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Opinion L’environnement : plus qu’une « question nationale » ... une tragédie nationale !

Par le Dr Sélim ADIB Professeur d’épidémiologie et de santé publique En réponse aux réserves qui avaient été émises par Farès Boueiz après sa nomination au ministère de l’Environnement, ce qui, avait-il dit, l’empêcherait de « traiter de questions nationales » importantes, le citoyen moyen ne peut que s’interroger : D’abord les « questions nationales » importantes ne sont-elles pas traitées par X qui, généralement, n’est pas le ministre en charge ? Il importe peu que le niveau d’intelligence du ministre soit au-dessus de la normale, que ses vues soient larges et la profondeur de son expérience insondable, il ne peut qu’être l’instrument de décisions prises ailleurs. Il est réduit à réciter des litanies à l’occasion des grandes fêtes liturgiques d’un calendrier qui n’est pas le sien. Mais encore, comment M. Boueiz en est-il arrivé à penser que l’environnement n’est pas une « question nationale » importante ? De fait, les problèmes de l’écologie au Liban vont plus loin que la « question nationale ». Ils sont déjà au niveau de la tragédie nationale, s’il faut croire l’évaluation globale de la situation rendue publique l’année dernière par le ministère. Le problème est humain, sociologique et économique. À moins de vivre dans une bulle accrochée à un vaisseau spatial, comment M. Boueiz pourrait-il ignorer la situation ? Nos plages, celles qui n’ont pas encore été comblées par les projets de milliardaires, sont serties de déchets visibles et invisibles. Nos eaux sont polluées dès les sommets par les constructions qui évacuent leurs eaux usées directement dans la nappe phréatique. Les ordures s’amoncellent et leur volume dépasse les capacités des dépotoirs d’ailleurs mal gérés. Nos forêts, nos champs et nos villages sont avalés par un monstre de ciment et d’asphalte. La pollution créée par les gaz d’échappement et la production officielle et officieuse d’électricité « sale » provoque un smog jaunâtre. Ce voile empoisonne Beyrouth et les collines qui la surplombent et, avec les fortes températures de l’été, atteindra les 500 mètres d’altitude. Alors, il n’est pas important, l’environnement, M. Boueiz ? Allez donc le dire aux enfants asphyxiés par l’asthme et couverts d’allergies. Dites-le à tous ceux dont les poumons sont rongés par le cancer et l’emphysème. Mais aussi aux touristes arabes qui n’aimeraient pas « empoisonner » leurs vacances. Ils finiront d’ailleurs par aller à Slenfeh et Zabadani (en Syrie) où, à pollution légèrement moindre, ils payeront trois fois moins qu’à Aley ou Broummana. Allez le dire encore aux hôteliers qui attendront ces touristes en vain. Et, enfin, dites-le aux ancêtres qui nous ont légué ce joyau du Moyen-Orient que nous sommes en train de transformer en un taudis malsain. On espère que M. Boueiz finira par se rendre compte de l’importance nationale du portefeuille qu’il a reçu. Il pourra y faire beaucoup de bien, alors qu’ailleurs, il se contenterait de dire des choses qui ne seraient probablement ni inédites ni utiles. Nos aïeux, nos enfants, vos concitoyens vous observent, M. Boueiz. Bonne chance à l’Environnement.
Par le Dr Sélim ADIB Professeur d’épidémiologie et de santé publique En réponse aux réserves qui avaient été émises par Farès Boueiz après sa nomination au ministère de l’Environnement, ce qui, avait-il dit, l’empêcherait de « traiter de questions nationales » importantes, le citoyen moyen ne peut que s’interroger : D’abord les « questions nationales »...