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Accord d’association - Une certaine pesanteur du côté de Beyrouth... Sami Naïr : Le Liban est le mieux placé pour réussir son partenariat avec l’Europe(photo)

L’accord d’association entre l’Union européenne et le Liban, la situation des droits de l’homme et la « feuille de route », tels étaient les trois thèmes abordés par le président du comité pour les relations avec les pays du Machrek et du Golfe au Parlement européen, Sami Naïr, lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. M. Naïr, qui séjourne pour la deuxième fois au Liban, préside une délégation du Parlement européen qui effectue une tournée dans la région. Avant de se rendre à Beyrouth, la délégation s’est rendue en Syrie, pays qui se prépare à la signature de l’accord d’association. Le Liban, quant à lui, a signé le même document l’année dernière mais ne s’est pas encore pour autant entièrement ancré à l’UE...
Depuis plusieurs mois, on entend certains diplomates européens qui appellent le Liban à s’ancrer à l’Europe, à s’emparer de l’accord d’association... Est-ce que le Liban ne fait pas d’efforts sur ce plan ? M. Naïr donne l’opinion qu’il s’est forgée à l’issue de ses entretiens avec les dirigeants libanais : « S’emparer d’un accord d’association veut dire avoir la capacité, les techniciens, les hommes politiques nécessaires, être doté d’une Assemblée parlementaire qui fonctionne... Cela signifie avoir les moyens et un personnel formé », dit-il. « L’accord intérimaire vise à former les personnes pour permettre à un pays d’entrer dans les négociations. Il faut former ceux qui doivent négocier », ajoute-t-il.
« Pour l’instant, on sent une certaine pesanteur du côté libanais ; elle n’est pas liée à une mauvaise volonté mais aux pesanteurs du pays lui-même », relève M. Naïr, notant que le Liban « est dans une situation de relative transition ». « C’est donc moins un problème technique qu’un problème politique », dit-il. « Dans le domaine politique, nous souhaitons que nos amis libanais viennent dans le forum parlementaire euro-méditerranéen ; ils sont absents », ajoute-t-il.
C’est bien parce que le Liban et la Syrie boycottent Israël, non ? « Mais les autres pays arabes y participent, notamment l’Algérie, l’Égypte, le Maroc... Cela ne peut pas continuer, le Liban pouvait adopter une telle position avant la signature de l’accord. Il faut qu’ils (le Liban et la Syrie) choisissent, ils ne peuvent pas dire que l’Europe n’intervient pas assez et ne pas aller là où les Européens sont », indique-t-il, ajoutant qu’il existe « un minimum de cohérence politique ».
Sur le plan de l’accord d’association donc, « le Liban fait des efforts, mais ses efforts ne sont pas suffisants », relève M. Naïr, soulignant que l’UE offre aux Libanais, grâce à la présence de sa délégation à Beyrouth, la formation nécessaire leur permettant d’entrer dans cet accord d’association. Et de poursuivre que « le cas du Liban est très significatif : vous avez les meilleurs juristes et élites intellectuelles et universitaires de tout le monde arabe, vous avez aussi une élite commerçante et compétitive ainsi qu’un système bancaire très efficient ; le Liban peut être un moteur, dans le cadre du partenariat, pour l’ensemble des pays de la région ». « Il est le pays le mieux placé pour réussir ce partenariat le plus vite possible », ajoute-t-il.
La délégation, qui se rend aujourd’hui dans la bande frontalière, a-t-elle discuté de la situation du Liban-Sud avec les dirigeants libanais ? « Nous avons abordé la question du Sud très rapidement, on nous a répondu que celle-ci était calme et stable et que les Libanais respectaient leurs engagements et demandent que toutes les parties concernées respectent les leurs », a relevé M. Naïr, précisant que « c’est la situation des réfugiés palestiniens au Liban qui a par contre été abordée ». Et de poursuivre que les responsables libanais ont répondu que les réfugiés palestiniens sont des déplacés et s’ils n’ont pas tous les droits, c’est parce qu’ils sont à la base dans une situation de non-droit... « Cette position de principe est parfaitement compréhensible », relève M. Naïr.
Le gouvernement libanais ne veut-il pas jouer la carte des réfugiés palestiniens au cours des prochaines négociations ? Pour le parlementaire européen, « l’on ne peut pas considérer le problème des Palestiniens comme une carte au cours des prochaines négociations. La situation est beaucoup plus tragique », dit-il, ajoutant que « pour se servir d’une telle carte il faut encore croire qu’une solution est envisageable à court terme ».
Faut-il que le gouvernement libanais accepte une fois pour toutes l’implantation des Palestiniens ? Pour M. Naïr, une telle affirmation simplifie le problème. « Ça ne se passera pas ainsi, dans l’hypothèse d’un État palestinien viable, où les Palestiniens peuvent revenir chez eux. Or tous ne pourront pas retourner chez eux. » « Avec trois millions de personnes à l’extérieur, ça poserait des problèmes à tout le monde, même aux Palestiniens eux-mêmes. Il va falloir trouver des solutions de compromis, de dédommagement, des statuts d’étrangers, d’émigrés, de naturalisés. Il n’y a pas une seule solution. Mais ce n’est pas la question prioritaire, la question prioritaire est de reconnaître les droits légitimes du peuple palestinien », indique-t-il.
En signant l’accord d’association, le Liban ne devrait-il pas faire des efforts sur le plan des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne le dossier des disparus, de la torture en prison, des arrestations arbitraires, comme l’a rapporté le dernier rapport d’Amnesty International ? « Il va falloir une adaptation des pratiques aux normes de l’accord d’association, notamment dans l’article 2 ; et les parlementaires européens sont extrêmement vigilants sur cette question », dit M. Naïr. « C’est un thème de mobilisation ; à chaque session nous votons des résolutions très dures et ça pose problème à nos gouvernements », ajoute-t-il. « On sera vigilants sur la question des droits de l’homme au Liban », dit-il, soulignant que « l’article 2 n’est pas une clause secondaire, il fait partie de l’adaptation aux normes qui doivent régir les rapports entre les pays associés et l’Union européenne ».
Donnant l’opinion de la délégation des parlementaires européens sur la situation dans la région, M. Naïr a indiqué que « le Parlement européen a déjà adopté une résolution appuyant le plan Abdallah, tel qu’il a été adopté à Beyrouth (printemps 2001), il a également intégré dans cette résolution le soutien à la “feuille de route”, telle qu’elle était initialement prévue par le quartette ». « Nous n’avons pas encore adopté de position officielle sur l’actuelle “feuille de route” ; un rapport en cours devrait être voté lors des prochaines sessions. Il porte une appréciation sur le document ; les récents événements vont également influer sur l’attitude du Parlement européen», a-t-il conclu.

