Souhaid : Qui est le parrain ?

M. Farès Souhaid, député de Jbeil et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, a tiré à boulets rouges sur le nouveau gouvernement, mettant l’accent sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour provoquer sa chute dans les délais les plus brefs. « Des changements se produisent dans tout le monde arabe, a notamment déclaré M. Souhaid au cours du débat de confiance. Un gouvernement, le premier du genre, a été formé en Palestine. Une administration est en gestation à Bagdad. Un nouveau gouvernement est attendu à Damas et une Constitution a été approuvée au Qatar. Le temps s’est-il arrêté à Beyrouth pour que le peuple libanais soit sanctionné de la sorte en lui infligeant un gouvernement qui relève d’une ère politique révolue ? Quelle faute le peuple libanais a-t-il commise pour mériter un tel gouvernement ? » Et M. Souhaid d’ajouter : « Pourquoi certains ministres s’obstinent-ils à classer les gens en “Américains et patriotiques” ? Certains ministres justifient la mise à l’écart de l’opposition par le fait qu’il fallait éviter la présence d’une opposition américanisée au sein du pouvoir. Il s’agit là de propos graves, car leurs auteurs insinuent que tous ceux qui sont en dehors du gouvernement sont nécessairement avec les États-Unis. Ces ministres auraient-ils pour but de soutenir les États-Unis en mobilisant les Libanais aux côtés des Américains ? » « Qui a formé ce gouvernement ? s’est d’autre part interrogé M. Souhaid. Nous avons lu dans la presse les propos d’un ministre affirmant que ce gouvernement est né d’un père libanais sous la supervision syrienne. Qui est donc le parrain de ce gouvernement ? S’agit-il du président de la République ou du Premier ministre ? Le premier, à en croire la presse, a dit qu’il n’a pas participé au choix des ministres. Quant au second, il a laissé entendre qu’il avait été le dernier à être informé de la combinaison ministérielle. Pourquoi ce parrain occulte n’a-t-il pas pris en considération les intérêts des ministres incontournables ? L’un des ministres qui veut se donner une dimension exagérée a protesté contre le portefeuille ministériel qui lui a été attribué, estimant qu’il est la cible d’un complot. D’autres ministres incontournables ont préféré, à contrecœur, rester au gouvernement pour satisfaire leurs amis en Syrie. Si nous acceptons le fait que le parrain est occulte, peut-on savoir, au moins, suivant quels critères ce gouvernement a été formé ? » Et M. Souhaid de poursuivre : « Le 27 janvier 2003, nous avions réclamé la formation d’un gouvernement exceptionnel, en prévision des événements en Irak. J’avais alors mis l’accent sur la nécessité d’entreprendre une initiative historique pour ouvrir une nouvelle page dans les relations entre le Liban et la Syrie (...). La formation de ce gouvernement est une erreur historique. Ce cabinet est incapable de réaliser la réconciliation nationale. Il relève d’une période révolue. Il s’agit d’un gouvernement qui est mort-né. Les Libanais n’accepteront plus désormais d’être écartés des prises de position nationales. Ils n’accepteront pas d’être une simple boîte postale entre les États-Unis et la Syrie. » Après avoir réclamé l’application de l’accord de Taëf, M. Souhaid a souligné que l’opposition n’épargnera aucun effort pour provoquer la chute du gouvernement. « Les Libanais, a-t-il conclu, sont capables de gérer leurs propres affaires. Ils sont l’un des peuples les plus évolués, les plus ouverts et les plus mûrs de la région. Ils n’ont de leçons à recevoir de personne. »