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Justice - L’avocat général financier a estimé qu’il n’y a eu ni fraude ni partie lésée dans le dossier de la mécanique Élias Murr songe à engager des poursuites contre Élie Ferzli pour diffamation

Bien qu’il refuse de commenter la décision de l’avocat général financier au sujet du dossier de la mécanique, le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, ne peut qu’en être satisfait. Lui qui avait tout fait pour que la justice puisse suivre son cours, se déclarant prêt à comparaître devant le juge et le pressant de mener une enquête approfondie, tout en lui donnant tous les documents en sa possession, est soulagé de voir que la décision finale lui a donné raison, démentant de façon éclatante les accusations portées contre lui par le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli. Mais l’affaire n’est pas pour autant close, puisque Murr songe sérieusement à demander la levée de l’immunité parlementaire de Ferzli afin de porter plainte contre lui pour diffamation. Il ne s’agit pas, pour lui, d’une vengeance, mais de la volonté d’éviter que de tels procédés ne se multiplient à un peu plus d’un an de l’échéance présidentielle.
Lorsque le 4 mai dernier, le vice-président de la Chambre, M. Élie Ferzli, a lancé de violentes accusations contre le ministre de l’Intérieur, à travers la Voix du Liban, l’accusant de dilapider les fonds publics et de favoriser une société appartenant à des proches, dans l’adjudication du contrôle de la mécanique des voitures, contrairement à un avis de la Cour des comptes, M. Murr avait été pris de court. Il a commencé par répondre par voie de presse, dans un communiqué, mais se rendant bien vite compte de l’inefficacité de ce genre de polémique, il a vite préféré s’en remettre à la justice. D’autant qu’à ses yeux, et à ceux de beaucoup de Libanais, le timing des accusations de M. Ferzli, qui avait qualifié le dossier de la mécanique « d’affaire encore plus juteuse que celle des cellulaires », visait le président de la République, à travers ses proches, dans une tentative de le discréditer, pour empêcher un éventuel renouvellement de son mandat.

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Murr a donc choisi de demander au parquet de considérer les accusations de M. Ferzli comme une note d’information, en le pressant d’ouvrir une enquête approfondie sur le sujet. Il a mis ainsi un terme à la polémique, préférant laisser la justice suivre son cours dans la plus grande discrétion. M. Murr avait toutefois demandé au parquet d’agir vite, car la société choisie par le biais de l’appel d’offres, la saoudienne Fal, devait commencer son activité à partir du 30 juin et, en cas d’irrégularité, il aurait fallu l’empêcher de le faire.
Le procureur général près la Cour de cassation ayant déféré le dossier devant le parquet financier, c’est le juge Khalil Rahal qui a mené l’enquête, écoutant attentivement l’interview de M. Ferzli et étudiant les documents transmis par le Conseil des ministres ainsi que l’avis de la Cour des comptes.
Il est ainsi apparu clairement que la société Fal a bel et bien présenté la meilleure offre, avec 13 dollars comme prix du contrôle mécanique. Dans toute la procédure qui a permis l’octroi de l’adjudication, l’avocat général financier n’a trouvé aucune irrégularité, ni sur le plan de la dilapidation des fonds publics, puisque ceux-ci n’ont pas été utilisés et la société n’a pas encore entamé ses travaux, ni sur celui de la « favorisation » d’une partie au détriment d’une autre.
Lorsque la Cour des comptes a donné un avis défavorable sur l’octroi de l’adjudication à la société Fal, affirmant qu’elle n’a pas l’expérience nécessaire pour réaliser un million de contrôles de mécanique par an, le ministre de l’Intérieur a préféré soumettre la totalité du dossier au Conseil des ministres. Soit ce dernier confirme l’octroi de l’adjudication, malgré l’avis contraire de la Cour des comptes, soit il relance l’appel d’offres. Le 8 août dernier, le Conseil des ministres a choisi d’accréditer l’adjudication à la société Fal (appartenant à des Saoudiens de la famille Azel) et à ses deux partenaires, la Sopal (appartenant aux Succarié) et la Touma. L’avocat général n’a trouvé aucune irrégularité dans la procédure, après avoir entendu notamment les membres de la commission d’experts formée par le ministère de l’Intérieur et d’autres parties concernées par le dossier. Il est apparu donc qu’il n’y a eu ni dilapidation de fonds publics, ni fraude ou falsification, ni « favorisation » d’une partie au détriment de l’autre. C’est pourquoi, l’avocat général financier a choisi de clore le dossier faute d’éléments.
Mais cela n’empêche pas le ministre de l’Intérieur de songer sérieusement à porter plainte contre le vice-président de la Chambre pour diffamation. Il devra d’abord présenter à la Chambre une demande de levée de son immunité parlementaire. Les proches de M. Murr précisent qu’il ne s’agit pas d’une vengeance, mais de la volonté de dissuader d’autres parties à suivre le même chemin que M. Ferzli. Selon eux, il ne doit pas être possible, à chaque fois que des intérêts politiques ou autres sont en jeu, de s’en prendre impunément au président de la République, à travers ses proches ou les membres de son équipe. Surtout à l’approche de l’échéance présidentielle qui ouvre de nombreux appétits et fausse les données.

Scarlett HADDAD
Bien qu’il refuse de commenter la décision de l’avocat général financier au sujet du dossier de la mécanique, le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, ne peut qu’en être satisfait. Lui qui avait tout fait pour que la justice puisse suivre son cours, se déclarant prêt à comparaître devant le juge et le pressant de mener une enquête approfondie, tout en lui donnant...