentent de répondre aux besoins urgents de cette société au malaise croissant. Mais les moyens manquent toujours et ne peuvent coiffer tous les démunis. L’Université américaine de Beyrouth ouvre ses portes, le samedi 31 mai, à un bazar organisé par l’association caritative Ayadina. La vente des produits assurera les besoins des personnes du troisième âge qui, vu leurs conditions modestes, ne sont pas accueillies dans les asiles de vieillards !
Pour ces mêmes têtes blanches fixant de leurs yeux mornes les murs gris de leur ruelle baignée dans un effluve d’odeurs qui agacent les narines, Ayadina, et plus précisément Maya Naggear, vise un autre projet et pas des moindres : balayer le spectacle désolant de la misère en donnant un coup de net à ces taudis immondes empilés comme des nids d’oiseaux et sauver ce qui reste de la dignité humaine bafouée, en déposant dans son quotidien un rayon de soleil. Amie de l’association et grand supporter des questions de patrimoine et d’environnement, May Zouein fait appel à l’architecte d’intérieur Jean-Louis Mainguy qui, enthousiasmé, planche illico sur le sujet. Le projet est, aujourd’hui, fin prêt. Il a été soumis au conseil municipal de Sin el-Fil. Nous savons toutefois qu’il serait illusoire d’attendre des solutions miraculeuses de la municipalité qui n’a pas vraiment les moyens administratifs ou financiers pour lutter contre la laideur ambiante, l’initiative privée s’avère le seul lubrifiant efficace. Des sponsors seront donc sollicités.
Longue d’une centaine de mètres, dotée d’une école publique et d’un bel escalier la reliant à un autre quartier, Douwémeré sera la rue pilote. L’étude établie par Jean-Louis Mainguy pour son embellissement comprend deux phases : la réhabilitation de l’infrastructure et la rénovation des façades des bâtiments, intérieurs compris. Tout d’abord, une série de travaux devraient être exécutés pour résoudre le problème des eaux usées, mais aussi des eaux de pluie qui provoquent d’importants dégâts chaque hiver, noyant la rue et inondant les maisons. De même, les installations électriques devraient être réparées ou remplacées ; la route asphaltée et les trottoirs pavés.
Balayer les stigmates du temps et les outrages de la misère est le second chapitre du projet. Pour dissiper la grisaille ambiante et habiller les bâtiments de lumière, l’architecte d’intérieur préconise une palette de tons jaunes, doucement dégradés. Certaines façades extrêmement laides seront ponctuées d’éléments décoratifs, peints en trompe-l’œil : fenêtre, arcade, oiseau, pin parasol se greffent au paysage alors que, plus loin, les anciens garages exposent à grands coups de pinceaux devantures de libraire et de boutique artisanale. Le point focal reste toutefois l’école publique dont l’aspect sinistre évoque une prison. Elle est traitée avec des dégradés de bleu et une note d’humour : sur les barreaux du portail principal, JLM « cartoon » un léopard s’échappant de sa cage. Les enfants mis aussi à contribution donnent libre cours à leurs rêves en dessinant leur quartier : arbres, fleurs, jardins, oiseaux, petites maisons coiffées de tuiles... seront reproduits sur un pan de mur.
Et ce n’est pas tout. Comme déjà signalé, un bel escalier, aux marches très larges, se dresse au bout de la rue. JLM lui donne des allures d’un jardin public où trois plates-formes supportant des bancs et des pots de plantes accueillent dans une atmosphère amicale les réunions des gens du quartier... qui, eux, sont appelés à mettre un peu d’ordre dans leur intérieur. En effet, le programme d’embellissement de la rue Douwémeré prévoit une remise en état de la plomberie et de la peinture de la maison. Des balcons garnis de pots de fleurs qui seront offerts par une pépinière soutenant le projet. Des rideaux extérieurs déclinés en bleu et blanc, pour faire contraste avec le jaune environnant. Et faire un pied de nez à la tristesse qui se dégage des choses tombées en désuétude.
Serait-il illusoire de trouver les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet ? Serait-il trop demander un environnement meilleur pour une population déjà trop défavorisée ? L’avenir nous le dira.

May MAKAREM
Donner un air de gaieté à l’une des rues du quartier de Nabaa ; restaurer et réhabiliter les habitations populaires du secteur en donnant à leurs façades extérieures des couleurs vives mais sobres, tout en rénovant l’intérieur des bâtiments et, parallèlement, réparer dans la mesure du possible l’infrastructure de la région afin que la vie au quotidien soit plus aisée et un peu...