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EMBELLISSEMENT - L’art urbain s’installe sur 76 bancs entre la maison de l’Artisanat et le Bain militaire D’Europe à Cadmos, la corniche de Aïn el-Mreissé jalonnée d’histoire(photo)

L’art urbain s’installe sur deux kilomètres et demi à l’avenue de Paris. Soixante-seize bancs en béton armé, dessinés par l’architecte Hagop Sularian, enfileront un habit de couleurs conçu par l’artiste icôniste Léna Kilikian : des carreaux de céramique encastrés dans le béton laisseront éclater la trame d’Europe et de Cadmos.
De la maison de l’Artisanat jusqu’au Bain militaire, l’artiste fignole la mise en œuvre des dieux, déesses et héros de la mythologie. Les bancs plantés comme des autels exhiberont Europe, fille d’Agenor, roi légendaire de Phénicie, et sœur de Cadmos.
Zeus, amoureux d’elle qui se métamorphose en taureau blanc, l’enlève et la transporte en Crète. Minos, Sarpédon et Rhadamante naissent de leur union. Ses frères, partis à sa recherche, etc.
Mais ce n’est pas tout. À leurs pieds, savamment éparpillés, 76 alphabets, coupés dans de la céramique et tirés des calligraphies arabe, latine, grecque et phénicienne, retracent le récit fabuleux de leurs exploits et s’offrent comme un parcours chronologique à la fois clair et circonstancié.
Procédant selon la technique du célèbre architecte et designer catalan Antonio Gaudi, dont l’œuvre puissamment imaginative et non conformiste échappe aux classifications, Léna Kilikian indique que « 69 formes de céramiques, découpées en parallélogrammes à quatre, cinq ou six faces sont exploitées pour l’occasion ; elles s’imbriquent facilement et permettent une architecture méticuleuse. Elles sont si solidement encastrées dans la surface du béton qu’on a l’impression que le décor fait partie intégrante de la structure. Une fois enchâssé, le tesson d’un centimètre et demi d’épaisseur ne bouge plus, ne se décolle plus, ne se casse plus. La céramique est une matière durable mais aussi imperméable aux taches. Elle n’a pas besoin d’un entretien particulier. Ils suffit d’un jet d’eau pour la nettoyer ».
L’artiste signale également que tous « les matériaux utilisés pour réaliser l’ouvrage sont de haute qualité et anticorrosion ».
Les travaux de consolidation des anciens bancs et la construction des nouveaux, dont huit mesurent sept mètres de long, sont confiés à la société Cemat Construction.
Le coût du petit banc est estimé à 5 000 dollars américains, le grand banc à 10 000 dollars. Chaque ouvrage portera, sur 15 cm x 25 cm et pour cinq années seulement, le logo (en céramique évidemment) du sponsor qui aura assuré le financement. Passée la date, la municipalité de Beyrouth qui pilote le projet peut soit renouveler le parrainage, soit mettre à contribution de nouveaux donateurs.
Côté nord, sur le trottoir faisant face au Hard Rock Café, 144 m2 sont pavés d’un méga jeu d’échecs (12 x 12 mètres) où, drapé dans sa toge noire, régnera Agenor, le roi de Tyr. Sur la même place, la municipalité dressera une plaque commémorative pour afficher les noms de tous les mécènes qui ont participé au projet d’embellissement de l’avenue de Paris.
Plus loin, longeant l’enceinte de l’Université américaine de Beyrouth, une fresque murale de 80 mètres déroulera en images et en trois langues (arabe, anglais et français) la même légende phénicienne dont « le texte a été approuvé par le ministère de la Culture et la Direction générale des antiquités ».
La corniche de Aïn el-Mreissé jalonnée d’histoire, à parcourir à l’aise dans nos baskets... sur un rythme nouveau.
May MAKAREM
L’art urbain s’installe sur deux kilomètres et demi à l’avenue de Paris. Soixante-seize bancs en béton armé, dessinés par l’architecte Hagop Sularian, enfileront un habit de couleurs conçu par l’artiste icôniste Léna Kilikian : des carreaux de céramique encastrés dans le béton laisseront éclater la trame d’Europe et de Cadmos. De la maison de l’Artisanat...