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Et pour vous, ce sera ?

– Trois cents millions de dollars, s’il vous plaît !
C’est Hariri qui attaque le morceau. Et qui attaque tout court. Il met ouvertement le régime au défi de réviser la Constitution. Ensuite, il fait affront au président en lui opposant un insolent démenti au sujet du projet de deuxième palais des congrès à Dbayé. Il tire aussi sur Berry en lui refusant des crédits. Pourquoi cette agressivité ? Parce que Hariri se sent en position de force. Il est bien en cour en Arabie saoudite ; il est l’ami de Chirac, le président français ; il visite régulièrement le Vatican ; il est lié à ses pairs milliardaires qui gouvernent leur pays, comme Mahathir le Malaisien ou Berlusconi l’Italien. Il est, par définition, communautaire, plus proche des Palestiniens ou des Koweïtiens que les autres dirigeants libanais ; il bénéficie, du côté syrien, d’un contrat de location réciproque et mutuelle : ils lui prêtent la présidence du Conseil et il leur prête son extraordinaire carnet d’adresses, en jouant pour leur compte les ambassadeurs tout aussi extraordinaires. Surtout auprès des Américains, dont il est le moins éloigné sur la scène locale. Alors que les autres, tous les autres, n’ont qu’une seule (et même référence), un seul contact, un seul appui. Qui n’a pas besoin d’eux dans la partie internationale cruciale qui se joue actuellement. Un tuteur qui, de plus, se trouve sinon isolé et affaibli, du moins trop occupé pour se préoccuper des caprices de ses innombrables pupilles. Ce qui fait qu’en définitive la règle d’or, diviser pour régner (illustrée par le compagnonnage contre nature imposé à la tête du pouvoir), se retourne contre les décideurs. Un peu (beaucoup ?) coincés pour le moment, ils auraient effectivement besoin de disposer d’une carte libanaise unifiée. S’ils ont l’heureuse surprise de bénéficier d’une nette tolérance conjoncturelle de la part de Bkerké, ils se trouvent par contre confrontés à la déstabilisation interne du camp dit loyaliste qui leur est favorable. Face aux Américains et aux Français qui exigent leur départ, ils ne peuvent guère prétendre que leur présence parentale assure l’équilibre, l’harmonie, la bonne marche de l’État et du pouvoir libanais qu’ils sont chargés d’élever.
– Et l’on revient ainsi aux trois cents millions. À ce propos, une exclamation admirative fuse tout de suite : ah les braves, les honnêtes gens ! Chéhab le probe, le vertueux aurait été fier d’eux. Ils ne reculent devant aucun sacrifice pour le bien public. Ils rivalisent d’une touchante émulation pour servir. Leurs zones respectives d’influence, les intérêts de leurs expropriés propres ou de leur population scolaire. C’est en effet pour dédommager des gens, notamment autour du siège prévu pour le palais de Saddam, pardon pour le palais des congrès, ainsi que pour bâtir 26 nouvelles écoles, que ces trois cents millions vont être investis. Après avoir augmenté d’autant une dette publique de quelque trente-quatre milliards, car les fonds vont être fournis par une nouvelle émission de bons du Trésor. Qui, avec le paiement des intérêts, va accroître d’un pour cent les onze mille dollars que chaque Libanais doit dès sa venue au monde. Vus sous un autre angle, les trois cents millions représentent un manque à percevoir de mille dollars pour les familles nécessiteuses dont les revenus annuels n’excèdent pas les mille cinq cents dollars. Mais où est donc Paris II, où sont les efforts d’assainissement gestionnaire promis ? La course aux dépenses effrénées, incontrôlées et de surcroît disputatives reprend de plus belle. Au point qu’on se demande, deuxième référence obligée à Saddam, si le système en place ici n’est pas pris du syndrome de nettoyage des caisses avant... le saut dans l’inconnu ou la fuite en avant.
Jean ISSA
– Trois cents millions de dollars, s’il vous plaît !C’est Hariri qui attaque le morceau. Et qui attaque tout court. Il met ouvertement le régime au défi de réviser la Constitution. Ensuite, il fait affront au président en lui opposant un insolent démenti au sujet du projet de deuxième palais des congrès à Dbayé. Il tire aussi sur Berry en lui refusant des crédits....