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Conférence - Après les défaites, quel rôle pour les universités ? Élie Salem : « Nous sommes en pleine crise historique »

Sur invitation de l’Amicale des anciens de l’Université de Balamand, le président de l’université, Élie Adib Salem, a donné une conférence intitulée « Après les défaites, quel rôle pour les universités ? » Abordant la situation au Proche-Orient, M. Salem a dressé un bilan critique des dernières décennies, en appelant les universités à remplir leur mission qui consiste à rechercher la vérité.
Voici quelques extraits de l’allocution de M. Salem :
« Nous nous réunissons aujourd’hui après l’invasion américano-britanique de l’Irak, pour méditer, mais aussi pour compatir. Cette invasion n’est pas la première qu’affronte notre région depuis son indépendance, mais elle a la caractéristique de répéter une scène à laquelle nous nous sommes habitués tout au long du demi-siècle écoulé. Pourtant, rien dans l’histoire de la région et dans son expérience contemporaine ne semble promettre une quelconque détente », a affirmé M. Salem.
Identifiant quatre crises majeures, la défaite arabe due à la création de l’État d’Israël, la défaite arabe de 1967, la défaite arabe dans la guerre du Liban, la défaite arabe dans la guerre de l’Irak, il a indiqué que ces crises successives nous poussent à entreprendre une relecture de notre histoire moderne.
« Depuis la quatrième décennie du siècle dernier, notre situation politique revêt, du point de vue d’une autocritique sincère, l’aspect d’une situation où s’accumulent “désastre”, “revers”, “affront” et “humiliation” », a-t-il relevé.
Évoquant le rôle de l’université face à ces défaites, il a affirmé qu’il est du droit des universitaires de s’interroger sur les raisons de ces crises.
« Je m’adresse à tout universitaire pour lui demander de compléter son engagement purement scientifique d’un autre engagement plus éthique qui le rapproche de la société, de ses besoins et de ses soucis. » (...)
« L’université n’est pas une entité neutre au sein de la nation, ni une tour élevée loin de la vie commune. En pleine action scientifique, l’université doit toujours porter de l’intérêt pour la société au milieu de laquelle elle vit. L’université s’intéresse à tout, s’interroge à propos de tout, analyse tout phénomène afin d’arriver à la vérité essentielle des choses. Après l’accumulation des crises, l’université est appelée à former la personne engagée. Les universités peuvent former des milliers de spécialistes, de professionnels, de théoriciens, mais elles échoueraient cependant à former un seul citoyen. Elles peuvent donner de prodigieuses découvertes, mais celles-ci demeurent inutiles si elles ne sont pas au service du progrès de la nation. » (...)
« En tant qu’institution dont la mission est la recherche de la vérité qu’elle veut consolider, l’université se distingue donc des autres institutions du fait qu’elle est la seule à avoir l’expérience de la faute et de l’erreur. » (...)
« Nous sommes tombés dans l’hérésie lorsque nous avons considéré que le passage de la défaite à la victoire se fait uniquement par les armées, et nous avons alors délaissé les autres éléments sans lesquels la victoire et la libération ne peuvent s’accomplir. Qu’avons-nous fait ? Nous avons méprisé la liberté responsable, nous avons soumis l’enseignement supérieur aux lois du mercantilisme, nous avons mésestimé la technologie, nous avons humilié les citoyens et nous avons piétiné leurs droits, nous avons soustrait la raison de la gestion des affaires du pays et des citoyens. Ce fut un péché que tout cela ! » (...)

L’autocritique
« Nous sommes en pleine crise historique. Il nous faut reconnaître cela en premier lieu, pour commencer ensuite et à nouveau la reconstruction selon des principes scientifiques fondés sur la raison. » (...)
« Nous souhaitons qu’on ne nous impose plus désormais une guerre dans laquelle il ne nous est pas donné de décider du temps et du lieu. Nous souhaitons qu’en guerre, nous œuvrions pour la victoire, et non pour la résistance après avoir perdu la bataille. Nous souhaitons voir nos chefs à l’avant-garde des combats, et non dans les abris. La force, l’héroïsme, la dignité, le courage sont tous des qualités dont jouit notre peuple et les exprime par des prises de position courageuses, par la résistance, par la bravoure. Cependant mon but est de chercher à savoir comment transformer ces formidables mais disparates énergies en une force politique, sociale et militaire capable de nous faire atteindre les objectifs et de nous protéger contre les dangers.
Pour atteindre ce but, l’université, en tant que siège de toute réflexion et de tout droit, se doit de s’engager dans la voie d’une restructuration de ses imperatifs nationaux avec tout ce que cette opération exige de sagesse et de courage. »
Sur invitation de l’Amicale des anciens de l’Université de Balamand, le président de l’université, Élie Adib Salem, a donné une conférence intitulée « Après les défaites, quel rôle pour les universités ? » Abordant la situation au Proche-Orient, M. Salem a dressé un bilan critique des dernières décennies, en appelant les universités à remplir leur mission qui...