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L’élection présidentielle, une bataille encore prématurée

On a vite sauté aux conclusions à l’occasion de la dernière réunion du Conseil des ministres, en interprétant les différends qui l’ont caractérisée comme les prémices d’une bataille pour la présidence de la République. Selon certaines sources, rappelle-t-on, si le conflit entre le chef de l’État et le Premier ministre, Émile Lahoud et Rafic Hariri, ne porte pas directement sur la prochaine échéance présidentielle, il y a tout lieu de croire qu’une sorte de « guerre d’élimination » oppose les deux hauts responsables de l’Exécutif, en prévision de ce scrutin. Ces sources estiment en effet que le général Lahoud n’a pas intérêt à ce que M. Hariri soit encore au pouvoir à l’heure de l’échéance présidentielle tandis que le chef du gouvernement considère qu’une éventuelle prorogation du mandat Lahoud n’est certainement pas en sa faveur.
D’ici là, le président du Conseil chercherait ainsi à limiter au maximum les dégâts en écartant d’office tout projet susceptible d’entraîner un conflit entre lui et le chef de l’État. Quant au président Lahoud, il s’emploierait à mettre en garde contre une polémique stérile sur le thème du renouvellement ou non de son mandat. Et pour cause : il craindrait qu’une telle polémique ne donne lieu à des manifestations politiques susceptibles de dégénérer, surtout à la veille de la saison estivale.
En réalité, aucune faction locale, régionale ou internationale n’est actuellement disposée à prendre parti pour tel ou tel autre candidat à la présidence. De fait, ni la Syrie ni les États-Unis ne songent même au profil du prochain candidat, car en définitive l’échéance présidentielle dépendra dans une large mesure de l’évolution de la situation au Proche-Orient. Si Washington se trouve dans l’incapacité d’instaurer la stabilité en Irak, la région tout entière risque en effet de connaître de grands bouleversements et de basculer dans le chaos. Tout dépend aussi de l’évolution des relations israélo-palestiniennes et de l’application de la « feuille de route ». Si celle-ci est entravée par une nouvelle escalade de violence, il est évident que le Liban-Sud risque également de s’embraser à nouveau. À l’inverse, si les développements vont dans le sens de la paix et de la stabilité, le profil du candidat libanais à la présidence sera tout à fait différent et pourrait fort bien répondre aux vœux que le patriarche Nasrallah Sfeir a formulés à ce sujet. Pour ce dernier, l’essentiel est que le Liban, et donc son président, soit à même d’assumer à lui seul ses responsabilités.

Émile KHOURY
On a vite sauté aux conclusions à l’occasion de la dernière réunion du Conseil des ministres, en interprétant les différends qui l’ont caractérisée comme les prémices d’une bataille pour la présidence de la République. Selon certaines sources, rappelle-t-on, si le conflit entre le chef de l’État et le Premier ministre, Émile Lahoud et Rafic Hariri, ne porte pas...