THÉÂTRE Consécration de « Un petit jeu sans conséquence » et « Phèdre » Dix-sept trophées ont été décernés au cours de la 17e Nuit des Molières (photo)

La 17e cérémonie des Molières, la fête du théâtre en France, qui s’est déroulée au théâtre Mogador à Paris, a été la consécration par la profession théâtrale de deux productions : Un petit jeu sans conséquence de La Bruyère et Phèdre de Racine dans la mise en scène de Patrice Chéreau. Présent au premier rang, le ministre français de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a été pour sa part interpellé par cette même profession représentée par le comédien Jean-Paul Tribout qui, évoquant le régime spécifique, menacé selon lui des intermittents du spectacle, a déclaré sous les applaudissements : « Le silence du ministère est assourdissant, on a l’impression que vous avez choisi votre camp et que ce n’est pas celui des artistes. » La première pièce consacrée, Un petit jeu sans conséquence, une comédie cosignée par Jean Delle et Gérard Sibleyras, a été récompensée par cinq Molières (meilleur spectacle de création française, meilleur spectacle du secteur privé, meilleur metteur en scène Stéphane Hillel, révélations théâtrales masculine et féminine, Marc Fayet et Valérie Karsenty). La tragédie de Racine, montée par l’Odéon aux Ateliers Berthier, a été sacrée meilleur spectacle du secteur public et a reçu deux autres Molières (meilleur comédien dans un second rôle, Michel Duchaussoy, et meilleur créateur de lumière, Mme Dominique Bruguière). Cette Nuit des Molières 2003 a révélé aussi ce que le théâtre conserve, avec une Danielle Darrieux, 86 ans, qui a reçu le Molière de la meilleure comédienne pour son monologue dans Oscar et la dame en rose, de Eric-Emmnanuel Schmitt, et une Gisèle Casadesus, récompensée par un Molière d’honneur. Un petit jeu sans conséquence a reçu tant de lauriers que d’autres réalisations et artistes ont été éclipsés. Ont échappé à l’oubli : Victor Haïm (meilleur auteur francophone vivant pour Jeux de scène, toujours à la Pépinière opéra) et Thierry Fortineau (meilleur comédien dans Gros-Câlin, de Romain Gary). Metteur en scène de cette soirée, l’Argentin Alfredo Arias a reçu un Molière d’honneur, couronnant ses efforts pour bousculer l’institution à laquelle il avait convié Guesh Patti et Marie-France, transexuelle et icône des nuits parisiennes, à côté des plus classiques, Jean Rochefort ou Ginette Garcin. « Célébrer la grande famille des comédiens en chansons et en musique m’a semblé la meilleure façon de fêter le théâtre » a-t-il déclaré. Palmarès complet - Meilleure comédienne : Danielle Darrieux dans Oscar et la dame en rose, de Eric-Emmanuel Schmitt. - Meilleur comédien : Thierry Fortineau dans Gros-câlin, de Romain Gary. - Meilleur spectacle de création française : Un petit jeu sans conséquence de Jean Delle et Gérard Sibleyras au La Bruyère. - Meilleur spectacle du secteur public : Phèdre de Racine, mis en scène par Patrice Chéreau au Théâtre de l’Odéon. - Meilleur spectacle du secteur privé : Un petit jeu sans conséquence. - Meilleur metteur en scène : Stéphane Hillel (pour Un petit jeu sans conséquence). - Meilleure comédienne dans un second rôle : Annie Sinigalia (dans Poste restante, de Noël Coward). - Meilleur comédien dans un second rôle : Michel Duchaussoy (dans Phèdre, de Racine). - Révélation théâtrale féminine : Valérie Karsenty (dans Un petit jeu sans conséquence). - Révélation théâtrale masculine : Marc Fayet (dans Un petit jeu sans conséquence). - Meilleur auteur francophone vivant : Victor Haïm (pour Jeux de scène). - Meilleur adaptateur d’une pièce étrangère : Pascale de Boysson (pour Le regard, de Murray Schisgal). - Meilleur spectacle musical : Le Quatuor (pour Sur la corde rêve). - Meilleur one-man-show : Shirley & Dino (pour Le duo). - Meilleur décorateur : Jean-Marc Stehlé (pour L’enfant do, de Jean-Claude Grumberg). - Meilleur créateur de costumes : Christian Gasc (pour L’éventail de Lady Windermere, d’Oscar Wilde). - Meilleur créateur de lumière : Dominique Bruguière (pour Phèdre de Racine). Deux Molières d’honneur ont été décernés à Gisèle Casadesus, 88 ans, et au metteur en scène argentin Alfredo Arias.