Rechercher
Rechercher

Actualités

SOCIAL - 45 % des jeunes quittent prématurément l’école Lancement d’un rapport complet sur l’enfance, préparé par l’ACS et l’Unicef

Un rapport complet sur l’enfance du Liban, préparé par l’Administration centrale de la statistique (ACS) en collaboration avec l’Unicef, dans le cadre du projet Mix regroupant 56 pays, a été rendu public hier lors d’une conférence de presse tenue à la Maison des Nations unies. Le ministre des Affaires sociales, Assaad Diab, le représentant de l’Unicef au Liban, Ekrem Birerdinc, la directrice de l’ACS, Maral Tutélian, et de nombreux experts ayant travaillé sur le projet ou ayant été invités à commenter les résultats de l’enquête étaient présents. Le rapport aborde des paramètres divers comme la mortalité infantile et les conditions sanitaires et sociales, l’éducation, le travail des enfants... Selon Mme Tutélian, le travail sur le terrain a commencé en 2000, un rapport préliminaire ayant paru en 2001, contenant les 17 indicateurs nécessaires pour le rapport national, qui devait être présenté cette même année aux Nations unies. C’est la version finale qui a été rendue publique hier.
L’une des révélations les plus frappantes du rapport, c’est le taux de 45 % de jeunes qui quittent l’école avant la fin de leurs études (il ne faut pas oublier pour autant que le taux de scolarisation dans les phases primaires est de 95,3 %). Ce chiffre a arraché une vive réaction à la députée Bahia Hariri, qui assistait à la conférence de presse et qui a déclaré qu’ « un plan national sur le thème de “l’éducation pour tous” sera bientôt annoncé ». Le taux considérable d’abandon a été longuement commenté par M. Birerdinc dans un entretien à L’Orient-Le Jour, le représentant de l’Unesco reconnaissant toutefois que la situation de l’enfant au Liban est plus avantageuse que dans beaucoup d’autres pays.
« Il faut comprendre pourquoi le taux d’abandon est si important », estime M. Birerdinc. « Le phénomène n’est pas aisé à expliquer. Il serait trop facile de l’imputer aux seules difficultés économiques. Celles-ci ne constituent qu’un facteur. Il y a la qualité de l’enseignement, de la prise en charge de l’élève par l’établissement, sa capacité de concentration et son intérêt pour les matières enseignées, les problèmes parentaux ou sociaux qu’il peut connaître... »
D’autre part, il s’agit de s’occuper de la qualité de l’environnement scolaire, comme la construction d’écoles supplémentaires par exemple. « Ce sont des choses qui prennent du temps », dit-il. « Mais la situation au Liban est telle qu’avec un petit effort de la part de chacun, on peut remédier au problème à plus court terme. » M. Birerdinc fait remarquer que les garçons qui quittent l’école se retrouvent sur le marché du travail. Mais les filles, elles, restent à la maison, jouant prématurément à la mère ou à la femme au foyer. Ce n’est pas leur rôle, bien que ce problème soit souvent ignoré.
M. Birerdinc évoque par ailleurs l’un des aspects du problème les plus importants à ses yeux : ne pas assurer la scolarisation de l’enfant jusqu’à 18 ans, c’est lui renier un des droits fondamentaux dont parle la Convention pour les droits de l’enfant. Et pour appliquer la convention, rien ne sert de tenir les seules autorités juridiques responsables. Il est nécessaire de créer une dynamique sociale où chacun participe à l’application du texte.
La mortalité infantile élevée (à la naissance, durant les quelques premiers mois ou les quelques premières années) constitue le second sujet d’inquiétude de l’Unicef. La mortalité infantile gravite en effet autour d’une moyenne de 27 pour mille (35 pour mille pour les enfants de 1 à 5 ans). 52,3 % des enfants qui meurent ont moins d’une semaine, 11,4 % d’une semaine à un mois, 18,2 % de un à onze mois, et 18,2 % de un à quatre ans. « Il faut améliorer les conditions périnatales, parce que les causes de la mortalité de l’enfant et de la mère peuvent souvent être évitées », souligne-t-il. « Le Liban a fourni des efforts considérables depuis quelques années, mais il reste ces zones d’ombre qu’il s’agit d’améliorer. »
Toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises. Au niveau santé, les campagnes de vaccination organisées par le ministère de la Santé ont porté leurs fruits, comme pour la poliomyélite contre laquelle 93,6 % des enfants ont été vaccinés. Pour ce qui est de certaines maladies infantiles comme la diarrhée aiguë, le rapport indique que 19,3 % des enfants de moins de 5 ans en sont atteints, sans beaucoup de variations entre les régions, ce qui indique la gravité et la généralisation de facteurs comme la pollution de l’eau. Le rapport précise également que 3,5 % d’enfants ont souffert d’infections respiratoires (dans les deux semaines précédant le recensement) et que 73,6 % d’entre eux ont été traités à l’hôpital ou en clinique. Par ailleurs, 10,4 % des enfants de moins de cinq ans ont été victimes d’accidents (le plus souvent à la maison) durant l’année qui a précédé l’accomplissement du rapport.
Pour ce qui concerne le travail des enfants, le rapport précise que 9,6 % des enfants aident leur famille au travail et que 57,1 % n’ont aucune couverture médicale. Le taux d’enfants de 10 à 14 ans sur le marché du travail varie de 3,3 % au Liban-Nord, à 1,7 % à la Békaa, à 1,3 % à Beyrouth, à 1,3 % au Mont-Liban, à 1 % au Liban-Sud. Pour les adolescents de 15 à 18 ans, ces proportions sont respectivement de 14,9 %, 10,4 %, 7,3 %, 9,2 % et 12,9 %.
Comme l’a précisé Mme Tutélian, le rapport s’est aussitôt retrouvé entre les mains de tous les responsables intéressés. Il est gratuitement accessible au grand public dans les bureaux de l’ACS. Bientôt, les résultats du rapport seront placés sur le site Internet de l’ACS.
S.B.
Un rapport complet sur l’enfance du Liban, préparé par l’Administration centrale de la statistique (ACS) en collaboration avec l’Unicef, dans le cadre du projet Mix regroupant 56 pays, a été rendu public hier lors d’une conférence de presse tenue à la Maison des Nations unies. Le ministre des Affaires sociales, Assaad Diab, le représentant de l’Unicef au Liban, Ekrem...