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Organisations - Réduction de l’extrême pauvreté, thème principal du rapport mondial sur le développement humain Pour la deuxième année consécutive, le Liban chute dans le classement du Pnud

En l’espace d’un an, le Liban a perdu huit places au classement du rapport annuel du Pnud. Selon l’indicateur du développement humain (IDH) qui prend en considération trois composantes, l’espérance de vie, le niveau d’études et d’instruction et le revenu par habitant, le pays occupe, dans le document de cette année, le 83e rang sur une liste de 175 États (de la Norvège, 1er rang, à la Sierra Leone, 175e). En juillet dernier, le Liban, qui occupait la 75e place au classement, avait déjà dégringolé de dix rangs. Notre pays a donc perdu 18 places au classement du Pnud en l’espace de 24 mois.

Hier, place Riad el-Solh, contrairement aux deux années précédentes, où l’on présentait des chiffres sur le Liban, le comparant parfois avec des pays voisins, notamment Chypre (sur la démocratie – thème du rapport 2002) et la Syrie (sur les nouvelles technologies – thème du rapport 2001), aucun chiffre, aucune statistique n’ont été dispensés, mis à part le classement du Liban au 83e rang de la liste.
Un document manquait hier aux piles de papiers que l’on distribuait d’habitude aux journalistes, celui d’un tableau présentant les 175 pays où figurent des données chiffrées sur les taux d’alphabétisation, l’accès à l’eau potable, la mortalité infantile, la malnutrition et d’autres statistiques encore.
Personnalités et conseillers présents à la Maison des Nations unies tentaient de minimiser, voire de ne prêter que très peu d’importance à la dégringolade libanaise. Certains disaient que c’est la manière de calculer les indices qui a joué un rôle dans cette chute, alors que d’autres indiquaient que la façon de procéder n’a pas changé depuis six ans.
Certains disaient que ce devait être le revenu par habitant qui avait diminué, alors que d’autres accusaient une baisse dans le niveau d’études et d’instruction, pourtant un point fort au Liban, par rapport aux pays de la région. Quelques-uns comparaient le pays à un enfant en classe : ses notes n’ont pas changé, mais ses camarades ont progressé ou régressé.
D’ailleurs, il est vrai que le classement peut changer suite à d’infimes variations. N’empêche que la Norvège et la Sierra Leone sont restées, malgré toutes ces fluctuations, respectivement les premier et dernier de la classe. En somme, les journalistes en quête de données chiffrées ou d’explications à ce sujet sont restés hier sur leur faim.
C’est que le CDR et le Pnud sont en train de préparer un rapport local ayant le même thème que le document préparé à New York et rendu public à partir de Dublin (Irlande), mardi dernier. Ce document mondial présente cette année une sorte de pacte entre les pays pour vaincre la pauvreté humaine ainsi que huit objectifs à atteindre avant 2015, donnant une nouvelle approche de l’aide au développement.
Le document libanais qui sera rendu public le mois prochain devrait exposer la situation libanaise vis-à-vis de ces huit objectifs : réduire l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le sida, le paludisme et d’autres maladies, assurer un environnement durable et mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
Les progrès effectués, les défis à relever, les points forts et les recommandations devraient également figurer dans le rapport. Cette étude conjointe du Pnud et du CDR qui sera prochainement publiée a été préparée par un comité représentant le gouvernement, le Conseil économique et social, la société civile et les agences onusiennes.
Hier au cours d’une conférence de presse tenue place Riad el-Solh, le coordinateur résident des Nations unies, Yves de San, a présenté le rapport du Pnud soulignant qu’il existe « 59 pays prioritaires » qui n’atteindront manifestement pas les objectifs fixés pour 2015, six d’entre eux appartenant au monde arabe : Djibouti, l’Irak, la Somalie, Oman, le Yémen et le Soudan. Mme Amal Karaké, coordinatrice auprès du Pnud et du CDR pour la rédaction du rapport, a pris la parole pour annoncer la publication prochaine du document.
Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, M. de San a indiqué que « le Liban ne figure que dans trois pages du rapport, une fois dans une analyse, et à deux reprises dans des tableaux sur le monde arabe », soulignant que le rapport met l’accent sur « les 59 pays prioritaires ». Se penchant sur l’importance des partenariats qui devraient être encouragés entre les pays du Nord et du Sud, il a indiqué que « pour la première fois depuis vingt ans, plusieurs pays, dont notamment les États-Unis, la France et la Belgique , se sont engagés à augmenter leur aide au développement ».
