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Vie politique - Des sources proches du ministre de la Justice qualifient la séance de mardi de « très fructueuse » Malgré l’échange vif entre Tabbarah et Cardahi, un climat ministériel globalement constructif

Officiellement, la séance du Conseil des ministres de mardi s’est déroulée dans le plus grand calme et dans un climat d’entente et de compréhension. Selon des sources proches de certains ministres, la version officieuse serait quelque peu différente. On le sait désormais, si le ministre du Développement administratif, M. Karim Pakradouni, par qui le clash était arrivé lors des deux précédentes séances, a réussi à garder un mutisme pacificateur pendant 7 heures et demie, il y a quand même eu un échange un peu vif entre le ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, et le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi.

Les sources proches de M. Tabbarah précisent, à ce sujet, que la séance de mardi a été très fructueuse pour lui, puisqu’elle lui a permis d’exposer son point de vue sur les questions litigieuses, notamment au sujet de la téléphonie mobile. Les mêmes sources tiennent à dire que, contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse, le ministre de la Justice n’a pas perdu des points face à son collègue des Télécommunications.
Selon ces sources, M. Tabbarah aurait d’ailleurs engagé le débat en commençant par préciser qu’il est faux de le présenter comme hostile au principe du contrôle des recettes du cellulaire. Mais pour lui, le véritable point important est de définir si les fonds en provenance de ces recettes sont publics ou privés. S’ils sont publics, ils doivent être soumis au système de contrôle prévu par la loi libanaise. Point sur lequel les autres ministres étaient d’accord et qui a finalement été adopté par le Conseil.

« Je suis
un honnête homme »
Le ton est toutefois monté entre MM. Tabbarah et Cardahi, lorsque le premier a évoqué le contrat conclu avec la société suédoise Ericsson pour établir un système de contrôle des recettes des sociétés de téléphonie mobile. Selon le ministre de la Justice, la société suédoise aurait sous-traité le contrat en en confiant une partie à une société libanaise appartenant à trois personnes et qui, toujours selon lui, serait incompétente. M. Cardahi aurait violemment protesté affirmant que, pour l’État libanais, c’est Ericsson qui serait responsable de l’exécution du contrat et que de toute façon la sous-traitance ne porte que sur des questions totalement secondaires. Les sources proches de Tabbarah affirment que le Conseil des ministres aurait finalement décidé de ne traiter qu’avec la compagnie suédoise.
De même, M. Tabbarah aurait abordé la question d’un contrat confiant à un bureau d’avocats la défense de l’État dans le contentieux international avec les deux sociétés de téléphonie mobile. Selon les sources proches du ministre de la Justice, ce contrat serait flou et très coûteux pour l’État, d’autant qu’il ne définit pas avec précision le pourcentage des honoraires des avocats aux diverses étapes de l’arbitrage. L’échange aurait été assez violent, au point que M. Cardahi se serait écrié : « Je suis un honnête homme et je refuse qu’on mette en doute mon intégrité. Surtout que tous les contrats de gré à gré sont soumis à l’approbation du Conseil des ministres. » Ce qui aurait poussé le ministre baassiste, M. Assem Kanso, à intervenir pour affirmer qu’il ne peut accepter l’idée d’être assis à côté d’une personne soupçonnée de vol, surtout s’il s’agit de M. Cardahi dont on connaît l’honnêteté. Selon les sources précitées, M. Tabbarah aurait alors expliqué que son intention n’est pas de porter des accusations. Mais il ne peut passer sous silence ce qu’il considère être une violation flagrante de la loi. En ce qui le concerne, il ne pense pas que le problème réside dans la nécessité d’une consultation préalable de la Cour des comptes avant de conclure le contrat avec Ericsson, par exemple, comme cela a été dit. Mais il faut, selon lui, tenir compte de l’avis de la Cour des comptes, lorsqu’elle est sollicitée pour arbitrer des divergences d’opinions entre le ministre de la Justice et celui des Télécommunications. Et lorsqu’il s’agit d’utiliser les fonds publics, il y a tout un mécanisme à respecter.

Regain de chaleur
entre Tabbarah et Addoum
Finalement, selon les proches de M. Tabbarah, le débat parfois violent aurait permis de préciser les positions de chaque partie, qui auraient toutes les deux fait des concessions. Les sources proches du ministre de la Justice affirment que celui-ci serait aussi intervenu dans le dossier de l’information. La tendance générale aurait été de demander au parquet de cassation d’intervenir pour vérifier toute infraction dans les médias. M. Tabbarah se serait insurgé contre cette solution, qui pousserait le parquet de cassation à consacrer son temps à écouter les médias et à lire la presse pour pourchasser les infractions, alors qu’il n’a pas le dispositif nécessaire pour cela. Ce travail devrait être celui du ministère de l’Information, voire du CNA, mais certainement pas celui du parquet de cassation, dont le rôle devrait se limiter à actionner le ministère public, si le dossier qui lui est déféré est jugé sérieux. D’ailleurs, à la suite de cette intervention, dont les ministres auraient tenu compte dans leurs décisions finales, M. Tabbarah a contacté le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, pour l’informer de sa position, et ce dernier l’aurait remercié pour son intervention qui lui évitera de jouer le rôle de censeur des médias qui n’est pas le sien. Cette intitiative aurait permis aussi d’insuffler un peu de chaleur dans les relations des deux hommes, devenues assez tièdes ces dernières années. M. Tabbarah a en outre obtenu gain de cause dans l’affaire des nominations judiciaires, puisque trois membres ont été nommés, selon sa proposition, afin de réactiver l’Inspection judiciaire, paralysée par le passage à la retraite de la plupart des inspecteurs. En somme, pour le ministre de la Justice, il s’agissait d’une séance fructueuse. C’est aussi l’avis de la plupart des ministres.
Scarlett HADDAD
Officiellement, la séance du Conseil des ministres de mardi s’est déroulée dans le plus grand calme et dans un climat d’entente et de compréhension. Selon des sources proches de certains ministres, la version officieuse serait quelque peu différente. On le sait désormais, si le ministre du Développement administratif, M. Karim Pakradouni, par qui le clash était arrivé lors...