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THÉÂTRE Un songe qui nous laisse bien songeurs

Depuis le 9 mai, le théâtre al-Madina est devenu le lieu de bien étranges confusions … amoureuses (entres autres) en présentant Le Songe d’une nuit d’été, la célèbre féerie de William Shakespeare, dans une traduction de Jalal Khoury et une mise en scène de Berge Fazlian. Ou, pour être plus justes, devrions-nous dire qu’il s’agit là d’une pièce largement inspirée de la fantaisie de l’auteur de Hamlet. On ne raconte plus Le Songe d’une nuit d’été, délicieuse fantaisie peuplée d’elfes et de fées, d’amants inconstants et de passions inassouvies. Cette petite brise de folie, contrastant avec la noirceur de la majorité de l’œuvre de Shakespeare, peut être jouée sur différents registres : poétique, musical, fantaisiste, burlesque... Assurément, la version proposée par Berge Fazlian et l’Institut Kafaat penche, sans retenue, du côté de la dérision, de l’humour. Un humour que le metteur en scène aurait voulu ravageur, explosif, libéré par le jeu très physique des acteurs et servi par une traduction qui restituerait la grivoiserie shakespearienne. Mais, malheureusement, point de tout cela dans cette version libanisée. Tellement libanisée et vulgarisée qu’on en oublie toute sa saveur originale. Ce que la pièce a perdu en poésie, elle aurait pu le gagner en vitalité communicative. Ce qui aurait pu être un véritable régal (à travers le jeu énergique des acteurs, des costumes magnifiques ou un décor luxuriant) nous laisse le goût d’un snack rapidement avalé. L’ensemble n’est simplement pas convaincant. Comme il aurait été bon de rire avec ces joyeux saltimbanques qui nous auraient emmenés dans une farandole de quiproquos, un labyrinthe de sentiments où chacun finit par se retrouver à la bonne place. Mais on rêve. Là, tout le monde cherche encore. Sa place. On dira que nous posons un regard bien sévère sur le produit d’une école de théâtre. Vrai. Mais, disons-le tout de suite, le défaut ne provient pas du jeu des élèves eux-mêmes (quoi qu’il gagnerait à être plus assuré). Si, dans cette production, qui porte le cachet de deux grandes signatures du théâtre libanais ainsi que de celles de grands comédiens du petit écran et des planches, l’ensemble ne prend pas, c’est qu’il y a anguille sous roche. Une production d’une école de théâtre aurait pu, aurait dû, rester dans son cadre académique. Et ne pas monter sur des planches professionnelles en mettant les billets en vente auprès d’une boîte spécialisée dans les grands événements culturels. Le guichet du théâtre, plus accessible et plus pratique pour les entrées de dernière minute, n’aurait-il pas été plus convenable ? Il reste que ce songe a quelque chose d’un cauchemar. Maya GHANDOUR HERT
Depuis le 9 mai, le théâtre al-Madina est devenu le lieu de bien étranges confusions … amoureuses (entres autres) en présentant Le Songe d’une nuit d’été, la célèbre féerie de William Shakespeare, dans une traduction de Jalal Khoury et une mise en scène de Berge Fazlian. Ou, pour être plus justes, devrions-nous dire qu’il s’agit là d’une pièce largement...