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Bachar... et notre douzième provisoire

Les expropriations ? Le cellulaire ? Les nominations diplomatiques ? NTV ? Tout cela n’est qu’apparences. Ce ne sont que des cache-sexe, des broutilles, des billevesées. Les scènes de ménage du couple de l’Exécutif, les bris d’assiettes, ne tournent plus désormais qu’autour d’un seul sujet : la reconduction du chef de l’État. C’est d’ailleurs ce que répète depuis de nombreuses semaines un grand sage libanais qui connaît bien la nature des hommes, leurs faiblesses. Il dit qu’Émile Lahoud tient particulièrement à rempiler pour un nouveau mandat – trois ans ? six ans ? –, et que Rafic Hariri ne veut pas en entendre parler, que cela briserait de nouveau ses rêves d’imperator régional.
Certes, le(ur) mal vient de bien plus loin : leurs humeurs sont incompatibles, et l’antipathie qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, malgré leurs évidents signes publics et parfois ostentatoires de bonne volonté, est devenue l’axiome mathématique par la faute duquel toutes les problèmes restent insolubles. Reste que cette nouvelle mono-obsession de l’un comme de l’autre – l’échéance présidentielle dans un an et demi –, ajoutée à leurs sautes d’humeur, leurs caprices, leur lunatisme et leur ego hypertrophié, risque fort de décupler la vitesse – déjà très impressionnante – à laquelle le Liban et les Libanais sont en train de rentrer dans les murs.
Les Libanais, justement, avaient commencé par applaudir, certes un peu chats échaudés s’attendant au pire, le tristement célèbre lavage des deux cœurs présidentiels. Pour se rendre compte, comme toujours un peu tard, que cette association pas si contre nature que cela, finalement, risquait d’être à l’origine de la casse du siècle. Heureusement pour les Libanais (ou malheureusement diront d’aucuns), le détergent utilisé n’a pas dû être particulièrement efficace, et les vicissitudes inhérentes à la troïka se sont empressées de tout souiller. De lavés, les deux cœurs ont vite fait de se salir de nouveau, de se gorger de rancœurs, de revenir, au galop, à leur vraie nature. Nous sommes tout de même à dix-huit mois – si Hassan Nasrallah nous l’autorise – de l’élection-désignation du prochain locataire de Baabda.
Sauf que le sémillant Bassem Sabeh a rappelé avant-hier – il a bien fait : la majorité des hommes politiques a feint, c’est surréel, de l’avoir oublié – que lorsqu’il s’agit d’élections présidentielles, l’avis et la décision de Damas sont « fondamentaux ». Joli euphémisme. Damas qui continue à estimer, bon vent mal vent, qu’Émile Lahoud est son meilleur porte-voix politique, Rafic Hariri sa meilleure aspirine économique. Et le bon tuteur-docteur Bachar, qui décidera bien malheureusement lui-même – à moins d’un miracle européen, texan ou autre – du nom du douzième président de la République depuis l’indépendance, ne se rend pas compte que ses deux choix sont terriblement « par défaut ». D’autant plus qu’ils sont récusés, aujourd’hui, par une grande majorité des électeurs libanais.
Des électeurs qui n’auront même pas la maigre consolation, parce que totalement laissés-pour-compte, de se reconvertir en autant de conseillers conjugaux. Dommage : le taux de chomâge – monstrueux – culmine, dit-on, à 15 %.
Merci qui ?
Ziyad MAKHOUL
Les expropriations ? Le cellulaire ? Les nominations diplomatiques ? NTV ? Tout cela n’est qu’apparences. Ce ne sont que des cache-sexe, des broutilles, des billevesées. Les scènes de ménage du couple de l’Exécutif, les bris d’assiettes, ne tournent plus désormais qu’autour d’un seul sujet : la reconduction du chef de l’État. C’est d’ailleurs ce que répète...