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DÉVELOPPEMENT - Une stratégie de lutte contre la dégradation des sols rendue publique hier La désertification menace 60 % de la superficie du Liban(photo)

La désertification, un fléau sournois qui ne dit pas toujours son nom, menace aujourd’hui 60 % des terrains du Liban. Ce chiffre a été obtenu par l’équipe qui a mis au point une stratégie nationale pour la lutte contre la désertification, préparée conjointement par l’Agence de coopération allemande (GTZ), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le ministère de l’Agriculture.

Cette stratégie, présentée à la presse hier par Antonio Youssef, représentant le Pnud, Fadi Husseini, du ministère de l’Agriculture, et Berthold Hansmann, directeur du projet et représentant de GTZ, dans le bureau de l’équipe au secteur de Badaro, devrait être appliquée dans le cadre d’un programme d’action pour la lutte contre la désertification. Le projet, qui sera financé par le ministère et géré par le Pnud, sera lancé le 17 juin lors d’une cérémonie au centre-ville, à l’occasion de la journée internationale consacrée à ce thème.
Mais qu’est-ce que la désertification ? Il s’agit de la dégradation du sol, due à différents facteurs comme le changement de climat, l’usage excessif de pesticides et d’engrais chimiques et, surtout, les diverses activités humaines, notamment l’expansion urbaine. Dans le monde, 110 pays sont exposés à ce danger, plus d’un milliard d’êtres humains voient leur vie affectée par le phénomène, plus de 135 millions d’entre eux risquent d’être déplacés de leurs régions, et le coût que représente le fléau atteint les 42 milliards de dollars américains par an, selon les chiffres fournis par l’équipe ayant élaboré la stratégie.
Le Liban est l’un des pays qui ont ratifié la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification, adoptée le 17 juin 1994, et qui stipule explicitement la nécessité d’un partenariat entre les organisations internationales, les gouvernements et la société civile. Cette recommandation est d’autant plus compréhensible que la désertification est un phénomène causé par plusieurs facteurs et qui a un impact sur des domaines divers. D’où le fait, comme l’a expliqué hier M. Hansmann, qu’il est impératif de convaincre toutes les parties intéressées du bien-fondé de la lutte contre la désertification, souvent causée par des activités lucratives à court terme, mais coûteuse pour l’ensemble de la population à long terme.
À titre d’exemple, les pâturages incontrôlés sont un facteur majeur de désertification dans les zones rurales. Dans ce cas-là, il faut convaincre le berger et les municipalités de la nécessité de protéger ce terrain afin de ne pas le perdre en définitive. « Nous voulons travailler avec les gens pour améliorer la productivité du sol parce que sa dégradation est en étroite relation avec la pauvreté », a souligné M. Hansmann.
Parmi les informations avancées par MM. Youssef et Husseini, une donnée inquiétante selon laquelle 60 % de la superficie du Liban est aujourd’hui menacée de désertification. Ce problème est loin de ne frapper que le milieu rural. En effet, c’est Beyrouth qui se trouve en tête de liste des régions souffrant de désertification, vu l’expansion urbaine incontrôlée, qui n’a pas pris en compte le besoin d’espaces verts. La surexploitation des puits artésiens, qui provoque une intrusion de l’eau de mer dans les nappes phréatiques (dont le niveau aura baissé), a été présentée comme l’un des facteurs importants menant à la dégradation du sol. Les pâturages incontrôlés, la réduction de la couverture végétale (incendies de forêts notamment dus aux combats, carrières, surexploitation des plantes et abattage d’arbres, etc.), la mauvaise gestion des ressources hydrauliques, les habitudes agricoles destructrices, la concentration urbaine... sont cités parmi les facteurs les plus importants de désertification. Les experts insistent sur le fait que tous ces comportements peuvent être modifiés si des campagnes de sensibilisation adéquates sont menées auprès de la population.
La stratégie mise au point constitue un cadre de travail, qui comporte des directives et reste flexible, selon ses auteurs. Ce sont les parties concernées qui devront transformer ces directives en mesures concrètes et organiser des projets pilotes dans diverses régions. Reste à attendre l’application du programme national de lutte contre la désertification. Les différentes administrations libanaises sauront-elles collaborer entre elles et avec les ONG afin d’éloigner cette coupe amère ?
S.B.
La désertification, un fléau sournois qui ne dit pas toujours son nom, menace aujourd’hui 60 % des terrains du Liban. Ce chiffre a été obtenu par l’équipe qui a mis au point une stratégie nationale pour la lutte contre la désertification, préparée conjointement par l’Agence de coopération allemande (GTZ), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et...