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LIBAN-SYRIE - Les suites de la rencontre de Anjar Hariri et Damas : il reste un peu de chemin à faire...

Il ne faut pas sauter aux conclusions. Ni dans un sens ni dans l’autre. Pour certains, tout est maintenant parfaitement normalisé, au niveau des relations entre Hariri et les décideurs. Pour d’autres, c’est le contraire. Du moment, martèlent-ils, que l’intéressé s’est vu refuser une demande d’audience présentée au palais des Mouhajirine. Sous prétexte d’un agenda présidentiel syrien trop chargé. Ce qui constitue, en quelque sorte, une excuse aggravante, voire presque outrageante. Car nul n’oublie qu’en pleine crise irakienne, le même palais des Mouhajirine était le théâtre d’un défilé incessant de personnalités libanaises, souvent du second rang, le président syrien acceptant de recevoir tout le monde, malgré ses préoccupations.
En fait, pour en revenir à Hariri, il se trouve, ou se retrouve, aujourd’hui à mi-chemin. C’est-à-dire à Anjar, où il n’a pas hésité à se rendre, tout président du Conseil libanais qu’il soit, pour rencontrer l’officier traitant syrien du dossier libanais, le général Rustom Ghazalé. Le mi-chemin haririen sur la route de Damas est également confirmé par les visiteurs qui retournent des bords du Barada. Qui, à l’instar du plus auguste d’entre eux, Walid Joumblatt, répandent maintenant la bonne nouvelle, sinon la bonne parole : les Syriens se tiennent strictement équidistants de tous les dirigeants du cru. C’est-à-dire des deux têtes de l’Exécutif. Ils ne favorisent aucun président au détriment de l’autre. Mais soulignent qu’il faut respecter l’esprit même de la Constitution, qui établit la primauté morale de la présidence de la République. Les décideurs en font même une ligne rouge. Ce qui laisse entendre que différence de degré d’échelle oblige, en cas de rapports de force, ils soutiennent le régime avant tout.
La règle du jeu étant ainsi établie, les Syriens souhaitent justement calmer le jeu. Ils multiplient, encore une fois, les conseils d’apaisement aux protagonistes locaux. Et, pour se montrer conséquents avec eux-mêmes, ils acceptent que Hariri se rapproche d’eux. En faisant de leur côté un petit pas dans sa direction. Comme semble le prouver la visite amicale, rendue récemment au couple Hariri par le vice-président Khaddam accompagné de son épouse. L’on a certes pris soin, des deux côtés, de relever qu’il s’agit là d’une rencontre d’ordre éminemment privé et familial. Mais il semble douteux qu’à dîner, les deux hommes aient échangé des pronostics sur le championnat de football à Zanzibar plutôt que des vues sur la politique locale. On notera, dans le même contexte, que l’entrevue de Hariri avec Ghazalé a duré quatre bonnes heures. C’est dire si les franches explications présumées sont entrées dans le détail, du plus futile au plus grave, en passant sans doute par le plus cuisant. Hariri semble s’en être bien sorti. Il en est sorti, en tout cas, visiblement rasséréné. En proclamant à la cantonade que ses liens avec la Syrie sont plus solides que jamais. Obtenant apparemment, en contrepartie de cette déclaration de loyauté, que ses adversaires au sein du camp loyaliste mettent un terme à leurs sarcasmes. Et cessent d’affirmer qu’il est tombé en disgrâce. On a pu entendre en effet des pôles considérés comme des hérauts officieux de Damas souligner que les décideurs se lavent les mains de ceux qui attaquent ou veulent affaiblir davantage le Premier ministre. En précisant, cerise sur le gâteau, qu’ils sont franchement agacés que l’on puisse en la matière prétendre répercuter leurs vues propres. Un démenti en règle, qui a un peu tardé (et l’on peut s’en étonner), mais qui est net.
C’est dans ce cadre que devait se tenir hier soir une réunion entre le Premier ministre et M. Joumblatt. L’entretien n’a finalement pas eu lieu.
Il reste que les observateurs s’attendent que Hariri trouve porte ouverte à Damas et s’y rende bientôt. Détail insolite : lui et Joumblatt auront connu, à quelques bons mois d’intervalle, la même mésaventure de se voir déconseiller le passage de la frontière.
Philippe ABI-AKL
Il ne faut pas sauter aux conclusions. Ni dans un sens ni dans l’autre. Pour certains, tout est maintenant parfaitement normalisé, au niveau des relations entre Hariri et les décideurs. Pour d’autres, c’est le contraire. Du moment, martèlent-ils, que l’intéressé s’est vu refuser une demande d’audience présentée au palais des Mouhajirine. Sous prétexte d’un agenda...