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ASSOCIATION - Robert Jreissati à la tête d’une association internationale d’hommes d’affaires libanais Les jeunes et la diaspora au service de L.I.B.A.N.(photos)

«Depuis mon enfance, j’entends dire que la diaspora libanaise est l’une des plus importantes au monde. Malheureusement, j’entends également dire que les Libanais sont divisés entre eux et qu’ils sont individualistes. » Robert Jreissati, un jeune avocat converti à la philosophie entreprenariale, veut prouver le contraire. À l’aide de L.I.B.A.N. (Lebanese International Business Association Network), une association de jeunes hommes d’affaires libanais, il cherche à inverser cette équation pour démontrer que les Libanais chez eux comme partout ailleurs dans le monde peuvent et doivent se solidariser pour le bien commun. Plus concrètement, cette association à but non lucratif vise à créer une synergie entre les jeunes entrepreneurs libanais et ceux qui vivent à l’étranger dans le but d’encourager les investissements au Liban et stimuler les relations économiques avec les pays de la diaspora libanaise. À long terme, le regroupement vise à se transformer en un lobby international servant les intérêts économiques du Liban et des membres du réseau.
«L’idée a germé le jour où l’ancien Premier ministre Sélim Hoss a organisé un forum qui avait regroupé les hommes d’affaires émigrés. J’en ai profité pour faire les contacts nécessaires et lancer l’idée d’un regroupement international qui puisse transcender les divergences politiques et confessionnelles chez les Libanais», précise le président fondateur.
Malgré les mises en garde de quelques-uns qui soutenaient que les Libanais sont éparpillés et divisés, plus «solitaires que solidaires», Robert Jreissati n’a pas abdiqué. Aujourd’hui, son rêve commence à prendre forme petit à petit, avec la création, au Liban d’abord, de plusieurs comités décentralisés, chapeautés par les ambassadeurs des pays et leurs conseillers commerciaux. À leurs côtés, de jeunes hommes d’affaires libanais ayant des intérêts économiques dans chacun des pays représentés, censés établir des contacts et encourager les relations économiques et commerciales avec leurs compatriotes à l’étranger. Ces comités ont leurs correspondants dans les pays de la diaspora libanaise où sont réunis au sein d’un même chapitre un coordinateur, l’ambassadeur libanais, cinq hommes d’affaires libanais prééminents et influents dans leurs pays d’accueil ainsi que des membres invités, choisis parmi les ressortissants nationaux qui se sont distingués dans un secteur particulier.

Remplacer Chypre
«Nous avons déjà mis en place une dizaine de chapitres, dont celui de la Turquie qui vient d’être officiellement lancé après celui de Chypre et de Jordanie, confie M. Jreissati. Pour l’instant, nous allons nous concentrer sur les pays arabes afin de pouvoir restituer au Liban son rôle de plaque tournante dans la région.» Un rôle qui est appelé à se développer au fur et à mesure que l’association élargit ses contacts et multiplie ses chapitres à travers le monde. Le Liban pourra ainsi devenir le point d’attache pour tous les entrepreneurs voulant investir dans la région.
Pour l’instant, l’association œuvre à transformer le Liban en un pays d’accueil pour les sociétés offshore, ce qui représente l’avantage, entre autres, de faire bénéficier l’entreprise d’une exemption des taxes sur les revenus. «L’idée est d’attirer toutes les sociétés qui étaient jusque-là établies à Chypre, ce pays devant désormais se soumettre aux normes d’accès à l’Union européenne, qui a des lois très strictes concernant les paradis fiscaux. Il s’agit d’une opportunité que le Liban doit saisir», indique l’avocat.
Mais l’ambition de L.I.B.A.N. ne s’arrête pas là. En établissant ainsi des ponts entre les Libanais partout dans le monde, l’association vise en outre à inciter les émigrés à contribuer au développement de leur pays et à mettre fin à l’exode des jeunes, qui «quittent souvent leur pays à la recherche de meilleures opportunités». Elle voudrait ainsi encourager les Libanais de la diaspora à reprendre contact avec la mère patrie et les Libanais du Liban à reprendre confiance en leur pays tout en profitant des multiples expériences réussies à l’étranger. Ainsi se constituera un réseau dont les membres pourront collaborer entre eux dans le cadre de partenariats d’affaire à l’étranger aussi bien qu’au Liban, créant une interaction mondiale entre Libanais.
«Les membres de la diaspora libanaise ont beaucoup aidé leurs proches au Liban durant la guerre. Il est temps de leur rendre la pareille, en créant ce réseau qui peut bénéficier aux émigrés tout en profitant à leur pays d’origine», souligne M. Jreissati. Il indique par ailleurs qu’il faut désormais s’atteler à modifier l’image du Liban à l’étranger, qui a été ternie par quelques-uns. «Certaines associations religieuses ou politiques ont contribué à entacher la réputation du pays en détournant des fonds récoltés à l’étranger et destinés à des œuvres sociales. Il y a en outre des dizaines de litiges qui traînent devant les tribunaux libanais concernant des émigrés qui se sont fait arnaquer lors de la vente de terrains au Liban», s’insurge le président de l’association.
À la question de savoir pourquoi l’association mise essentiellement sur la jeunesse, M. Jreissati explique que la «nouvelle génération est plus éduquée et baigne dans la culture de la mondialisation. D’où un enthousiasme plus grand pour ce type de réseau car, dit-il, les jeunes hommes d’affaires sont plus réceptifs que leurs aînés à l’idée de solidarité et moins influencés par les dissensions politiques ou confessionnelles».

