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CORRESPONDANCE Hemingway–Dietrich : une amitié épistolaire et une intimité cérébrale (photo)

WASHINGTON-Irène MOSALLI
« Ma très chère Marlène. Je vous écris tôt le matin, à l’heure où les pauvres gens, les soldats et les marins ont l’habitude de se réveiller. Juste pour vous tenir compagnie, au cas où vous seriez seule. »
Signé Ernest Hemingway. Et la «Très chère Marlène » n’est autre que la Dietrich. Entre les deux s’était établie une grande amitié épistolaire. Comme le révèle un lot de lettres que vient d’offrir à la John F. Kennedy Library and Museum à Boston la fille de l’actrice, Maria Riva, âgée de 78 ans.
Ces lettres, une trentaine, qui avaient été rédigées entre 1949 et 1959, disent une relation littéraire unique. Une amitié profonde a uni ces deux personnages légendaires du XXe siècle. Tous deux étaient les «sex-symbols» de leur génération, lui le «lion des lettres» et elle « la sirène du grand écran ». Tous deux étaient des tombeurs et des séducteurs et pourtant, selon leurs proches, ils n’ont jamais été amants. Néanmoins, chacun avait trouvé chez l’autre ce qui lui manquait. Pour Marlène Dietrich, Hemingway était le magnifique correspondant de guerre à l’imperméable à col relevé. Et aussi le chasseur affrontant et défiant le rhinocéros, et le philosophe solitaire agrippé à sa canne à pêche. Elle l’aimait et l’adulait. Elle était convaincue qu’elle était sa meilleure amie. Lui le lui rendait bien car il admirait autant son intelligence que sa beauté.
C’est sans doute pour cela que Hemingway (qui signait ses lettres «papa », bien qu’il n’était que de deux ans son aîné) envoyait souvent ses manuscrits à «Lily Marlene» pour connaître son opinion. On apprend aussi qu’il lui écrivait avec beaucoup de liberté et de candeur comme s’il s’adressait à un ami mâle. Il pouvait être enjoué, mais l’essentiel pour lui était de mettre son âme à nu. Par ailleurs, tous deux se plaisaient à laisser croire aux gens qu’ils étaient amants. Notamment en démentant ce fait avec une véhémence telle qu’elle laissait penser qu’il y avait anguille sous roche. Ils s’amusaient à entretenir cette ambiguïté. La mettant même en scène. Dans une de ses lettres, Hemingway écrit : « J’aimerais voir comment un psychiatre chevronné pourrait démêler notre histoire. Il ferait bien d’avoir une bonne assurance- divan !»
Les grands de ce monde ne répugnent pas à sortir les tours qu’ils ont dans leur sac pour décompresser. Qu’il soit une plume illustre ou qu’elle ait les plus belles jambes du monde.
WASHINGTON-Irène MOSALLI« Ma très chère Marlène. Je vous écris tôt le matin, à l’heure où les pauvres gens, les soldats et les marins ont l’habitude de se réveiller. Juste pour vous tenir compagnie, au cas où vous seriez seule. » Signé Ernest Hemingway. Et la «Très chère Marlène » n’est autre que la Dietrich. Entre les deux s’était établie une grande...