Patricia KHODER

Hamadé : Le Liban est attaché à l’accord d’association

La délégation de parlementaires européens a rencontré hier MM. Marwan Hamadé et Bahige Tabbarah, respectivement ministres de l’Économie et du Commerce, et de la Justice.
Au cours de son entretien avec les parlementaires de Strasbourg, M. Hamadé a souligné « l’attachement du Liban à l’accord d’association, en raison de ses retombées positives sur l’économie du pays ». « Le Liban accorde la priorité à ses relations avec l’Union européenne et à l’exécution du programme d’aide économique, qui devrait l’aider à augmenter ses capacités d’exportation vers les pays d’Europe », a-t-il dit.
Le ministre de l’Économie et du Commerce a également souligné l’importance d’une paix juste et globale dans la région, de l’application de toutes les résolutions onusiennes et du respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.
Avec le ministre de la Justice, la délégation de parlementaires européens a abordé divers sujets, notamment ceux relatifs à la Cour pénale internationale (CPI), la peine de mort, et au rôle de la justice libanaise dans l’instauration d’un État de droit.

La délégation évoque les Libanais
disparus en Syrie

Le groupe de parlementaires européens a tenu hier une conférence de presse au siège de la délégation de la commission européenne à Saïfi, en présence de M. Patrick Renauld, chef de la délégation de l’UE au Liban.
C’est M. Naïr qui a pris la parole pour souligner l’importance de l’accord d’association. « Il faut que les Libanais s’en emparent, qu’ils en fassent leur projet », a-t-il dit, notant que « cet accord devrait être considéré comme un défi et pour attacher le Liban au grand mouvement de la région méditerranéenne ». Et de poursuivre, qu’en « Syrie, la décision stratégique a été prise et qu’il reste quelques problèmes techniques à régler ».
Évoquant les discussions entre la délégation européenne et les dirigeants syriens, tenues lors d’un séjour il y a trois jours à Damas, M. Naïr a relevé que le cas des disparus et des prisonniers dans les geôles syriennes a été abordé.
« Nous avons évoqué le cas des prisonniers libanais en Syrie avec le Premier ministre syrien, donc au plus haut niveau. Il nous a été répondu que tout est fait pour parvenir à un tableau vrai de la situation et de savoir de quoi on parle », a-t-il indiqué. « Pour ceux d’entre eux qui ont été condamnés, on nous a dit explicitement qu’il y a toujours la voie d’un recours auprès du président de la République syrienne qui, saisi par les familles et les associations, peut utiliser son droit de grâce », a ajouté le député européen.
Indiquant ignorer le nombre exact de Libanais concernés, il a affirmé que le Premier ministre syrien « nous a fait comprendre que sur ces cas-là il n’y avait pas d’attitude négative. Je tiens à dire que ce ne sont pas des affirmations légères ». M. Naïr, membre de la commission des Relations extérieures au Parlement européen et qui se trouve depuis mercredi au Liban, a indiqué avoir également abordé cette question avec le ministre libanais de la Justice, Bahige Tabbarah.
L’accord d’association entre l’Union européenne et le Liban, la situation des droits de l’homme et la « feuille de route », tels étaient les trois thèmes abordés par le président du comité pour les relations avec les pays du Machrek et du Golfe au Parlement européen, Sami Naïr, lors d’un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. M. Naïr, qui séjourne pour la...