Défendre les droits
de la femme
Pour l’instant, ce sont quelque 25 ambassadeurs qui se sont ralliés à l’idée en rejoignant le réseau libanais, en plus des Nations unies et de l’Union européenne, qui s’est engagée à apporter son expertise en matière de recherche de financement. Les pays arabes ont déjà fait l’objet de plusieurs chapitres, nés des efforts conjugués des comités libanais et des hommes d’affaires implantés dans la région. «Nous ambitionnons d’atteindre les 22 chapitres au Proche-Orient et dans le Golfe, 55 en tout dans le monde», précise M. Jreissati.
Parallèlement au secteur privé et diplomatique, L.I.B.A.N. a voulu associer le secteur public au projet, en invitant notamment 4 ministres, 12 députés et 9 directeurs généraux, choisis parmi les plus jeunes, à collaborer à ce projet.
Des personnalités-clés «qui peuvent nous aider à mettre en place les législations adéquates et faciliter les formalités aux investisseurs», indique l’avocat.
Incidemment, l’association milite pour une plus grande libéralisation politique, notamment pour les droits de la femme, «incontournables pour le développement économique du pays». Une autre manière d’insister sur l’idée que la croissance économique est étroitement liée au processus de démocratisation. L’association entend également lutter contre la bureaucratie et la corruption, deux handicaps majeurs en matière d’investissements étrangers.
En regroupant les entreprises les plus performantes au Liban et à l’étranger, L.I.B.A.N. ne risque-t-elle pas de se transformer en un regroupement élitiste qui ne profiterait qu’à quelques-uns ?
«Pas du tout», répond Me Jreissati, en précisant qu’en servant les intérêts de la diaspora, c’est l’intérêt de tout le Liban qui est servi ainsi que son économie par le truchement des investissements faits dans le pays. «Les projets qui seront proposés aux investisseurs étrangers vont notamment bénéficier aux petites et moyennes entreprises en encourageant la création d’emplois, une dynamique qui contribuera à élargir la classe moyenne, en voie de disparition depuis quelque temps», précise le fondateur.
Citant le président mexicain Vicenti Fox qui, s’adressant à ses compatriotes, avait un jour dit: «Que ceux d’entre vous qui n’ont pas encore un ami libanais aillent en trouver un», Robert Jreissati affirme qu’il est temps de regrouper tous les Libanais qui ont été à l’origine de grandes réussites dans le monde, «afin qu’ensemble, nous puissions créer une méga-success story».

Jeanine JALKH
«Depuis mon enfance, j’entends dire que la diaspora libanaise est l’une des plus importantes au monde. Malheureusement, j’entends également dire que les Libanais sont divisés entre eux et qu’ils sont individualistes. » Robert Jreissati, un jeune avocat converti à la philosophie entreprenariale, veut prouver le contraire. À l’aide de L.I.B.A.N. (Lebanese International...