Indiquant que le Liban ne figure pas parmi les 59 pays prioritaires, il a souligné l’importance du document qui sera publié « dans la mesure où il mettra en lumière les huit thèmes et aidera à planifier l’avenir et comparer le Liban à d’autres pays pour comprendre son échec ou sa réussite dans tel ou tel domaine », a-t-il dit. « Pour les Libanais, ce rapport devrait allier les objectifs du millénaire aux buts fixés par le pays lui-même en matière de développement humain », a-t-il poursuivi.
Est-ce que le Liban a fixé ses priorités où se cherche-t-il encore ? Pour M. de San, « la réduction du service de la dette constitue une priorité inéluctable », ajoutant que « les travaux d’infrastructure et le rôle très compliqué du ministère des Finances ne suffisent pas et qu’il faut mettre le développement humain au centre des choses ». Et de poursuivre : « Si on regarde le rang du Liban par rapport aux autres pays, il se débrouille quand même mieux sur le plan du développement humain que sur le plan de la croissance économique ». Prenant la parole, Christian de Clerq, conseiller principal du coordinateur résident, a souligné à L’Orient-Le Jour, « l’importance du rôle des ménages dans ce développement durable libanais, notamment sur le plan de l’éducation ». « Ce n’est donc pas uniquement les efforts du gouvernement qui fixent le taux du développement humain d’un pays mais aussi les efforts du secteur privé, de la société civile et ceux des ménages », ajoute-t-il. Et il semble que le rôle de ces derniers est très développé au Liban.
Et M. de Clerq de relever que « le développement humain est complexe, où chacun des quatre chaînons doit jouer son rôle, si l’un est faible tout l’ensemble est affecté ». Il explique encore que « contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas le produit national – qui est resté stable – qui a fait baisser l’indice de développement humain ». « Pour cette chute, il faut regarder du côté de la diminution du taux de scolarisation primaire et universitaire », indique-t-il, soulignant que les chiffres dont dispose le Pnud à Beyrouth « contredisent entièrement cette hypothèse ».
Il faudra donc essayer de comprendre, quand on sait que ce sont les données de 2001 qui ont été utilisées dans le rapport mondial du Pnud. Et apparemment au cours de cette année-là, les taux d’alphabétisation et de l’espérance de vie ont légèrement progressé. « Il faut que les chiffres soient consultés de plus près », relève encore M. de Clerq qui ajoute que sur la liste de l’IDH relatif à la pauvreté humaine, le Liban occupe la 15e position sur 94 pays. Les composantes utilisées notamment pour mesurer cet indice sont la probabilité de ne pas survivre jusqu’à l’âge de 40 ans, le taux d’analphabétisme des adultes, la population qui n’a pas accès durablement à des sources d’eau potable et les enfants qui sont sous le poids normal à l’âge de 5 ans.
Il y a une vingtaine d’années, on était loin d’imaginer le Liban figurant sur une telle liste, utilisée normalement pour mesurer la pauvreté dans les pays d’Afrique, du Sub-Sahara et du sous-continent indien...
Les responsables du Pnud au Liban veulent être rassurants. M. de San relève qu’il ne faut pas (dans ce rapport ou celui qui sera publié le mois prochain par le Pnud et le CDR qui traitent huit point précis) voir l’aspect quantitatif mais qualitatif des données, citant en exemple l’éducation qui est très développée dans le pays. « Au Liban, l’aspect qualitatif est une priorité. Le problème qui se pose est celui de la disparité (distribution des richesses et développement du centre vis-à-vis de la périphérie) », dit-il.
Les deux responsables onusiens estiment que la position du Liban n’est pas mauvaise. Reste à savoir quelle place occupera notre pays, qui dégringole sur la liste de l’IDH depuis deux ans, dans le rapport sur le développement humain 2004...

Patricia KHODER
En l’espace d’un an, le Liban a perdu huit places au classement du rapport annuel du Pnud. Selon l’indicateur du développement humain (IDH) qui prend en considération trois composantes, l’espérance de vie, le niveau d’études et d’instruction et le revenu par habitant, le pays occupe, dans le document de cette année, le 83e rang sur une liste de 175 États (de la...