Après les auditions marathoniennes de lundi, l’avocate générale, Mme Rabiha Ammache Kaddoura, reprendra ce matin son enquête sur ce qu’on appelle désormais l’affaire de la NTV. Les employés entendus lundi seront de nouveau auditionnés aujourd’hui, ainsi que d’autres et surtout le PDG de la chaîne M. Tahsine Khayat.
Pour un petit rappel des faits, dans son bulletin du 18 juin, la chaîne avait attaqué le directeur général de la Sûreté générale, le général Jamil Sayyed, considérant que le vote du Conseil des ministres de la veille contre l’enrôlement de 5 officiers pour le compte de la Sûreté est le signe d’un désaveu de l’Exécutif libanais. La chaîne a ensuite cité quelques-unes des infractions qu’elle lui attribue, notamment « l’enlèvement » d’un domestique venant du Bengladesh du domicile de son employeur, en l’occurrence le président de la chaîne, et le retard dans la formalité d’obtention d’un passeport pour une fillette de dix ans, en l’occurrence la fille du président de la chaîne. M. Tahsine Khayat n’a d’ailleurs pas nié qu’il s’agissait de sa fille et de son domestique, précisant que s’il a évoqué ces cas, c’est parce qu’il possède des preuves à leur sujet.
Les propos sont peut-être graves, mais ce qui intéresse le plus la justice, ce sont les accusations portées contre le général Sayyed et le ministre du Transport, M. Négib Mikati (qui a d’ailleurs lui aussi présenté une note d’information à ce sujet devant la Cour de cassation) par la chaîne, au sujet de contrats dans l’aménagement de l’AIB. M. Tahsine Khayat affirme détenir des preuves de ce que sa chaîne a affirmé. Il devra en tout cas les exhiber devant le juge aujourd’hui.
Selon des sources judiciaires, l’audition, lundi, des présentateurs du journal et de certains responsables des bulletins d’information de la chaîne n’avait pas permis à Mme Rabiha Ammache Kaddoura de déterminer d’où venaient les informations lues au début du bulletin du mercredi 18 avril. Mais le PDG, M. Khayat, a très vite levé le suspense, affirmant haut et clair qu’il assume l’entière responsabilité des nouvelles diffusées par sa chaîne et annonçant sa détermination à aller jusqu’au bout, fort de « mon bon droit et de celui des citoyens à connaître la vérité ».
De son côté, la Sûreté générale a refusé de se lancer dans une polémique pour laisser la justice donner son verdict loin de toute pression médiatique. Si les accusations sont vérifiées, cela pourra entraîner des mesures contre la Sûreté générale, mais si elles sont fausses, c’est la Sûreté qui pourrait porter plainte contre la chaîne pour diffamation. En attendant, c’est sur les épaules solides de Mme Ammache Kaddoura que repose la poursuite de l’enquête.
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