Opinion Désaccords de temps

Les machines d’astrologie qui décryptent notre futur
sont très nombreuses.
Les « devins » qui lisent l’avenir sont légion.
Quant à moi, tout seul dans mon coin, je lis le passé.
Combien de Libanais peuvent le faire ?
Déjà qu’ils ne lisent pas le présent…
Je lis donc le passé ; et pas n’importe lequel s’il vous plaît :
Le passé composé. Notre passé, composé de tant de choses.
Alors lire le passé composé d’une manière simple,
C’est plus que parfait.

Ainsi j’ai interrogé le passé et le passé m’a répondu.
Il m’a dit : « Honte à vous ! Honte à vous Libanais !
Qu’avez-vous fait du Liban ? »
Je lui dis : « Moi ? »
Il me répond : « Oui ! Et si ce n’est toi, c’est donc ton frère. »
Je réplique : « Là, j’en ai plein ! »
« Tu vois ? reprit-il. C’est donc quelqu’un des tiens ! »
J’étais confus.
J’ai alors demandé au passé de me prédire le futur.
Et le voilà qui entre dans une grande colère :
« Le futur ? Le futur ? Sachez mon bon monsieur que votre futur
est antérieur. »

Vous vous imaginez ? Un passé, composé de surcroît,
Qui vous balance au nez un futur antérieur ?
J’étais simplement décomposé.
Je me suis alors prudemment mis au plus-que-parfait du subjonctif,
De peur qu’il ne se fâchât.
Puis je me suis mis à mélanger les modes avec les temps,
Et les temps simples avec les temps composés,
Et je me suis retrouvé avec un Liban… au conditionnel.
Samy KHAYATH